dimanche 7 octobre 2012

Puno, îles Uros, Copacabana

Je disais donc avant que le bus ne reprenne sa route après avoir passer la frontière que les trains étaient chers et que nous nous étions réveillés hier dans des magnifiques paysages qui sortent complètement de l'ordinaire. Je pense que le summum est la Laguna Lagunillas qui est entourée de montagnes et dont les eaux reflètent le ciel.
L'arrivée à Puno est beaucoup moins enivrante si on fait abstraction du lac Titicaca sur les rives duquel la ville est assise. La plupart des constructions ne sont pas terminées et des tiges de métal plus ou moins longues pointent vers le ciel du premier étage en attendant d'être prises dans le béton pour former le second. Je ne sais pas si c'est une technique identique à la Grèce qui permet de s'affranchir de l'impôt foncier ou si simplement les gens n'ont pas suffisamment d'argent pour construire la maison dessinée par l'architecte. A la vue du nombre de maisons et d'immeubles en général non-terminés, j'opterais plus facilement pour la première solution.
Nous avons trouvé un hôtel sympa à deux pas de la Plaza de Armas qui s'appelle Taika dans lequel il y avait accès à la cuisine. Nous avons ensuite profité de l'après-midi pour faire une des attractions clefs de Puno que sont les îles flottantes Uros. Nous avons donc pris le bateau avec une grosse dizaine de touristes sud-américains, ce qui a de quoi surprendre quand on sait que Puno est la capitale touristique péruvienne du lac Titicaca. Cela ne nous change pas trop puisque depuis peu, on évolue surtout avec des gens du coin. Les îles sont construites sur des concrétions de joncs flottantes qui doivent être renouvelées tout les vingt jours environ. Le guide nous présente les méthodes de vie ancestrales et actuelles de cette communauté qui vivait en grande partie de la pêche dans le lac avant que les saumons et les truites ne soient introduits et dévorent les petits poissons du lac qui n'a aucune connexion à la mer. L'isolement de cet écosystème a fait que comme pour Iguaçu, les poissons y sont plus petits que dans les rivières connectés à la mer ou à l'océan et propice à leur remonté par les saumons, les truites et d'autres poissons plus gros et carnivores. La reconversion passe surtout par le tourisme. Nous, gringos, avons droit à un traitement spécial puisque nous sommes invités dans la cabane du président des Uros qui faisant suite aux lamentations du guide sur la difficulté de vivre sur des îles flottantes, nous fait un speech sur le canevas que sa femme met vingt-et-un jour à faire et qu'il nous vendra moitié prix parce qu'on est pas nord-américains ou allemand. Heureusement que les nord-américains nous ont libérés des allemands sinon on se retrouverait à payer le prix fort dans les pièges à touriste. Je lui explique calmement que mon sac est déjà assez lourd sans y mettre des babioles qui ne me serviront pas beaucoup en cas de randonnée en autonomie mais il insiste. Ce cinéma exaspérant durera une petite vingtaine de minutes pendant lesquelles nous n'avons rien vu de la vie sur ces îles. C'est en faisant gentiment le forcing avec une argentine et une péruvienne que nous pouvons retarder un peu le moment du départ vers l'île « caféteria ». Au début, nous aurions bien pris leur barque en jonc pour deux euros trente mais après l'épisode de « t'es un gringo donc tu casques », on avait moins envie. Les péruviens et les argentins ont aussi été un peu exaspérés par ce traitement spécial. Ce n'est pas qu'ils avaient envie de se faire harceler mais qu'ils trouvent que ça donne une mauvaise image au pays en général. Nous avons profité de la soirée pour boire un peu de bière dans le patio de l'hôtel et se reposer après la nuit de bus.
Ce matin, alors que rien ne le laisser présager est arrivé une chose presque incroyable. Dans le bus qui devait nous amener vers la ville bolivienne de Copacabana, nous nous sommes assis en discutant de n'importe quoi. Tout d'un coup, Nora me dit : « Domaju ka to pari ir no manas tautas ». Je trouve un peu absurde qu'elle parle en letton d'un couple assis juste à côté de nous s'ils sont effectivement letton mais ne me formalise pas puisque nous avons l'habitude d'utiliser cette langue quasi-secrète pour parler des gens autour de nous. Au fur et à mesure, l'impression se confirme et nous sommes assis à côté des seuls lettons qu'il nous ait été donné de rencontrer durant tout le temps passé en Amérique du Sud. Ils auraient pu s'assoir au fond du bus et nous ne serions jamais parlé mais là, ils étaient assis juste à côté et on a pu taper la causette durant une bonne partie du trajet. Enfin, surtout Nora car dès que j'ouvrais la bouche je mélangeais un peu le letton et l'espagnol. Le passage de la frontière a été long comme d'habitude mais cela m'a permis de refaire un peu le retard que j'avais dans la tenue de mon carnet de voyage.
Demain, nous avons prévu de prendre le bateau pour aller sur la Isla del Sol et camper dans ce lieu sacré des Incas puisque les premiers d'entre eux sont sensés être nés du soleil et de la terre sur cette île. Nous camperons normalement là-bas et rentrerons après un petit passage par la Isla de la Luna à Copacabana pour prendre un bus pour La Paz.

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