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jeudi 25 octobre 2012

On ne voit bien qu'avec les yeux...

Vue du premier col

Il y a des choses qui ressortent bien en photos et d'autres choses qu'il faut voir de ses yeux. Malgré le nombre de tentatives de capturer ce paysage, je n'y suis pas arrivé. Je vais donc essayer de vous le décrire. Cela s'est passé hier après-midi entre La Union et Huaraz.
Cela fait une petite heure que je dors en écoutant Noir Désir quand je me réveille. Nous avions au départ suivi le fond d'un canyon et nous étions maintenant bien au dessus de la vallée dans laquelle nous nous trouvions. Par la fenêtre, j'aperçois des sommets enneigés et autour, des petites landes où l'herbe rase survit aux températures nocturnes et au vent. « L'Europe » rythme le moment. Le bus continue de monter et chaque tournant révèle un peu plus le sommet près duquel nous allons passer le col. Le sommet est sous les neiges éternelles mais les flancs près de celui-ci sont couverts de neige fraîche. Plus bas, sous le niveau de neige, on voit très bien les couches sédimentaires qui ont été pliées dans tous les sens pour donner naissance à ce pic. Malheureusement, la saison humide arrive et les nuages occultent les autres sommets qui n'ont pas tardé à apparaître également. Nous passons le col et descendons suivons une nouvelle vallée. Près du col, il y a un élevage dont la maison est construite en pierre et le toit en chaume. L'éclat d'or du toit et les sommets qui se découpent en fond feraient facilement penser à un paysage de Skyrim.
La lande et les montagnes en fond
Le bus descend encore un peu et s'arrête près d'une mine pour embarquer trois nouveaux passagers puis prend une route à droite qui remonte légèrement au début mais devient de plus en plus raide au fur et à mesure qu'on approche du col. La musique est maintenant l'album « Animals » de Pink Floyd mais je n'y prête que peu attention. Ce qui m'importe vraiment est de découvrir ce qu'il y aura une fois le col passé. Les derniers kilomètres sont particulièrement pentus mais cela ne fait que rajouter au suspens dans lequel je me trouve. J'imagine d'autres montagnes mais pas ce que je vais découvrir. Je dois attendre encore un peu car au col, la route se divise et nous nous arrêtons près d'un lieu où une femme crie qu'elle vend des fromages. Le bus repart et le paysage qui est révélé est surprenant et presque magique. Il s'agit d'une immense lande un peu comme l'Aubrac mais dont les frontières sont marqué par des pics enneigés dont je sais que certains culminent à plus de 6000 mètres d'altitude. 
Une autre tentative mais c'est difficile
surtout que les vitres ne sont pas propres
J'essaye de prendre des photos de part et d'autre du bus et je sens bientôt que malgré l'habitude que j'ai des hauteurs, les souffles doivent se faire plus profonds. Je ne sais pas exactement à quelle altitude nous sommes mais probablement aux alentours de 4500 mètres. La lande se révèle au fur et à mesure aussi, tachée de vert aux endroits les plus humides et d'une couleur jaune ocre pour le reste. Quelques élevages coupent l'uniformité de cette lande et j'imagine que la vie ici ne doit pas être simple. Une lagune se trouve au point le plus bas du plateau et la plupart des ruisseaux s'y jettent sans jamais atteindre la mer. Nous passons un nouveau petit col où se trouve une pesée de véhicules lors de laquelle trois marchandes montent dans le bus. Le fromage me fait envie et je craque pour 500 grammes à un euro. Nous le mangeons dans le bus et sans accompagnement. Pendant ce temps, le bus suit toujours la cordillère blanche. Les sommets sont pour la plupart dans les nuages mais le paysage est toujours magnifiques mêmes si de plus en plus de mines bordent la route. Je comprends maintenant pourquoi elle est goudronnée.
Je me suis rendormi avant d'arrivé à Huaraz et nous nous dirigeons vers un hôtel qui est sensé avoir le wifi, une cuisine et des chambres confortables. Il s'appelle Caroline Lodging et n'est pas simple à trouver surtout avec une carte de Lonely Planet qui n'est pas forcément très précise.
Aujourd'hui sera un jour glandouille car Nora est un peu malade et on veut garder des forces pour quelques jours de marche du côté de Corongo où nous devons rejoindre Carola et Eilif. Il semble qu'il y ait beaucoup à faire là-bas aussi mais avec les touristes en moins. Nous avons donc pris notre billet de bus pour le village car il n'y en a que deux par semaines et nous avons fait le marché qui lui aussi valait le détour.
Il faut s'imaginer un endroit où vont les locaux et où les systèmes de réfrigération ne sont pas obligatoires. Il y a donc des étals avec une quinzaine de poulets pendus à un crochet de boucher miniature, un autre avec une trentaine de cuy pelés, un suivant avec une dizaine de cochons pelés et un grillé mais aussi des primeurs dont le choix défit toute concurrence dans une bonne partie du monde, des épiceries où l'on peut choisir la quantité de riz, de farine, de quinoa ou de maïs dans un grand sac de jute et je passe les quincailleries en tout genre qui bordent les allées. Il est à l'image de nombreux marchés des Andes mais je n'en avais encore jamais parlé. Il est souvent déconseillé dans les guides aux voyageurs de s'aventurer dans les marchés mais pour y avoir été un bon nombre de fois, nous n'avons jamais eu de problème et les gens sont même nettement plus sympathiques que dans les boutiques réservées aux touristes et qui sont aussi plus chères. Cela dit, je n'achèterai pas de viande dans un marché.
On voit bien les plissures

Un village de Bordeciel

La laguna 

mercredi 24 octobre 2012

Voyage au bout de la nuit

Les élevages de poissons de Rio Bertha

Cette année, nous prenons les chemins de traverse et alors que tout le monde nous conseiller le voyage à Huaraz car moins cher et plus rapide, nous n'en avons fait qu'à notre tête et nous avons gagné de l'argent et du temps.
La communauté du Rio Bertha n'étant plus aussi accueillante qu'elle l'a été, nous avons décidé de partir le jour même pour Corongo. La chaleur et l'humidité ont eu fini de nous convaincre. Nous avons quand même bien buller avant de partir du bungalow et le trajet en moto-taxi a coûté une lanière à mon sac. 
Le bungalow
Il y a deux compagnies qui vont vers Huanuco d'où nous espérons avoir un bus vers Huaraz, nous choisissons les sièges première classe dans le bus le plus confortable pour pouvoir dormir et essayons de naviguer un peu sur internet dans un cyber de la ville. La vitesse est plus que lente et nous décidons d'en changer mais nous nous avalons entre temps un litre chacun de jus d'ananas fraîchement pressé. Le second cyber fonctionne un peu mieux mais nous sommes obligé de rester une heure pour des choses qui aurait pu durer quinze minutes s'il n'y avait pas eu trente pc sur la même connection. Une fois nos sites regardés et nos messages envoyés, nous retournons vers le terminal de bus flambant neuf.
Elle fait la taille de la main de Jordan
Le bus a du retard, près d'une demi-heure mais bon, nous sommes habitués maintenant. Le chauffeur va ensuite passer son temps à essayer de récupérer celui qu'il a perdu. La conduite rallye d'un bus de deux étages ne m'empêche pas de dormir et je me réveille qu'une fois.
Arrivés à Huanuco, le traditionnel harcèlement des chauffeurs de taxi commence avec en ligne de mire le concours du meilleur menteur qui m'énerve encore plus que le harcèlement. C'est désolant d'avoir à demander confirmation d'une information à un autre voyageur dès qu'on vous en donne une. Nous demandons par exemple à quelle heure part le bus pour La Union et s'il y a des bus pour Huaraz. On nous avait affirmé qu'il y avait des bus pour Huaraz et il n'y en a pas, ensuite, l'heure de départ du bus pour La Union est de plus en plus éloigné au fur et à mesure qu'on comprend que des taxis font aussi le voyage. En définitive, le bus part à 7h du matin et prend 5h. Si on veut être à l'heure pour le bus pour Huaraz, c'est trop tard à moins de prendre celui du soir qui arrive après minuit à destination. Il nous a fallu près d'une demi-heure pour avoir ces deux informations et en être sûrs (pour les horaires de bus, nous les avons appris sur place).
Après une conduite rallye dans une voiture cinq places avec six passagers et autant de sacs, nous sommes arrivés dans la petite ville de la Union. Malgré la conduite exécrable, méchante et dangereuse de l'espèce de connard qui servait de chauffeur, nous avons pu apprécier les paysages exceptionnels de la cordillère. Nous sommes passé dans des villages andins typiques où l'agriculture se fait à l'aide de boeufs et dont les environs sont chargé de l'histoire des Andes. C'est dans cette région que la première civilisation andine a vu le jour, laissant derrière elle un témoignage de sa maîtrise de la pierre dans le Huatar de Chavin. Il y a peu de chances que nous allions le visiter puisque notre route nous dirigent maintenant vers Corongo où résident Eilif et Carola puis vers l'Equateur où nous ferons simplement un halte et la Colombie. Nous sommes déjà à plus de la moitié du voyage et nous n'avons pas vu le temps passer. Nous n'aurons certainement pas le temps de voir tout ce que nous voulons mais il y a tellement de choses à voir.
La Union et ses environs aimerait attirer les touristes grâce aux randonnées qu'elle peut proposer mais les infrastructures de transport ne sont pas encore au niveau. A l'image de Satipo, on sent l'opération séduction, les hôtels qui mettent leur nom en anglais mais ça ne prend pas. A Satipo, on peut mettre principalement en cause la déforestation galopante (à vue d'oeil, plus de 50km carrés en un an et demi), ici, c'est le transport et la publicité car la région est vraiment charmante. J'imagine que le fait que Lonely Planet ou le routard n'en parle pas n'aide pas vraiment le développement. Les chemins sont indiqués à leurs départ et la route peut être intéressante pour les motards confirmés. Les gens dans la ville sont vraiment accueillants, essayent de nous dire bonjour en anglais et de se rendre utiles. Ca nous change de la jungle gazière ou agricole où la majorité des gens sont contents d'avoir détruit leur environnement et ne compte pas sur le tourisme pour faire entrer de l'argent frais. J'espère que l'amabilité et le tourisme nature auront le dernier mot dans ce pays que je vois voué à l'auto-destruction si un nouveau cap n'est pas donné.