mardi 28 décembre 2010

Le Gasolinazo vu de Sucre : vers une grève générale en Bolivie ?

Le gouvernement Bolivien vient d'annoncer la suspension des subventions destinées à maintenir les prix de l'essence particulièrement bas depuis 6 ans. Il en a résulté une augmentation de 57% de l'essence et de 82% du diesel. Cette subvention était à double tranchant puisque d'un côté elle permettait de conserver des prix bas pour les gens les plus modestes, encore que ceux-ci ne soient pas doter de voiture particulière mais d'un autre côté elle encourageait la contrebande avec les pays voisins où l'essence est faiblement taxée et décourageaient les compagnies pétrolières intéressées pour exploiter les gisements boliviens. En effet, le baril était maintenu à un prix virtuel de 27US$ sur le marché bolivien alors qu'il s'échange autour de 93US$ sur les marchés internationaux. Les aides accordées coûtaient 380 millions de dollars américains (287 millions d'euros) que le gouvernement entant bien utiliser de différente manière. Le vice-président Alvaro Garcia Linera a estimé que cet argent devait rester en Bolivie plutôt que de s'échapper vers le Pérou, le Brésil, l'Argentine ou le Chili.

Cependant, les marchands et transporteurs privés n'ont pas hésité à augmenter les prix aux particuliers de 25% à 100% en laissant entendre que cela est dû à la hausse subite des prix du pétrole. Hors, il faut relativiser même dans le cas du transport, l'achat de carburants ne représente pas 50%. Même dans ce cas, l'augmentation justifiable peut atteindre 41%. Les habitants de Sucre se sont donc retrouvés au supermarché dimanche soir pour faire main basse sur le pain, l'huile et les autres produits qui font l'objet razzia lors de blocage du transport routier en France aussi. L'autre conséquence a été d'énormes files d'attente aux stations-services.
Les nouveaux prix ne reflètent pas la véritable augmentation du coût qui se situe autour de 7% pour la majorité des produits et autour de 25% pour le transport selon Luis Arce, ministre de l'économie.
File d'attente à une station service
de Sucre

La Central Obrera Boliviana (centrale ouvrière bolivienne) a annoncé, par la voix de son secrétaire général de Felipe Machaca la tenue d'une réunion exceptionnelle hier soir à La Paz et des assemblées consultatives des différents regroupement locaux pour voir comment faire abroger la loi qu'elle juge à l'encontre des plus démunis et particulièrement des chômeurs.
De son côté, Daniel Sanchez, président de la Confédération des Entrepreneurs Privés de Bolivie, a jugé qu'il s'agissait là d'une recette du FMI qui pousse à augmenter les prix du pétrole.
Pour l'heure, à Sucre, les voies de transport routier sont bloqués par une grève générale et illimité dans le transport routier. Ce blocage ne semble pas s'être étendu au secteur aérien où une majorité de vols sont assurés mais l'appel à la grève générale pourrait être émis entraînant un blocage total du pays.

Article sur la politique énergétique de la Bolivie

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