lundi 18 octobre 2010

Afin de gagner un peu de temps dans les cybercafés, j'ai choisi d´emprunter le pocket pc d'Éleonora et c'est avec lui que j'écris ces quelques mots sous notepad puisqu'il fait gris et qu'il pleut. De plus, la marche d'hier a fini d'utiliser les forces qu'il nous restait d'avant-hier. Je vais donc profiter de ce moment pour développer un peu ce qu'on a pu voir depuis une semaine à la ferme et depuis un mois en Argentine.
 
Choix fermiers
Le travail d'aujourd'hui était de finir de nettoyer les étables qui n'avaient pas étaient nettoyées depuis le printemps dernier et cela n'a pas été une mince affaire puisqu'il y avait environ 60 cm de paille, de bouse et de sciures qui s'étaient accumulées durant l'année passée. On imagine pas comment les vaches peuvent se faire chier. Ce travail comme d'autres me permet d'analyser avec un regard extérieur les choses bonnes ou mauvaises de cette ferme afin de bâtir mon projet d'avenir. Cela concerne autant l'organisation du travail que le choix des bêtes.
La maîtresse de maison a apparemment du mal à joindre les deux bouts si elle veut faire profiter à sa fille de tous les avantages de la vie moderne. A l'équipement de la maison (un lecteur dvd de salon et un de voyage, un ordinateur portable et un pocket pc, deux téléphones portables), je pense que la vie n'est pas vraiment mauvaise ici et chacun mange à sa faim. Cependant, il y a des choses qui peuvent être améliorées si on veut mettre un peu de beurre dans les épinards. Les relations avec elle sont plutôt difficiles (particulièrement le matin) et nous avons du mal à comprendre ce qu'elle désire.
La première chose dont il faut faire preuve est d'un détachement affectif envers les animaux. Ce n'est pas forcément facile et ça l'est sans doute encore plus avec des chevreaux qu'avec des poules ou des canards. Cependant, ne pas pouvoir élever de lapins qui sont un bon apport en viande parce qu'on arrive pas à les tuer est une perte considérable puisque leur alimentation ne représente pas un gros investissement. D'autre part, une régulation de la population des chats dans une ferme doit se faire vite sentir puisqu'à raison d'une bête de plus à nourrir tous les 2 mois, il est possible de passer d'une aide sans commune mesure contre les rongeurs à une nuisance pour soit (il faut surveiller qu'ils ne chapardent pas à longueur de journée) et les voisins, cela devient plus dur encore si les chats ne se nourrissent pas de leur chasse. Je ne parle pas forcément de l'école de la mer comme disent nos amis lettons mais d'une régulation. Et je ne parle pas d'Alessandro qui remplirait une bonne casserole...

De la situation actuelle du pays
La vie chez l'habitant n'a pas son pareil pour s'imprégner de la culture et pour sonder un peu le pays. Les discussions au dîner sont aussi très enrichissantes même si elles sont encore un peu limitées par mes trop faibles progrès en Argentin et l'humeur du jour d'Eléonora. L'Argentine a connu au cours de son histoire, une succession de gouvernements qui ont pour certains enrichi le pays alors que d'autres l'ont menée à la ruine. Le dernier gouvernement qui a appauvrit le pays et l'a poussé à faire appel au FMI a été celui de Menem. Ce dernier a fait une grande place à l'affairisme de toute sorte et à la cooptation. On retrouve dans ses agissements des similitudes avec celui que la France a à l'heure actuelle où la part belle est donnée à ce qui en ont le moins besoin (bouclier fiscal) au détriment des autres (destruction des acquis sociaux un par un). Des liens douteux avec des pays jugés terroristes (notamment la Syrie...) qui ont conduit à l'assassinat (c'est du moins ce que pense les locaux) d'un des fils du président. On retrouve aussi une confusion entre les biens publics et privés du président (l'histoire de l'avion présidentiel a un antécédent ici)... Eleonora m'a fait comprendre qu'il ne fallait pas longtemps à un gouvernement décidé pour appauvrir un pays au profit des plus riches. La présidence de Cristina semble devoir mettre un point d'arrêt à cela et passe par un développement des infrastructures de communications, éducatives et des hôpitaux mais également par l'instauration d'un minimum retraite pour les ouvriers agricoles payés au noir pas forcément de leur propre grès. Cela n'est évidemment pas du goût de la caste qui dirige le pays et qui possède la majeure partie des terres et du sous-sol. Aussi, elle n'apparaît que peu sur les télés privées et dans les journaux du pays ou alors pour être vertement critiquée. En n'ayant passé qu'un mois ici, je suis obligés de croire ce que les locaux me disent et c'est déjà la troisième à me le dire. D'autre part, je suis obligé de constater qu'il y a effectivement des routes et des écoles en constructions, l'ouverture de petits centres hospitaliers et des travaux d'aménagement pour l'accès des bâtiments publics aux personnes en fauteuil roulant. Ces discussions sont possibles car je pense que les argentins sont très politisés de manière générale et ont plusieurs exemples dans leur histoire où la rue a eu le pas sur le gouvernement et un passé de restriction de liberté de pensée qui a moins d'une génération. Les gens qui encensent Kirchner le font également pour Evo Moralès.

Le passé
L'Argentine s'est révolté contre l'occupation espagnole le 25 mai 1810 portée par la jeunesse. Cette révolution a été entretenue par des généraux qui se sont battus sur tous les fronts et des rues ou des villes d'importance portent aujourd'hui les noms de San Martin, Guëmes, Belgrano... L'indépendance date du 9 juillet 1816.
Les non-latino-américains sont appelés Gringos (serait une abréviation de Green go home -kaki rentre chez toi- lancé par les centraméricain aux militaires nord-américains) dans leur large majorité avec des traitements de faveurs pour les latino-européens. Ils n'oublient pas qu'ils sont pour la plupart issus des Gallegos (espagnols en grande partie de Galice) et des Tanos (Italiens en grande partie de la région de Naples) et dans une moindre mesure des Français même si on voit des Chevallier, Champenet... Une autre partie de la population est native du continent américain mais a subi des déportations de leurs régions vers la capitale quand elle était récalcitrante à la vraie vérité européenne. La région de Salta (au nord-ouest à la frontière avec la Bolivie) et celle de Missiones (Nord, encerclée par le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay) sont celles qui en compte le plus parmi celles que nous avons visité.
Si les généraux de la révolution et de l'indépendance sont des héros nationaux, une autre partie du passé militaire de l'Argentine n'est pas abordé ou du moins pas ouvertement avec les Gringos. Il s'agit de la plus récente. Les mères et les grands-mères de la place de mai sont toujours là et notre intérieur comprend des photos de l'une d'entre-elles mais le sujet étant sensible, les informations que j'en ai sont celles d'internet et du film "La historia official". L'appartenance des Malouines à l'Argentine n'est pas un fait discutable ici et une compagnie de bus n'hésite pas à le rappeler en faisant figurer le slogan "Les Malouines resteront toujours argentines" à côté d'un portrait de Che Guevara (mais où va la révolution cubaine?)
Les différentes tentatives de l'Amérique du Nord (principalement les Etats-Unis) pour s'approprier la partie sud du continent ne sont pas effacées (et elles semblent devoir persévérer autant de temps que ces tentatives ne prendront pas fin). Si le terme Gringo est donné plus affectueusement aux européens du nord, il est parfois utiliser pour faire sentir que certains états-uniens ne sont pas les bienvenus ou que ça ne dérangerait pas de les voir partir.

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