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lundi 22 octobre 2012

Atalaya, terminus du bateau

On commence à revoir les contreforts des Andes

Le bateau n'est pas arrivé à Sepahua, nous avons fait les quais hier et ce matin sans le voir. A la réflexion, nous nous sommes dit que s'il avait vraiment voulu qu'on reste sur le bateau, au lieu de nous annoncer dans un murmure qu'il n'y a pas de cantine, il nous aurait dit « On va repartir ». Au final, en ne voyant pas le bateau dans le port qui devait nous permettre de rejoindre Atalaya, nous n'avons pas de remords d'avoir pris le premier bateau qui passait. On espère juste qu'il n'est pas allé s'écraser complètement bourré de nuit contre un rocher. En ce qui concerne le règlement qu'il n'a du coup pas reçu car il ne nous a pas mené à bon port, il y a des fois où il faut savoir choisir l'argent ou la picole.
Un port pour une plateforme
Nous avons profité de notre soirée pour aller faire un resto-grillade avec pour plat principal du poisson de la rivière. Personnellement, je crois que je n'ai jamais vu un poisson avec autant d'arêtes. D'autant plus, il semble qu'il faille en profiter car le poisson se fait de plus en plus rare et cela ne m'étonne pas vraiment. Je ne connais pas vraiment le procédé d'extraction du gaz mais j'imagine que ça ne doit pas être exempt d'utilisation de produits chimiques en tous genres qui ne doivent pas faciliter le développement de la flore et de la faune.
Le soda arrive aussi par bateau
Ce que j'ai vu sur les bords du fleuve Urubamba s'éloigne vraiment du mythe du « bon sauvage » tel que décrit par les philosophes du siècle des lumières et auquel je croyais un peu avant de partir pour cette descente en bateau. J'imaginais des communautés indigènes travaillant la terre en groupe dans des tenues fabriquées avec des matériaux de la jungle et essayant de vivre en harmonie avec la forêt. Ce que j'ai vu est qu'il y a beaucoup de communautés qui attendent patiemment de pouvoir accéder plus facilement à l'argent et à la pollution. Cette pollution passe tout d'abord par la mode, par les différents sodas auxquels sont nourris les enfants (je ne sais pas si l'eau de la rivière n'est pas meilleure pour la santé), par un mode de vie basé sur l'exploitation des nappes de gaz ou de pétrole, par l'installation de toits en tôle à la place des toits en feuilles de palmes et par une centaine d'autres petites choses qui font que le fleuve sacré des incas est devenu un fleuve poubelle. Si on ne peut pas leur en vouloir de désirer une vie plus facile, on peut se demander si ce mode de vie est pérenne. Ils abandonnent les ressources qui ont nourris leurs pères pendant des générations pour les produits qu'ils peuvent acheter grâce aux exploitations de gaz et jettent tout ce qui reste dans le fleuve. J'ai été surpris de voir que nous étions les seuls à garder nos déchets à bord alors que les seules campagne de publicité concernent la propreté de l'eau.
Le voyage en bateau commence à devenir lancinant. Les montagnes ont laissés place à la plaine et de part et d'autre du fleuve nous voyons la forêt coupé quelques fois des villages et des exploitations de bananes. Le gaz a été trouvé plus haut sur la rivière et c'est donc le district d'Echarate dans la région de Cuzco qui profite de la manne financière. Nous avions tous les deux entendu que le voyage ce faisait en trois heures mais malgré la vitesse et le peu d'arrêts, il faudra bien cinq heures pour rejoindre Atalaya. Nous arrivons sous le soleil de la mi-journée et j'essaye de trouver des informations pour dormir dans une communauté indigène plutôt qu'en ville. Peine perdue, l'estomac dans les talons et une envie irrépressible de toilettes nous poussent vers un récréo où la musique est trop forte mais où on a bien mangé. Je profite de l'addition pour glaner des informations sur un séjour dans un village indigène ayant gardé ses traditions mais le gérant n'est pas sûr.
Il fait chaud à Atalaya, les gens se tiennent
à l'ombre
Deuxième étape, chercher un moyen de locomotion pour se rendre au gorges de Sapani et dans la communauté qui vit au-dessus. Des entreprises de transport nous harcèlent depuis le port pour partir à Satipo et je demande combien elles veulent pour aller à Sapani. Si j'ai été désenchanté par mon idée du « bon sauvage », ils ont du l'être par celle du « touriste-pigeon ». Vingt-quatre kilomètres pour la modique somme de cinquante euros par personne. Un grand rire à sa gueule et le prix descend à dix euros pour deux. Nora souffre de la chaleur et de l'humidité, nous décidons donc de repousser notre choix de rejoindre Sapani ou Satipo à demain.
L'hôtel est propre et confortable, j'ai le choix entre trois chambres. Je fais le tour. Je fais gaffe à tous les détails. Je choisis celle qui est la plus grande avec une fenêtre donnant sur la rue plutôt que sur le couloir mais ne fais pas attention à la bouche d'aération du restaurant d'en-dessous qui donne à un mètre sous la fenêtre.

samedi 20 octobre 2012

La jungle, c'est cool !

La nuit ne fut pas si horrible mais le pilote du bateau a eu raison de la patience dont nous faisions preuve depuis hier matin. Les ingénieurs ont été à l'heure ce matin. C'est à dire que le rendez-vous était fixé à 6h00, du coup, nous nous sommes préparé pour 8h00 et ils sont arrivés un peu avant 9h00. Nous avons donc pris le temps de déguster un petit déjeuner avec du plantain fri, du manioc et des oeufs. A côté de nous était assis l'alcoolique de la communauté qui n'a pas hésité à se balancer deux litres de bière entre 7h00 et 8h00 du matin pendant que le reste de la communauté oeuvrait à la construction du système d'assainissement et d'évacuation des eaux pluviales. J'ai beaucoup aimé ce système d'impôt qui ressemble un peu à celui qui était en vigueur sous les incas. Au lieu de contribuer en argent au maintien d'un service public. Les gens fournissent sur leur samedi le travail qui est nécessaire aux travaux décidés par la communauté. Bien sûr, cela est fait à très petite échelle mais ce devrait être un but vers lequel se diriger plutôt que de laisser de plus en plus de chantiers aux entreprises privées en faisant monter l'impôt chaque année. Après ces réflexions et avoir apprécier le déplacement d'un bidon à grands coups de pieds le long d'une des deux seules rues du village, nous nous sommes dirigés vers le port.
Le pilote pensant que sa barge ne penchait pas suffisamment sur la droite a décidé de la charger un peu plus de ce côté-là. Je reste donc coller à mon bâbord pour tenter de donner un semblant d'équilibre à l'embarcation qui doit être à près de 80 centimètres de l'eau d'un côté du bateau et à près de dix de l'autre. Nous découvrons après avoir failli une prise d'eau que le pilote pouvait se positionner de l'autre côté pour conduire et que cela rétablissait plutôt bien l'équilibre de l'ensemble de l'embarcation. 
Voila à quoi ressemble Nueva Luz
Après une heure et demie de navigation, nous nous arrêtons pour laisser trois des quatre ingénieurs restant et une grosse partie du chargement. Nous attendons patiemment que le déchargement se fasse, que le rechargement de ce qui n'était pas pour Nueva Luz soit terminé avant de se demander vraiment ce que nous attendions pour repartir. Pas d'ingénieur en vue, pas de pilote non plus. Déjà une heure et demie que nous attendons sous la tonnelle du bateau où il fait près de trente degrés quand nous nous décidons à partir manger puisque l'après-midi risque d'être encore long. Nous cherchons une cantine quand nous tombons sur le pilote déjà un peu éméché en train de siffler des bières avec les ouvriers du déchargement. Ils nous disent qu'il n'y a pas de cantine. Il nous faut donc attendre que l'ingénieur qui a du aller se faire une pute et que le pilote bourré reviennent au bateau. C'est à ce moment, à bout de patience que nous décidons de faire du bateau-stop. Il n'y en a pas beaucoup mais le premier s'arrête. Il nous demande de monter et un moment de doute s'installe. Pouvons-nous quitter l'embarcation sans payer ? L'exaspération envers le pilote qui est en train de picoler en nous laissant sans rien dire sur le pont et sous le soleil de midi est tellement forte à ce moment-là que nous sautons dans le bateau sans rien laisser derrière. Il est vrai que les fois où nous avons été laissé sur le pont plus ou moins longtemps pendant que les ingénieurs profitaient des villages n'a pas penché en la faveur du pilote.
Nora attend patiemment
Le nouveau bateau est plus rapide et nous conduira sans doute vers notre port intermédiaire en moins de temps et surtout, nous ne finirons pas la navigation de nuit avec un pilote bourré à cause de la picole du midi. Les deux petits jeunes qui pilotent le bateau exagère dans la demande d'argent mais une négociation du style : « je pense que dix euros pour deux c'est largement bien. » Ils n'osent pas dire le contraire.
Alors que nous nous attendions à une petite communauté indigène comme celle dans laquelle nous avions dormi hier, nous arrivons dans une petite ville de la jungle. Le premier hôtel nous semble suffisamment propre et bien tenu pour attirer notre choix. Nous avons bien fait. Le prix et le confort sont deux atouts de l'hôtel « Magy » auxquels s'ajoutent la gentillesse et la serviabilité de l'hôtesse. Il y a même un ventilateur dans la chambre mais manque de chance, une coupure d'électricité sévit dans la ville depuis maintenant deux heures. Nous espérons qu'elle reviendra avant la nuit.

Descente de l'Urubamba


Après deux jours de voyage, nous voici vraiment dans la jungle. L'altitude doit être autour de 350 mètre et l'air que nous respirons s'approche assez de celui qu'on peut respirer dans un hammam. Enfin, on a eu ce qu'on voulait mais à moins de deux semaines des températures de la Isla del Sol, ça fait comme un choc.
Le Pongo de Manaique
Le trajet jusqu'ici valait le coup à lui tout seul. Nous avons commencé en voiture avec un col à 4350 mètres d'altitude puis continué dans un taxi qui nous a conduit à tombeau grand ouvert vers Quillabamba où nous avons passé un après-midi d'Internet avant de prendre le bus le moins à l'heure du Pérou. Il faut dire que le chauffeur n'est pas le seul à mettre toute sa bonne volonté pour faire arriver le bus en retard. Nous sommes partis une bonne demi-heure en retard alors que la vendeuse nous avait répéter deux fois qu'il fallait être un bon quart d'heure en avance sur le départ du bus. Ce n'est pas forcément la demi-heure de retard qui nous a embêté mais plutôt le vendeur de fruit qui scandait qu'il vendait des pêches douces, des pommes et des raisins frais. Nous partons donc pour nous arrêter à la station-service un peu moins de cinq minutes après. Tant mieux, je n'ai pas envie de tomber en panne d'essence en pleine nuit sur une piste. Des gens descendent et reviennent un peu plus de dix minutes après pendant lesquelles le bus a gentiment attendu. Après un périple de nuit sur un chemin à la limite du carrossable et sur lequel était tombé un arbre à cause d'un incendie, nous arrivons dans un village où il faut faire un tintamarre pas possible pour réveiller le tenant de l'hôtel et sans doute la moitié du village. La nuit fut courte mais réparatrice ajouté aux heures de somnolence dans le bus en furie.
Petit déjeuner au riz, sauté de boeuf et nous partons pour les quais desquels nous espérons prendre une barque pour descendre la rivière et surtout passer le canyon que l'on nomme dans le coin « Pongo de Manayque ». Les hommes ont le dont dans tous les pays de parler nettement moins clairement que les femmes et les habitants d'Ivochote semble exceller dans leur façon de manger la moitié des mots. Nous avons mis une heure à comprendre quel bateau pouvait nous descendre le long de la rivière. Nous partons donc avec huit autres personnes qui sont pour la plupart des ingénieurs qui viennent des grandes villes. Nous verrons plus tard que ce détail a son importance. Le départ se fait dans les mêmes conditions que celles pour le bus la veille et nous nous arrêtons également très vite pour une très longue pause déjeuner. José nous invite à manger avec lui mais après le boeuf riz du petit déjeuner, je n'ai pas vraiment faim. Il commande quand même et je suis obligé de demander un doggy-bag dont je ne mangerait que le poisson par la suite. 2€, ça fait plus cher qu'à Cuzco pour une soupe en plus du plat principal. L'approvisionnement n'est pas facile non plus. Nous entrons dans le vif du sujet après que messieurs les ingénieurs aient décider de bouger leur culs de leurs chaises puisqu'étant des gens éduqués, ils n'ont de compte à rendre à personne et surtout pas au timide pilote qui s'impatiente en sachant ce qui l'attend.
Nous arrivons dans ce fameux canyon après quelques rapides de mise en jambe et là, le paysage est magnifique. La rivière coupe la montagne en laissant de part et d'autres des rochers, des sources et des torrents. Le tout est recouvert de végétation luxuriante qui donne un charme inimaginable au lieu. La navigation est difficile et les vagues passent souvent par dessus la rambarde. Nous n'avons pas de gilets de sauvetage mais dans pareil endroit, ils ne nous serviraient pas plus que dans un avion se crashant. Tout se passe bien mais le pilote semble avoir l'expérience nécessaire à un tel résultat.
Une fois le canyon passé, nous arrivons dans un paysage beaucoup plus ouvert et où on découvre les différents étages de la jungle. Ca et là, il y a des communautés indigènes qui vivent de la culture et de la pêche mais au fil de la rivière et des paysages, les communautés laisse place aux exploitations de gaz autour desquelles tournent les hélicoptères et même où se posent les avions. Durant tout le trajet, je suis obligé de m'appuyer sur la rambarde au soleil car un des ingénieur a décidé de se tenir le plus loin possible de l'autre côté et ne bougera pas d'un cran quand on lui dit que c'est dangereux et qu'il pourrait se décaler au moins au milieu où il aurait quand même de l'ombre. Pour être ingénieur au Pérou, il semble qu'il faut être con et têtu. Parce que soyons honnête, la plupart des gens dotés de plus de 60 de QI aurait compris que le bateau, entrainé par le poids conséquent de cet abruti, va pencher à droite tout le trajet. Lui, non... 
Nous voyons beaucoup d'oiseaux mais c'est l'ensemble de la faune que nous apercevons. Nouvelle pause, on laisse José c'est là qu'on aurait du descendre. La nuit commence à tomber et un autre ingénieur ne se dit pas qu'il faudrait se presser qu'on va finir la navigation de nuit avec tous les dangers que ça comprend. Nous l'attendons dix minutes de plus. Nous finissons la navigation de nuit et j'ai plusieurs fois envie de demander au pilote de s'arrêter pour qu'on puisse camper le long du fleuve et ne pas risquer nos vies sur un fleuve où on ne voit rien. Je maudis un peu plus les ingénieurs avec qui nous faisons le voyage et nous finissons le voyage à la lampe-torche dans une atmosphère plus stressante encore que les rapides du canyon dans lesquels nous voyions quelque chose.
La pension est la première cabane à gauche en entrant, vu l'heure, il reste une chambre avec un lit une place pour deux et même si j'aime beaucoup Nora, la chaleur aidant, j'aurais préféré avoir un lit double ou deux lits. Je me résous à dormir serré et suant contre ma chère et tendre épouse.