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mardi 23 octobre 2012

De la jungle et des armes...

La photo n'est pas droite mais ça bouge

Le retour à Satipo fut long et un peu pénible mais nous y sommes arrivés. Nous avons quitté Atalaya où la moindre activité se rapprochant un peu du tourisme demande une journée de marche dans la chaleur et l'humidité ou s'élève à un prix défiant toute concurrence dans l'absurde.
Il n'y a que deux moyens de rejoindre Satipo depuis Atalaya. La première solution prend deux jours et passe par la rivière que nous avions suffisamment vu pour le moment. La seconde solution passe par une route sur laquelle ne circulent apparemment que les 4x4. Nous montons donc dans un Hilux comme il y en a des milliers en Amérique du Sud. Mais avant cela, nous avons pu à nouveau apprécier le concept d'ahorita. Ce concept est commun à la Bolivie et au Pérou ; peut-être à l'Equateur et à la Colombie mais nous ne pouvons pas encore nous prononcer. Ahorita veut dire dans un tout petit instant. Ahora veut dire maintenant mais ahorita est la forme diminutive donc ce n'est pas un vrai maintenant mais presque. Le tout petit instant peut durer jusqu'à une heure ou deux suivant les personnes et elles s'imaginent souvent que le plus grand plaisir de la personne à qui elle mente, locaux et touristes confondus est d'attendre pendant une durée indéterminée. Ce matin, l'ahorita a duré un peu plus d'une heure. La compagnie est Aguilla de Atalaya, si vous voulez éviter, on ne vous en voudra pas.
J'ai pas osé prendre la milice en photo alors
voici un torrent
Le chauffeur du 4x4 s'appelle Gustavo et est assez sympathique.
Dès les premiers kilomètres, nous comprenons pourquoi il n'y a que des 4x4 qui font le trajet et nous comprenons aussi que la région, réputée pour être celle des narco-traficants, l'est vraiment. Mon sang n'a fait qu'un tour quand deux jeunes armés de semi-automatiques ont arrêté la voiture pour poser une question à laquelle je n'ai rien compris mais à laquelle Gustavo a plutôt bien répondu puisque nous sommes repartis aussi vite. Nous reverrons un jeune avec un fusil par la suite mais celui-ci semble plus dédié à la chasse. Vous me direz qu'on peut chasser au semi-automatique mais bon, le gibier recherché n'est souvent pas le même.
Au niveau paysage, ils sont aussi impressionnants que les jeunes gens armés. Des vallées de jungle vierge mais qui avec la construction de la route commence à brûler pour laisser place à des plantations de café, de banane, d'ananas, de papaye, de grenades ou de cacao. Attention, quand je dis grenade, je parle du fruit. Nous n'avons pas vu beaucoup de plantations de coca mais puisque la route est également empruntée par l'armée, j'imagine que l'idée n'est pas d'exposer à la vue de tous les laboratoires et les champs. Ca et là, il y a des communautés natives qui vivent de l'agriculture, de la cueillette et sans doute de la chasse si j'en crois l'apparence du dernier jeune homme armé.

La barge qui nous mènera au restaurant
Au bout de cinq heures de route qui monte, descend et tourne, on en a un peu marre et on a un peu faim. Ca tombe bien, il y a un passage en barge à Puerto Ocopa avec une foule de restaurants de l'autre côté de la rivière. J'ai mangé le meilleur riz-poulet de toute mon histoire péruvienne. Nora était contente de son boeuf mais moins de son riz.
Les derniers kilomètres sont cultivés de haut en bas des montagnes et les différents incendies en cours ou passés dont nous sommes témoins prouvent à quelle vitesse se passe la déforestation dans cette partie de la jungle. Comme à Oxapampa, une forêt brûlée peut être réclamée alors la déforestation se fait sans même que le bois soit utilisé pour la construction ou le chauffage. La plantation principale est le café mais on retrouve les mêmes que dans toute cette partie des Andes et dont j'ai fait l'énumération plus haut. Finalement, la route devient de l'asphalte. Les travaux que nous avons vu tout au long de la route prouvent l'importance que revêt la liaison de cette partie de la jungle au reste du Pérou. Le gazoduc est en place mais la région, berceau des mouvements du Sentier Lumineux et de Tupac Amaru est encore trop instable pour des installations plus pérennes. C'est pourquoi le gouvernement a entamé une guerre contre les dernières poches de guerrilla communiste qui anime de temps en temps les contreforts des Andes entre Cuzco et Satipo.
Une fois arrivés dans la ville situé entre la forêt et la montagne, nous cherchons à nous loger dans une communauté. Une officine de tourisme nous conseille celle du Rio Bertha à côté de laquelle nous ne manquerons pas de trouver un petit cours d'eau où nous baigner. Nous rejoignons ce lieu en moto-taxi et comprenons vite que c'est celle dans laquelle nous avons séjourné il y a un an et demi. Nous retrouvons avec joie Alejandro qui nous paye un café. Il est venu de Lima pour produire du café dans cette communauté, autant vous dire que ce n'est pas du café commun. Nous retrouvons également le bungalow dans lequel nous avions séjourné. Maintenant, il commence à se faire l'heure de dormir, donc je vais arrêter ma prose pour ce soir.

lundi 22 octobre 2012

Atalaya, terminus du bateau

On commence à revoir les contreforts des Andes

Le bateau n'est pas arrivé à Sepahua, nous avons fait les quais hier et ce matin sans le voir. A la réflexion, nous nous sommes dit que s'il avait vraiment voulu qu'on reste sur le bateau, au lieu de nous annoncer dans un murmure qu'il n'y a pas de cantine, il nous aurait dit « On va repartir ». Au final, en ne voyant pas le bateau dans le port qui devait nous permettre de rejoindre Atalaya, nous n'avons pas de remords d'avoir pris le premier bateau qui passait. On espère juste qu'il n'est pas allé s'écraser complètement bourré de nuit contre un rocher. En ce qui concerne le règlement qu'il n'a du coup pas reçu car il ne nous a pas mené à bon port, il y a des fois où il faut savoir choisir l'argent ou la picole.
Un port pour une plateforme
Nous avons profité de notre soirée pour aller faire un resto-grillade avec pour plat principal du poisson de la rivière. Personnellement, je crois que je n'ai jamais vu un poisson avec autant d'arêtes. D'autant plus, il semble qu'il faille en profiter car le poisson se fait de plus en plus rare et cela ne m'étonne pas vraiment. Je ne connais pas vraiment le procédé d'extraction du gaz mais j'imagine que ça ne doit pas être exempt d'utilisation de produits chimiques en tous genres qui ne doivent pas faciliter le développement de la flore et de la faune.
Le soda arrive aussi par bateau
Ce que j'ai vu sur les bords du fleuve Urubamba s'éloigne vraiment du mythe du « bon sauvage » tel que décrit par les philosophes du siècle des lumières et auquel je croyais un peu avant de partir pour cette descente en bateau. J'imaginais des communautés indigènes travaillant la terre en groupe dans des tenues fabriquées avec des matériaux de la jungle et essayant de vivre en harmonie avec la forêt. Ce que j'ai vu est qu'il y a beaucoup de communautés qui attendent patiemment de pouvoir accéder plus facilement à l'argent et à la pollution. Cette pollution passe tout d'abord par la mode, par les différents sodas auxquels sont nourris les enfants (je ne sais pas si l'eau de la rivière n'est pas meilleure pour la santé), par un mode de vie basé sur l'exploitation des nappes de gaz ou de pétrole, par l'installation de toits en tôle à la place des toits en feuilles de palmes et par une centaine d'autres petites choses qui font que le fleuve sacré des incas est devenu un fleuve poubelle. Si on ne peut pas leur en vouloir de désirer une vie plus facile, on peut se demander si ce mode de vie est pérenne. Ils abandonnent les ressources qui ont nourris leurs pères pendant des générations pour les produits qu'ils peuvent acheter grâce aux exploitations de gaz et jettent tout ce qui reste dans le fleuve. J'ai été surpris de voir que nous étions les seuls à garder nos déchets à bord alors que les seules campagne de publicité concernent la propreté de l'eau.
Le voyage en bateau commence à devenir lancinant. Les montagnes ont laissés place à la plaine et de part et d'autre du fleuve nous voyons la forêt coupé quelques fois des villages et des exploitations de bananes. Le gaz a été trouvé plus haut sur la rivière et c'est donc le district d'Echarate dans la région de Cuzco qui profite de la manne financière. Nous avions tous les deux entendu que le voyage ce faisait en trois heures mais malgré la vitesse et le peu d'arrêts, il faudra bien cinq heures pour rejoindre Atalaya. Nous arrivons sous le soleil de la mi-journée et j'essaye de trouver des informations pour dormir dans une communauté indigène plutôt qu'en ville. Peine perdue, l'estomac dans les talons et une envie irrépressible de toilettes nous poussent vers un récréo où la musique est trop forte mais où on a bien mangé. Je profite de l'addition pour glaner des informations sur un séjour dans un village indigène ayant gardé ses traditions mais le gérant n'est pas sûr.
Il fait chaud à Atalaya, les gens se tiennent
à l'ombre
Deuxième étape, chercher un moyen de locomotion pour se rendre au gorges de Sapani et dans la communauté qui vit au-dessus. Des entreprises de transport nous harcèlent depuis le port pour partir à Satipo et je demande combien elles veulent pour aller à Sapani. Si j'ai été désenchanté par mon idée du « bon sauvage », ils ont du l'être par celle du « touriste-pigeon ». Vingt-quatre kilomètres pour la modique somme de cinquante euros par personne. Un grand rire à sa gueule et le prix descend à dix euros pour deux. Nora souffre de la chaleur et de l'humidité, nous décidons donc de repousser notre choix de rejoindre Sapani ou Satipo à demain.
L'hôtel est propre et confortable, j'ai le choix entre trois chambres. Je fais le tour. Je fais gaffe à tous les détails. Je choisis celle qui est la plus grande avec une fenêtre donnant sur la rue plutôt que sur le couloir mais ne fais pas attention à la bouche d'aération du restaurant d'en-dessous qui donne à un mètre sous la fenêtre.