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vendredi 31 décembre 2010

On en a eu pour notre argent

En partant de Sucre à deux fois le prix habituel, on se disait que c'était un peu cher et qu'on aurait peut-être du attendre une accalmie dans la grève qui touche le pays avant de se décider à bouger. Finalement, le programme était au niveau du prix du voyage.
Tout a commencé par une visite du marché campagnard de Sucre du haut d'un bus panoramique où des acteurs faisaient semblant de traverser juste devant le bus au péril de se faire écraser. Nous avons ensuite remonté la route de Potosi pour nous retrouver rapidement en altitude où la deuxième attraction du voyage nous attendait. La ville d'Oruro étant bloquée par les manifestants (sans doute des acteurs payés par la compagnie), nous avons du faire un détour à travers les champs et les marécages. Ca bouge mais nous sommes un peu jaloux car nous voyons que tous les bus font de même. C'est difficile d'avoir l'exclusivité dans le tourisme sud-américain. Les occupants d'un bus sont même plus chanceux car leur compagnie a réussi à faire croire que le bus s'était embourbé. Notre jalousie envers eux ne sera pas longue car une dizaine de minutes plus tard, notre bus est bloqué et nous devons descendre pour permettre au bus de perdre du poids. Cela n'aide pas beaucoup car pour faire durer le plaisir, notre chauffeur a eu l'idée qu'on parfois les russes (mémoires de mon voyage en Russie) de faire patiner le véhicule. Le bus est donc enfoncé dans le gravier entre les deux essieux et les autres touristes sans doute morts de jalousie sont obligés de passer à côté en n'ayant pour seule consolation que la photo des trois membres de notre équipage en train de creuser le sol sous le bus. Après une demi-heure d'efforts auxquels nous avons eu le droit de participer, nous avons donner une pousse au bus en coordination avec une accélération effective et nous sommes repartis. Nous avons du redescendre une fois du bus pour un passage difficile à négocier et nous avons pu nous rendormir jusqu'à Patacamaya où des manifestants faisaient semblant de nous empêcher de passer en nous gueulant des choses pas vraiment gentilles enfin surtout à notre chauffeur. En truquant un peu le code de la route, nous sommes parvenus jusqu'à El Alto mais après que notre chauffeur a passé habilement deux barrages, il a du se rendre et céder aux manifestants. Nous avons donc rejoint l'entrée de La Paz à pied où nous sommes montés dans un camion de l'armée dans lequel s'entassaient les travailleurs habitant la cité-dortoir d'El Alto. Les militaires étant des gens organisés, nous attendions en file indienne (ou devrais-je dire quechua) notre tour dans le convoi. Nous avons ensuite cherché un hôtel et le calme du centre-ville était épique puisqu'à cause des barrages filtrants, il n'y avait aucune voiture en ville. Le calme fut vite troublé par les manifestations mais à deux ou trois pétards près on arrive au niveau français.
Première attraction : descente des bagages à la corde

L'excavation

Les travailleurs pressés et le barrage en fond

L'entrée dans le camion baché cernés de militaires nous a fait penser aux heures les plus sombres de l'histoire européenne

La grève continue en Bolivie

Les déclarations du président Evo Morales étaient attendues par les différentes organisations ouvrières et syndicats de transporteurs en espérant qu'il mettrait un point d'arrêt à l'ordonnance qui annule les subventions sur l'essence. Ce ne fut pas le cas. Il a non seulement appuyé cette loi mais il a aussi fait un geste en direction des fonctionnaires de la police, de l'armée, de l'éducation et de la santé. Les réactions ont été fortes dans la capitale et la cité-dortoir de El Alto mais aussi à Santa Cruz et Potosi. Les enseignants et le personnel de la santé ont promis qu'ils ne se désolidariseraient pas de leurs concitoyens malgré le rehaussement du salaire minimum de près de 20% alors que l'armée et la police qui ont bénéficiaient des mêmes largesses étaient pris pour cible par les manifestants. Ces derniers n'ont pas hésitaient à affirmer qu'il s'agissait là d'un cadeau afin de leur donner plus d'ardeur dans la répression. Ce que nous avons vu ne nous permet pas d'affirmer que la répression policière soit évidente et les militaires s'affairent à protéger et acheminer les travailleurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se permettre la grève. Nous avons par contre eu l'occasion de voir des manifestant s'en prendre à des automobilistes qui voulaient aller travailler et invectiver les chauffeurs de bus ne faisant pas grève.
Les médias sont partagés sur l'utilité d'une telle mesure. Ce qui la trouve justifiés pensent par contre qu'il aurait été bon d'échelonner les augmentations de l'essence.
Après réflexion, je pense qu'il est possible d'exploiter les ressources en hydrocarbure du sol bolivien et de les vendre à juste prix aux locaux. Le choix de vouloir aligner l'essence sur le marché international qu'on sait spéculatif va un peu à l'encontre de la politique d'Evo Morales et c'est ce que pense les boliviens interroger par les différentes télévisions sans pouvoir l'exprimer de manière aussi claire.

mardi 28 décembre 2010

Le Gasolinazo vu de Sucre : vers une grève générale en Bolivie ?

Le gouvernement Bolivien vient d'annoncer la suspension des subventions destinées à maintenir les prix de l'essence particulièrement bas depuis 6 ans. Il en a résulté une augmentation de 57% de l'essence et de 82% du diesel. Cette subvention était à double tranchant puisque d'un côté elle permettait de conserver des prix bas pour les gens les plus modestes, encore que ceux-ci ne soient pas doter de voiture particulière mais d'un autre côté elle encourageait la contrebande avec les pays voisins où l'essence est faiblement taxée et décourageaient les compagnies pétrolières intéressées pour exploiter les gisements boliviens. En effet, le baril était maintenu à un prix virtuel de 27US$ sur le marché bolivien alors qu'il s'échange autour de 93US$ sur les marchés internationaux. Les aides accordées coûtaient 380 millions de dollars américains (287 millions d'euros) que le gouvernement entant bien utiliser de différente manière. Le vice-président Alvaro Garcia Linera a estimé que cet argent devait rester en Bolivie plutôt que de s'échapper vers le Pérou, le Brésil, l'Argentine ou le Chili.

Cependant, les marchands et transporteurs privés n'ont pas hésité à augmenter les prix aux particuliers de 25% à 100% en laissant entendre que cela est dû à la hausse subite des prix du pétrole. Hors, il faut relativiser même dans le cas du transport, l'achat de carburants ne représente pas 50%. Même dans ce cas, l'augmentation justifiable peut atteindre 41%. Les habitants de Sucre se sont donc retrouvés au supermarché dimanche soir pour faire main basse sur le pain, l'huile et les autres produits qui font l'objet razzia lors de blocage du transport routier en France aussi. L'autre conséquence a été d'énormes files d'attente aux stations-services.
Les nouveaux prix ne reflètent pas la véritable augmentation du coût qui se situe autour de 7% pour la majorité des produits et autour de 25% pour le transport selon Luis Arce, ministre de l'économie.
File d'attente à une station service
de Sucre

La Central Obrera Boliviana (centrale ouvrière bolivienne) a annoncé, par la voix de son secrétaire général de Felipe Machaca la tenue d'une réunion exceptionnelle hier soir à La Paz et des assemblées consultatives des différents regroupement locaux pour voir comment faire abroger la loi qu'elle juge à l'encontre des plus démunis et particulièrement des chômeurs.
De son côté, Daniel Sanchez, président de la Confédération des Entrepreneurs Privés de Bolivie, a jugé qu'il s'agissait là d'une recette du FMI qui pousse à augmenter les prix du pétrole.
Pour l'heure, à Sucre, les voies de transport routier sont bloqués par une grève générale et illimité dans le transport routier. Ce blocage ne semble pas s'être étendu au secteur aérien où une majorité de vols sont assurés mais l'appel à la grève générale pourrait être émis entraînant un blocage total du pays.

Article sur la politique énergétique de la Bolivie