vendredi 3 décembre 2010

Ca se mérite

Une légende Mapuche dit que les Alerces sélectionnent les humains qui peuvent les approcher. Il semble que nous en soyons. 
Nous avons visité Puerto Montt et Puerto Varas il y a déjà une semaine... La ville de Puerto Montt est un port dont l'industrie piscicole basée sur le saumon est mise à mal par un virus qui affecte les poissons. Du coup, les habitations changent beaucoup d'une rue à l'autre et certaines ne sont vraiment pas recommandable aux gringos. Nous avions pour nous accueillir un argentin ayant émigré en Chine puis au Pérou avant de venir vivre au Chili. La couleur locale dont se prévaut parfois le Couchsurfing n'était pas au rendez-vous mais la rencontre fut très intéressante. Nous avons également rencontrés deux grenoblois qui ont presque fini leur voyage en Amérique du Sud chez lui et les deux soirées ont été sympa dont une qui a commencé à Puerto Varas au bord du lac cerclé par les volcans. Nous sommes partis vers l'entrée du parc de l'Alerce Andino avec un peu de fatigue que nous comptions faire passer sous la tente dans un camping la première nuit. 
Le bus est loin de ce qui se trouve sur les grands axes argentins ou chiliens. Il ne dessert que quelque localités entourant le parc national et est donc peuplé de locaux, là où les bus de grandes lignes sont remplis de gringos. Le tarif est lui aussi complètement différent. Arrivés sur l'aire de camping, nous essayons de trouver la personne à qui nous devons payer l'entrée mais nous ne trouvons personne. Nous nous installons quand même selon les conseils d'un autochtone sur un site entouré d'arbres avec quelques boutons d'or au centre. La journée est magnifique et nous profitons pleinement du soleil. Bien nous en a pris...
Il s'est mis à pleuvoir dans la nuit et le matin la tente mais également les chaussures qui touchaient le double toit sont trempés. Nous attendons une éclaircie pour faire sécher et plier les affaires mais une fois que nous sommes prêts à plier la tente, nous sommes pris sous une nouvelle averse. Ce doit être la malédiction de l'Alerce. Qu'à cela ne tienne, nous allons attendre un jour de plus et fêter dignement l'anniversaire de Nora avec un bon thé et un gâteau. C'est sans doute un anniversaire dont elle se souviendra puisqu'elle l'a célébré autour du feu avec une marguerite et aux portes de l'été. Entre temps nous avons rencontré le garde-parc et essayer d'acheter une bouteille de vin dans le village de Correntoso qui nous a permis de découvrir une bibliothèque avec un accès à internet Bill Gates comme celle de Penkule, une église en bois et des magasins loin de tout ce qu'il est possible d'imaginer. Nous ne trouvons pas de vin, ni de viande mais avons fait une belle visite et trouvé du pain frais.
Le jour suivant, le soleil a complètement disparu mais nous avons eu le temps de faire sécher la tente pour partir. Nous partons donc vers l'entrée du parc pour aller marcher vers les Alerces. Nous sommes pris en stop par un camion transportant des ruches qui est prêt à nous conduire jusqu'à l'entrée du parc si nous sommes prêts à monter à l'arrière du camion avec des protections. L'Alerce nous appelle. Une fois à l'entrée du parc, nous apprenons que les fonctionnaires sont en grève pour 48 heures et que nous devons entrer à nos risques et périls. Nous lui signifions que nous avons prévu un retour pour jeudi mais que nous avons des vivres pour un jour et demi supplémentaire. Le chemin est glissant à cause de la pluie récente et des vieilles planches qui servent de passerelles au-dessus des cours d'eau et des marécages. Après une heure et demi de marche nous arrivons aux premiers Alerces millénaires mais notre but est d'atteindre un camp de base qui nous permettra d'accéder aux Alerces multi-millénaires. Nous passons tant bien que mal un torrent dont le pont a été emporté par la fonte des neiges et les pluies du printemps et arrivons assez vite au pied d'un géant de 2500 ans et d'un de ses frères de 3000 ans. Enfin, après avoir traversé un marécage sur des troncs, nous arrivons enfin au lieu de camp.
La nuit est humide mais comme nous ne devons rien plier, cela ne nous gène pas outre mesure pour partir voir le but de notre voyage qui s'appelle la cathédrale de Alerces. La légende frappe à nouveau. La pluie accélère au fur et à mesure que nous approchons du but. Nous sommes obligé par une petite crue de traverser un torrent en faisant du saut à la perche. Le chemin devient de plus en plus humide et la boue fait souvent place à de grosses flaques qu'il faut contourner. Après deux heures de marches au milieu des bambous, des fougères, des Alerces et d'autres essences de la forêt locale, nous arrivons au pied d'un groupe d'arbres gigantesques dont les plus maigres font deux mètres de diamètre. Nous prenons le chemin qui monte vers les plus vieux. La pluie devient encore plus drue et augmente en intensité jusqu'au moment où nous arrivons au pied d'un arbre faisant près de 5 mètres de diamètre et une soixantaine de mètres de haut. La pluie est battante et la prise de vue est difficile. Nous avons quand même clichés qui montre la grandeur du tronc mais toutes les photos de loin s'avèrent impossible. C'est la malédiction de l'Alerce, si on veut le voir, il faut le mériter. Alors que nous sommes réellement trempés, nous entamons la redescente. Les ruisseaux et flaques nourris par la forte pluie ont encore grossis. Nous espérons que le retour au campement sera possible mais nous retrouvons vite bloqués par le ruisseau qui avait nécessité nos compétences en athlétisme. Après une heure d'efforts infructueux de Nora pour trouver un passage en amont et des miens pour débloquer les troncs qui ont fait un barrage depuis notre premier passage, j'aperçois une racine qui traverse le ruisseau en aval de la cascade et un peu avant la confluence avec la rivière qui draine la vallée. Nous avons encore une fois déjoué la malédiction de la légende Mapuche. Nous arrivons au camp et tombons de fatigue après une petite soupe.
Le lendemain, le soleil semble vouloir gagner et le pluie a plus ou moins cesser durant la nuit. Nous avons cependant peur que le torrent traversé le premier jour avec les moyens du bord et le marécage ne soient plus praticable mais le soleil gagnant encore, nous sommes surpris de pouvoir traverser si facilement et arriver en deux fois moins de temps que ce qu'il nous avait fallu pour rejoindre l'entrée du parc. Nous redescendons dans la vallée à pied et quelques minutes après m'être convaincu de changer de chaussettes pour avoir les pieds plus au sec, un camion nous embarque dans le compartiment arrière jusqu'au village où le soleil brille. Nous avons vaincu la malédiction de l'Alerce.
Nous sommes arrivés en bus à Puerto Montt où nous restons dans une auberge familiale un peu sur les hauteurs de la ville.
La légende Mapuche est une invention mais les éléments étaient tellement contre notre progression que nous aurions pu y croire si on nous l'avait raconté avant.
Deux volcans au loin...

Début de soirée

L'église de Correntoso

Nora a soufflé une branche

En route pour les grands espaces

Une partie du chemin

La gourde fait 1,5 litre

Un pont qui n'inspire pas forcément confiance mais qui se passe bien

Comme vous ne pouvez pas le voir à cause du poncho et de la taille de l'arbre, j'ai perdu du poids

mais je n'ai pas rétréci

Je suis devenu gardien d'alerce et je vous le dit : "vous ne passerez pas"
Ici, la saison invite plus à célebrer Ligo et je cherche donc des fleurs de fougères avec Nora. Sur cette photo, j'en tiens une grosse...

2 commentaires:

  1. Alain lecteur assidu3 décembre 2010 à 15:03

    Excellent !

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  2. Ça c´est dla randonnée, vous faites pas semblant !!! On espère que vous allez avoir un peu plus de chance a l´avenir, mais bon vous avez quand même vaincu la légende Mapuche.
    Chiloé, pour notre part, c´est magnifique. Que le vaya super bien chicos, muchas suerte y see you soon!
    Los Hermanitos grenoblos

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