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mercredi 16 février 2011

Un peu de jungle

Nous sommes partis samedi matin d'Oxapampa pour La Merced qui est sensé être la capitale péruvienne du café. La visite de La Merced fut rapide car l'idée directrice restait de partir vers Atalaya et la jungle. Nous avons tout de même passé une journée dans cette ville et nous avons eu la chance d'être réveillé par un bataillon de militaires chantants le lever du jour, un dimanche matin.
Bien réveillés et après un déjeuner copieux, nous sommes partis pour Satipo. Le voyage se fait en deux étapes spectaculaires et dans un micro-bus comme celui que nous avions eu pour nous rendre au parc national. La vue était tout simplement magique, la route suit une rivière dans laquelle se jettent tous les torrents de la région à la saison des pluies. Quelques cascades agrémentent aussi le voyage. Une fois arrivé à Satipo, nous nous sommes aperçu qu'il ne s'agissait pas d'une ville touristique mais cela a du bon puisque du coup beaucoup de gens sont venus nous parler. Nous avons donc pu prendre des informations sur la possibilité de nous rendre à Atalaya mais nous avons vite déchanté. Le trajet était trop long pour le temps qu'il nous reste, dangereux à la saison des pluies et avec un prix au kilomètre plutôt élevé pour le Pérou. La décision a été vite prise de retourner à La Merced.
La route de la Merced à Satipo, le ciel bleu est signe de pluie

et la pluie ne fait pas semblant quand elle vient

Entre temps, nous avons rencontré Gaspar qui nous a parlé de la possibilité de rester dans une communauté indigène près de Satipo et nous avons sauté sur l'occasion. S'imaginer qu'on va arriver dans une série de maisons au toits en palmier avec des gens moitié nus qui dansent au rythme des tambours ne peut pas être plus loin de la réalité de cette communauté qui vit principalement de l'agriculture et de la pisciculture. Ici, la plupart des maisons ont des taules ondulés en guise de couverture et la majorité gens s'habillent à la péruvienne (c'est à dire avec des bottes en caoutchouc en cette période de l'année). Le logement pour les touristes lui est fait en bambou et le toit en feuille de palmier. Les enfants qui sont nombreux et le chef qui est tout seul ont accompagné notre installation. Nous avons fini par installer les moustiquaires qui se sont révélées plus qu'utiles contre les moustiques mais également contre les papillons de nuits, les cafards volants et toutes sortes de petites bêtes dont je ne connais absolument pas le nom. Deux femmes nous ont ensuite accompagnés autour du village et nous ont montré les différents objets d'artisanat qu'ils produisent et vendent ensuite à Satipo. Nous en avons profité pour faire quelques emplettes comme souvenirs. Nous avons ensuite étaient invités à manger par le chef du village et nous avons pu rencontré son père qui connaissait non seulement la situation géographique de la Lettonie mais également sa capitale. Nous avons beaucoup parler avec ce personnage cultivé et intéressant tout en partageant une liqueur de café et du café vert qu'il venait de trier. L'après-midi s'annonçant moins pluvieuse, nous avons pu faire une petite marche au travers de leur plantation de bananes, de cacao, des cocotiers et autres. La nuit fut bonne et nous sommes partis de bonne heure pour prendre un bus pour Huancayo.
L'installation de la moustiquaire

Alejandro, le savant trieur de café

Le café

Les bananiers

Cacao

Notre bungalow

La route qui va de Satipo à Huancayo est également formidable. Elle monte le long de la précédente rivière qui forme un canyon alors qu'elle n'est qu'un torrent. Une fois sur l'altiplano, les paysages sont magiques et nous ont redonné un goût de Bolivie. Nous sommes finalement arrivé dans la ville du carnaval péruvien mais pour l'instant, pas l'ombre d'un masque.
La beauté des Andes n'est plus à prouver

mardi 4 janvier 2011

Premier de l'An à La Paz et voyage à Cuzco

Nous sommes passés de 2010 à 2011 au sommet d'une colline qui s'appelle Kili-Kili et qui surplombe la ville de La Paz d'où nous avons vu un spectacle magique. Avant, nous avons visité la ville qui s'apprêtait pour le changement d'année. Les marchés étaient couvert de fausse monnaie destinée à garder de l'argent pour l'année à venir, de sous-vêtement jaune ou rouge destiné à apporter de l'argent ou de l'amour et d'articles plus courant pour la fête (pétards, cotillons, feuilles de coca...). Je vous laisse admirer le spectacle du passage à 2011.
Ensuite nous avons fait la fête chez Soky qui nous a également offert l'hospitalité pour deux nuits. Le premier de l'an a été dignement fêté dans la danse et avec une adaptation du jeu "loup-garou" qui nous a fait rire. Nous avons visité les environs de la maison le lendemain et sommes montés sur des hauteurs qui nous ont offert un nouveau visage de la ville.
Pour terminer notre périple bolivien, nous avons regarder le cimetière des éléphants qui raconte les derniers jours d'un alcoolique qui se suicide dans une lieu clos en ingurgitant des litres de tord-boyaux sans manger. Il meurt après 6 jours de cette diète mais en ressassant les souvenirs qui l'ont mené là. Une enfance empreinte de violence, un alcoolisme précoce qui le gène dans ses relations amoureuses et l'entraine auprès des pires gangsters de la ville. Enfin, il sacrifie son meilleur ami pour l'érection d'un gratte-ciel pour pouvoir acheter à boire. 
C'est en repensant à ce film que nous avons attendus le lendemain notre bus pour Cuzco. Il a eu deux heures de retard à cause du chauffeur titulaire qui était encore bourré, sans doute sous les effets conjugué du premier de l'an et de la rétraction du gouvernement sur la loi concernant le pétrole. Le trajet est magnifique et permet de longer le lac Titicaca mais exténués par la journée de jeun que nous a imposé la compagnie qui promettait les repas à bord.
La ville de Cuzco est magnifique et sans doute la plus belle que j'ai vue ici en Amérique du Sud. Les fondations des bâtiments coloniaux sont celles de la ville inca qui sont restées intactes malgré les différents tremblements de terre. Dans une grande partie du centre de la ville, les murs à nu permettent de contempler le génie bâtisseur du peuple qui a dominé les Andes. Le premier hotel dans lequel nous sommes resté nous a permis d'avoir une vue panoramique sur la ville à un prix des plus abordables mais le second nous a encore plus agréablement surpris (si on oublie la consistance du petit déjeuner). Il est situé dans le quartier de San Blas et nous permet de jouir d'une vue encore plus large sur la ville mais aussi sur les montagnes environnantes. Cela nous a permis de voir les nombreuses croix et vaches positionnées sur le faite des maisons et destinées à protéger la constructions. Cela nous rappelle à quel point les sud-américains que nous avons rencontré sont superstitieux.
Nous allons partir demain pour Machu Picchu pour lequel je brule d'impatience.


Faudrait pas me prendre pour un pigeon

Encore un 4000m à mettre à mon compte

Le lac Pipicaca (c'est pour toi Alain)

Il parait qu'ils portaient jusqu'à trois pierres sur chaque bras

On voit bien les différences en partant du bas vers le haut
Cuzco est aussi belle de nuit

lundi 27 décembre 2010

Plus de sel, ni d'argent mais du Sucre

Pour faire plaisir aux adeptes de mes jeux de mots pourris, j'ose en faire un comme celui-ci. Nous avons en effet quitté Potosi pour Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie.
Avant de quitter la ville la plus haute du monde où nous avons célébré Noël, Nora a visité les mines de la ville, je n'y ai pas été pour les raisons énoncées dans le précédent billet. J'ai profité de ce temps pour créer une carte de notre itinéraire que vous pouvez voir sur la droite. Je ne peux pas dire que nous ayons vraiment fêter noël puisque l'ambiance n'y était pas vraiment et l'auberge n'avait rien organisé en ce sens. Nous avons fait un dîner en tête à tête avant de partir nous coucher assez tôt car fatigués par l'altitude. Les mineurs, leurs familles et les autres habitants de Potosi ont fêté à grand coup de feux d'artifice l'anniversaire de la naissance du Christ qui est dans ce pays fortement catholique une des plus grandes fêtes. Il est d'ailleurs intéressant de noter à ce sujet que les sud-américains prient beaucoup plus la vierge si on en croit le nombre de représentations du fils et de la mère.
Nous avons profiter du calme relatif du jour de noël et de l'acclimatation qui permet de ne pas être à bout de souffle après quelques pas pour pousser un peu notre visite de la ville. Nous avons fait l'expérience de la sollicitation active d'un enfant pour recevoir de l'argent. Jusque là, nous avions été abordés en bons gringos par des enfants ou des femmes voulant nous vendre des choses ou simplement de l'argent mais cette fois-ci, le gamin me tenait par le bras et tirant sous le regard de sa mère et je n'ai pas vraiment su comment réagir. Les diverses histoires entendues auprès d'autres voyageurs m'ont fait craindre l'approche d'un pic-pocket en herbe et j'ai tant bien que mal passé mon chemin. Cependant, l'insistance de ce gamin m'a troublé au point d'y réfléchir pendant un bout de temps. Nous savons que nous sommes dans un des pays les plus pauvres du monde mais cela donne quand même à réfléchir, surtout quand on a entendu dire que certains parents utilisent les enfants pour détourner l'attention pendant qu'un personne agile fait main basse sur des objets de valeurs. C'est ce qui s'est passé pour un couple de français rencontrés à San Pedro de Atacama. Mais il est impossible de ne pas penser que l'enfant poussé au désespoir en ce jour de noël ne tente pas le tout pour le tout avec des gens qu'il sait potentiellement riches. Nous avons ensuite assisté à une dispute en règle dans un cyber-café entre deux employées et une cliente a priori insatisfaite ou ne voulant pas payer. Étant de dos, je n'ai pas vraiment compris ce qui se passait mais après l'épisode de l'enfant, cela faisait beaucoup. La cliente est finalement partie sans payer et en éclatant un téléphone portable d'une des employées et avoir proféré force de gros mots. Cependant, la personne qu'elle avait appelée a donné son identité et je crois que le gestionnaire de la boutique a porté plainte. En gros, un jour de noël un peu bizarre.
Ce matin, nous avons visité la fabrique de monnaie de Potosi qui fut une des plus importante du monde à l'époque coloniale. A cette époque, le minerai extrait du Cerro Rico était traité sur place et la monnaie frappée de même. La visite est intéressante pour se replonger dans l'univers un peu fantastique de la course vers l'or dans les Andes, de l'acheminement parfois dangereux vers l'Europe et de l'accès à l'indépendance de la Bolivie qui passera par l'adoption de sa propre monnaie. Les salles immenses accueillaient des centaines de travailleurs sur lesquels on ne sait finalement pas grand chose. Mais que ce soit aux fourneaux dans lesquels étaient coulé les lingots de 25 centimètre de long sur 5 de large et de hauteur aux presses qui servaient à obtenir une fine couche d'argent dans lequel étaient découpés les pièces avant d'être frappées, on imagine qu'il y avait toute une foule pour faire marcher cette fabrique 24 heures sur 24.
Nous avons ensuite pris le bus vers Sucre qui se démarque considérablement de tout ce que nous avons pu voir en Bolivie. Contrairement à Uyuni ou Potosi, la ville de Sucre est propre et peuplée principalement de descendants de colons. Les descendants d'indigènes sont pour beaucoup vendant des babioles à même le sol ou mendiant de l'argent à la sortie du seul supermarché de la ville. Les bâtiments abritant les organes du gouvernement n'ayant pas été transférés à La Paz rappelle le style art nouveau que l'on voit à Riga situé au milieu des églises et autres constructions de l'époque coloniale. L'altitude étant moindre, les environs sont consacré à l'agriculture et les paysages sont également formidables. 
Demain, nous profiterons de la journée pour monter au sommet d'une colline qui surplombe la ville et visiter un musée d'art textile indigène que Nora veut voir à tout prix.

La fameuse quiche de noël préparée avec les moyens du bord

Potosi vue de haut

Nora part à la mine et en a une bonne

Les dos d'ânes n'ont pas disparu malgré l'asphalte refait à neuf

Les montagnes ont parfois des formes bizares
Tower bridge

Le clocher de la cathédrale de Potosi

vendredi 24 décembre 2010

Mes potes aussi aiment Potosi

Nous avons quitté Uyuni et son salar par une route magique pour arriver à Potosi. Le bus bolivien est une aventure à lui seul. Il faut arriver une demi-heure auparavant pour que le chauffeur puisse charger les sacs sur les impériales et beaucoup de locaux et de gringos nous ont conseiller d'attendre que l'échelle soit retirée pour entrer dans le bus pour éviter les disparitions de bagages. Nous étions les seuls gringos et les gens montaient encore alors que le bus était plein. Certains s'assoient sur des sacs de patates remplis de vêtements et autres effets personnels et la majorité est habillée à la mode Quechua. Nous sommes loin des bus cama d'Argentine ou du Chili et de leur ambiance aseptisée. Ici, pas de films, pas de service à bord mais un arrêt dans un village perché dans la montagne pour manger dans une maison où la mère cuisine et la fille tient la caisse du haut de ses 8 ans. Cela l'entraîne au calcul mental même si quelques lacunes paraissent. Le bus fait semblant de repartir deux fois pour effrayer les retardataires. Les paysages sont tout simplement sublimes même si l'altitude est éprouvante à cause du manque d'oxygène. 
Nous sommes arrivé dans la ville minière de Potosi qui a fourni en or et en argent l'Espagne et par là l'Europe entière. Aujourd'hui, les mines sont peuplées de mineurs travaillant en coopérative pour extraire les quelques restes de minéraux de la montagne qui domine la ville. Beaucoup d'agences de tourisme proposent des visites de la mine où les mineurs majeurs sourient aux touristes contre des feuilles de coca ou des rafraîchissements. La plupart d'entre eux commencent à l'adolescence et travaillent jusqu'à 12 heures par jour. Il y a fort à parier que les galeries visitées par les touristes ne sont pas les pires et ne sont pas celles non plus où il est possible de croiser des mineurs mineurs. Pour cette raison et aussi à cause de ma gorge fragile, je ne ferai pas l'excursion mais Nora devrait descendre voir ce qui se passe dans les galeries où la chaleur atteint 45ºC et la poussière minérale est omniprésente et irritante pour les voies respiratoires. 
La ville de Potosi en elle-même vaut le détour. C'est une ville coloniale fondée pour l'exploitation des minerais enfouis sous le Cerro Rico qui domine la ville. Nous sommes dans une auberge situé dans une maison de l'époque coloniale avec deux cours intérieures. Les prix sont incroyablement bas comparés aux deux pays traversés précédemment surtout au marché. Les supermarchés n'existent pas forcément en Bolivie même dans une ville de la taille de Potosi nous allons donc au marché. Les échoppes y sont tenus par des femmes dans des habits de couleur et les prix y sont encore plus bas que dans les épiceries. Il faut cependant choisir ses fruits et légumes et éviter la viande ou le poisson qui restent la journée à l'air libre. Pour en revenir au style architectural de la ville, il faut s'imaginer d'abord une ville couchée sur une pente abrupte où les constructions dépassent rarement deux étages et dont les couleurs sont variées. Le centre-ville s'articule autour deux de places plantées d'arbres en gardant le plan orthogonal cher aux colons de tous pays. La difficulté réside dans l'ascension des pentes dont nous avions connu le désagrément à Ushuaïa mais en ajoutant le manque d'oxygène à plus de 4000 mètres d'altitude.
Nous passerons noël ici avant de partir pour Sucre dimanche et ensuite La Paz, Machu Pichu et Oxapampa où nous sommes attendus pour notre deuxième volontariat du voyage.
Je vous souhaite à tous un joyeux noël...
Une des montagnes sur la route

Une femme habillée à la mode locale

Une rue de Potosi avec le Cerro Rico
 Un geyser...

mardi 21 décembre 2010

Salar d'Uyuni et autres curiosités boliviennes

Nous avons quitté le désert d'Atacama du côté chilien pour l'altiplano bolivien. Avant de partir, nous avons profité de deux petits bains d'eau salée. La première lagune était tellement salée que nous n'avions pas besoin de nager pour maintenir la tête hors de l'eau. La seconde nous a permis de laver un peu le sel que nous avions accumulé lors de notre premier bain. Nous avons ensuite profité du soleil couchant sur la plaine de sel d'Atacama en buvant un petit pisco sour.
Les frontières terrestres du Chili avec ses voisins sont délimitées principalement par les Andes sauf pour le Pérou au niveau du pacifique et l'Argentine au niveau de la terre de feu.  Celle avec la Bolivie est particulièrement haute et est l'objet de ressentiment du côté bolivien et d'une fierté parfois déplacée du côté chilien. Le Chili ayant gagné la guerre du Pacifique contre la Bolivie et le Pérou en cédant la Patagonie à l'Argentine pour qu'elle n'entre pas en guerre, l'accès de la Bolivie à la mer est passé sous contrôle chilien. Cette partie du territoire est particulièrement riche en cuivre et est un lieu privilégié par les européens et les japonais pour l'installation de télescopes géants. La frontière, définie en 1904, est la ligne de partage des eaux et elles se partagent à 4800 mètres d'altitude. La montée vers le col se fait assez rapidement même avec un minibus et si le mal des montagnes nous a épargné, les premiers efforts se font tout le temps avec le souffle court, les poumons cherchant désespérément de l'oxygène pour alimenter les muscles. Si les frontières chiliennes sont un vrai casse-tête administratif, la frontière bolivienne se passe sans souci. Une américaine de notre groupe résidant au Chili ne nous a pas suivi en Bolivie à cause des formalités chiliennes. Dès les premiers kilomètres, la magie de cette partie volcanique de l'altiplano andin nous tient sous le charme. Les différentes oxydations des minéraux issus du volcanisme donnent aux lagunes et aux montagnes des couleurs inimaginables. A l'image de la région de Cafayate et de celle de Mendoza, ces couleurs sont au nombre de sept. Nous avons commencé par une lagune blanche pour poursuivre avec une verte. Nous avons pu profité d'un bain chaud en pleine nature à 4500 mètre d'altitude grâce à une source sortant à la température de 30ºC. Tous ces endroits sont séparés les uns des autres par des étendues désertiques de sable ou de roche. Nous avons ensuite pu observer de près des geysers et des fumerolles suivant les mêmes coloris. C'est impressionnant de voir la boue bouillonnante et les colonnes de fumée sortant du sol. Les rares endroits de pâtures sont peuplées de lamas et de vicuñas. Nous sommes arrivé dans un refuge situé au milieu du désert sur les flans d'une montagne donnant sur une lagune qui devient rouge le soir quand le vent se lève. Nora n'a pas pu observer ce spectacle à cause d'une insolation qui fut heureusement vite oubliée.
La deuxième journée a pour but de nous amener sur les bords de la plaine de sel d'Uyuni en suivant des lagunes peuplée de flamands roses. L'activité volcanique dégage beaucoup de souffre et le pourrissement des algues laissées à l'air libre par l'évaporation donne à certaines lagunes une odeur plus que désagréable. Nous nous sommes également arrêtés près d'une formation rocheuse aux aspects surprenants, la plus connues étant l'arbre de pierre mais je vous laisse découvrir celle que j'ai trouvé et qui a beaucoup fait rire Fabiano notre guide Aymara. Le reste du voyage nous a permis d'observer l'altiplano et ses volcans et d'atteindre un hôtel construit en sel. Les murs sont des blocs de sel découpés dans la plaine de sel et sont joints par du sel humidifié. Le sol est couvert de sel, ce qui n'est pas forcément pratique avant l'accès au lit. Nous avons bien mangé et même goûté un peu de vin bolivien qui eut vite fait de nous monter à la tête à cette altitude et après la journée harassante.
Ce matin, nous nous sommes levés à 4h30 pour pouvoir observer le lever de soleil sur la plaine de sel d'Uyuni. Le spectacle vaut la courte nuit. Pour s'imaginer la chose, il faut avoir vu une plaine de sel ou une mer sous une couche de glace. Ici, oubliez le golfe de Riga pris sous la glace puisque l'étendu plane de sel fait 160 kilomètres de large pour 200 de long. Les prises de vue sur cette étendue sans frontières se basent principalement sur la perspective. Une séance est même prévue au beau milieu de nulle part pour laisser libre court à l'imagination. Au milieu de ce qui s'appelle en espagnol salar d'Uyuni, se trouve un île couverte de cactus pour certains milénaires et atteignant des hauteurs allant jusqu'à 15 mètres. Le sommet de cette montagne était un lieu de sacrifice à Pachamama, la terre-mère, d'un lama pour avoir de bonnes récoltes. Le changement climatique étant perceptible ici aussi, les saisons sont de plus en plus sèches et l'agriculture devient difficile avec des saisons pluvieuses de moins en moins généreuses à des hivers encore plus secs. Les enfants ont même pris l'habitude de ne plus colorer le sommet des montagnes en blanc. Le second impact à court terme et la disparition des lagunes et de l'humidité qu'elles libèrent. Il en résultera l'extinction d'espèces de flamands roses propres à la région. Pour en revenir à l'île aux cactus, celle-ci est d'origine volcanique mais la roche basaltique est recouverte de corail fossilisé qui lui donne une couleur blanchâtre. Cette île était sans doute enfouie sous des mètres d'eau qui en disparaissant ont laissé du sel. La légende indigène est beaucoup plus belle mais au moins aussi triste que l'assèchement d'une mer. Deux volcans représentant les parents ont abandonné leur fils, l'île, qui a force de pleurer son esseulement a créer le salar puisque les larmes sont salées. Pour les géographes, la mer qui a existé à cette altitude et dont le lac Titicaca est un vestige est tout simplement due à l'élévation d'une partie de l'océan pacifique, les températures et la secheresse de la région ont crée la plaine de sel. Nous avons fini l'excursion par la visite du cimetière de trains d'Uyuni qui est malheureusement aussi celui de tous les détritus de la ville poussés par le vent venant du salar. La Bolivie ayant été mal gouvernée pendant des décennies, elle est un des état les plus pauvres du monde malgré ses richesses minérales, par conséquent, l'écologie n'est pas le souci premier des boliviens. Nous devrions nous diriger vers Potosi et Sucre dans les jours qui suivent et passer le premier de l'an aux alentours de La Paz en compagnie de Roberto que nous avons rencontré à Ushuaïa.

Il fait bon prendre un bain pour destresser

Mais ici, ça serait un peu trop chaud

Une algue donne une couleur rouge à cette lagune

Laissons libre court à l'imagination

Les flamands vivent dans une odeur de souffre prennante

La vue d'une montagne avec mes lunettes

Nous avons passé une nuit salée

Le soleil levant sur le salar

Ce n'est pas le plus grand

Je savais que Nora n'hésiterait pas á m'écraser

Mais je garde la main dessus

A ce moment, je cherche un arbre derrière lequel me cacher


samedi 20 novembre 2010

L'auberge incroyable et Perito Moreno

Nous sommes arrivés dans un auberge incroyable... Elle n'est pas forcément formidable mais elle nous a permis de retrouver un nombre de gens impressionnant à commencer par Sabine et Pierre dont j'avais déjà parlé précédemment. Mais nous avons aussi revu Pauline qui était dans notre hôtel à Ushuaïa, une israélienne avec qui nous y étions arrivé, un groupe de français pas forcément très polis qui partageaient notre auberge à Puerto Madryn et un français qui partageait notre chambre à Puerto Iguazu. Si les gens s'arrêtent souvent dans le même type d'auberge, c'est incroyable de revoir autant de gens en même temps alors que nous n'en avions pas revu avant. Nous avons donc fait une petite soirée avec nos amis d'Ushuaïa à laquelle s'est joint Pauline et Lizzy, une anglaise de passage à El Calafate.
Aujourd'hui, un peu barbouillés et dans la grisaille nous sommes allés voir un nouveau monument naturel du territoire argentin. Il s'agit d'un glacier des environs de El Calafate qui se jette dans un lac à la vitesse de deux mètres par jour. Pour comprendre le phénomène, il faut savoir qu'il y a une calotte glacière de 14200 kilomètres carrés qui couvre un altiplano situé sur les territoires chiliens et argentins et dont les frontières sont encore discutées. Le glacier et la montagne que nous avons précédemment vu près de El Chalten en font partie. Cette masse de glace pousse sur les franges du haut vers le bas et au niveau bas, la glace est compressé et dans le cas du glacier Perito Moreno ou dans celui du Veidma, ils se finissent dans un lac. Cela donne un spectacle impressionnant puisque des morceaux de glace se détachent chaque jour du glacier et tombe dans l'eau 60 mètres en contrebas. La chose est visible depuis une péninsule du lac qui permet de voir le front du glacier à moins de 300 mètres. Les photos parlent d'elles-mêmes.

la face nord

la face sud

le front

un morceau se détache du glacier dans le carré rouge

le dessus du glacier

vendredi 19 novembre 2010

Une grande randonnée

Nous avons quitté El Calafate pour El Chaltén en stop avec un couple de jeunes retraités français qui voyagent avec un 4x4 aménagé en Amérique du Sud. Sur la route et à l'arrivée, les paysages sont magnifiques. Les steppes commencent à s'élever et forment des collines au couleur et aux formes magnifiques. Au loin, nous avons le Fitz Roy et les monts qui l'entourent. Nous sommes chanceux car il parait que ce n'est pas tous les jours qu'il est possible de voir le sommet de cette tour de pierre qui garde un immense glacier. Nous nous sommes arrêtés pour quelques photos le long du lac Veidma et nous sommes arrivés en début de soirée à la capitale nationale de la randonnée. Quelle capitale ! Un arrêt municipal a fait fermer les deux camps de base du parc national sans réelle raison et ce n'est pas la peine de demander pourquoi aux gardes. La vraie raison, on la comprend vite quand on fait un pas dans ce village champignon créé au milieu des années 1980. Ce sont les différents hôtels, campings et auberges qui devaient voir d'un mauvaise oeil la présence d'un camping gratuit dans leur zone de achalandage. A El Chaltén, les choses sont faites pour les touristes et si ça ne marche pas, on légifère pour que ça marche. Nous avons donc subi la prise d'otage des locaux.
Le lendemain, nous avons plié bagage et nous sommes montés au bord d'une lagune qui se trouve au pied du Fitz Roy. La vue était magnifique et le campement suffisamment isolé pour nous permettre de sentir la forêt. Nous avons profité de la vue et des avalanches pendant deux jours. C'est impressionnant d'entendre la neige tomber de plusieurs centaines de mètres plusieurs fois par jour. Du lieu d'observation, j'ai pu en voir deux où certainement plusieurs tonnes se sont fracassées sur les rochers en contrebas. La montagne est belle mais peuplée. Il faut faire gaffe où on pose sa tente car certains endroits sont réservés aux tours operators. Les chemins se creusent rapidement au fil des ans et les gardes du parc sont obligés de modifier les itinéraires pour limiter l'impact sur la nature. Sur la masse de touristes et de locaux qui montent sur les hauteurs le week-end, beaucoup ne connaissent pas la différence entre ce qui est biodégradable et ce qui ne l'est pas et ne comprennent pas que des latrines ne sont pas un vide-ordures. Le parc a été vendu aux différents prestataires de services mais aucun effort n'est réellement fait pour préserver la richesse locale. L'information se limite à des panneaux et le droit d'entrée pourrait servir à fournir une rapide formation à la fragilité de l'écosystème dans lequel on pénètre. Nous sommes redescendu dans la vallée pour éviter le vent et la pluie qui commençaient à sévir sur le plateau et pour profiter de la vue d'un glacier qui se jette dans une lagune. La vue était formidable avec les icebergs qui flottaient sur le lac mais nous n'avons pas vraiment réussi à éviter le mauvais temps et le vent froid qui soufflait du glacier fut notre compagnon les deux jours suivant. 
Enfin, nous sommes retournés à la civilisation car nous devions continuer notre itinéraire et que nos ressources alimentaires s'épuisaient. Le chemin du retour est lui aussi magnifique avec une vue magique sur une chaîne de de cascades découpant un ruisseau et le torrent grondant et sablonneux qui descend directement du glacier. Nous espérons pouvoir profiter à nouveau d'un moment de nature comme celui-ci au Chili et sous des latitudes plus clémentes.
Le glacier Grande

Le Fitz Roy

C'est la danse des canards

Le Fitz Roy sous son aspect habituel

Le torrent avec le glacier au fond

La vallée avec un bois sec

lundi 1 novembre 2010

Un week-end magnifique

Le début d'un week-end magnifique 
La cascade
Une belle balade ne pouvait pas mieux commencer. Après les deux premiers kilomètres qui nous conduisent à la route, nous sommes pris en stop par un pick-up où nous nous installons dans la benne alors que le soleil du matin semble vouloir percer. Nous sommes déposés à quelques centaines de mètres de la passerelle enjambant le Rio Azul qui relie le refuge "el motoco" au reste du monde. L'accès au refuge est un sentier de vingt-cinq kilomètres mais le dénivelé n'est pas forcément très grand, du moins sur la carte. Le premier quart d'heure se fait au ralenti pour chauffer les muscles et profiter d'une cascade en contrebas. Après une ascension d'un peu plus d'une heure et demi, nous arrivons à un point de vue sur la vallée qui est magnifique et là, sur la gauche, deux énormes oiseaux qui tournent à trois cents mètres de nous, ce sont deux condors.
Les condors
Ils sont là, nous avons le temps de les voir à la jumelle, de prendre des photos et de nous émerveiller. Après cette petite pause, le chemin redescend et nous commençons à nous dire que le dénivelé va peut-être nous surprendre. Nous traversons un premier petit torrent puis un second en profitant de la vue qui est magnifique avec des cascades et des vaches. Elles sont là, broutant le versant d'en face qui est plus ou moins à pic mais surtout au milieu de nulle part. Les passages de torrents sont nombreux et certains demandent des talents d'équilibriste. Nous suivons tout le temps le "rio Motoco" qui tonne du bruit du printemps quand l'eau est abondante à cause de la pluie et de la fonte des neiges. Nous nous arrêtons pour manger près du torrent principal dans un lieu magnifique. Ensuite, la promenade continue avec une alternance de montées et de descentes. Des paysages enchanteurs se succèdent au fil des tournants. La plupart des espèces d'arbres, de plantes, de bambous et d'insectes me sont totalement inconnues. Tout à coup, sur la droite un passerelle qui enjambe le torrent à une dizaine de mètres de hauteur. De loin, elle parait convenable, de près, les planches sont bonnes mais la passerelle fait un mouvement de gauche à droite à chaque pas.
Indiana Jones
Après avoir passé une barrière qui est appelée "du milieu", nous arrivons dans un lieu étrange avec une espèce de cabane semi-abandonnée jonchée de bouteilles vides et d'emballages, le squelette d'une construction de deux étages et une sorte de parc. Nous apprendrons plus tard par que ce parc sert pour les vaches du propriétaire quand il faut les marquer. Une fois ce lieu passé, nous arrivons à la seconde passerelle qui, présente nettement moins bien que la première malgré ou à cause de la seconde couche de planches qui croise la première. Elle permet non seulement d'enjamber la rivière mais se trouve exactement sur le quarante-deuxième parallèle sud et donc à la frontière entre les provinces de Chubut et de Rio Negro.
Indianora
Elle est suivie de près par la montée de los caracoles (des escargots) qui demande aux jambes ce qu'elles n'ont pas encore donné. Un peu plus loin, nous sommes obligé de faire déplacer un troupeau de vaches qui bloquent totalement le chemin et qu'il est impossible de contourner. La dernière alternance de montées et de descentes permet d'arriver jusqu'à un faux-plat montant qui mène au refuge. Ce dernier kilomètre est situé dans une vallée plus large et suit le torrent sur sa droite. Le décor est magique, on croirait arriver dans un décor de film. La rivière coule au milieu de deux prairies faiblement boisées, le son du torrent est plus doux, des sommets enneigés entourent le lieu et d'une maisonnette fume une cheminée.


Le refuge et la rencontre avec Luis
Nous savons que le refuge est ouvert toute l'année mais au moment où nous arrivons, il ne semble pas y avoir âme qui vive. Nous décidons d'entrer et de poser nos sacs pour attendre le gardien. Nous jetons un oeil dans cet intérieur qui est un peu sombre et sobre mais habité par un homme puisqu'il y a un rasoir près de l'évier. Un PC joue Highway to hell et c'est justement le contraire qui vient de se passer, c'est footpath to paradise mais je verrai par la suite que mes goûts musicaux sont très proches de ceux du gardien du refuge. Une visite rapide au deuxième étage, nous permet d'apercevoir les matelas qui vont nous servir pour la nuit. Tout ce que je peux dire après un examen éclair, c'est que nous ne les entraînerons pas. Après avoir redescendu les deux trois degrés de l'escalier en colimaçon situé au centre de la maison qui permettent de voir le premier étage, nous nous installons sur les bancs et entendons du bruit à l'étage. Nous étions en fait arrivé au milieu de sa sieste. Un homme hirsute mais rasé de frais descend et nous invite à prendre un jus d'orange. Il nous dit qu'il s'appelle Luis, nous demande d'où nous sommes, si nous avons croisé du monde en venant. De Lettonie et de France et non pas une seule personne mais deux condors. Nous nous reposons un peu et visitons les environs. Nous nous attablons ensuite avec Luis qui nous raconte qu'il vit depuis deux ans ici et qu'il s'occupe de la forêt, du refuge et qu'il est employé par le propriétaire des dix-huit mille hectares qui entourent ce havre de paix dans lequel nous sommes arrivés. Il nous explique ensuite comment fonctionne ce milieu fragile et situé en zone de protection. De ce statut, découle que la terre ne peut pas être vendue et que le bois ne peut pas être coupé, ce qui fait que l'énorme propriétaire terrien n'est riche que sur le papier. Le vent qui avait commencé à souffler quand nous sommes arrivés, semble prendre de la puissance. Cela est du à la déforestation massive du côté chilien et au fil des ans, le vent devient de plus en plus fort et de plus en plus fréquent.
Luis est boulanger à ses heures perdue
Luis est curieux de savoir ce qu'est ce petit pays dont nous lui avons parlé et qui semble être à l'autre bout de la terre. Pour beaucoup de gens, cela parait bizarre qu'un si petit peuple puisse avoir sa propre langue et une culture multi-centenaire qui se soit perpétuée malgré les puissants voisins. Nous parlons ensuite des différentes espèces d'arbres que nous ne connaissons pas et qui sont en fait très locales. C'est à ce moment qu'il nous propose de nous accompagner le lendemain matin jusqu'à un bois d'alerces. Ce sont des arbres de la région appartenant à la famille des séquoia. Il nous raconte l'histoire du refuge qui a douze ans et où le panneau photovoltaïque a remplacé le groupe électrogène, l'histoire de cette carte, la première de la région tracée par un docteur qui au cours de ses expéditions a baptisé les sommets qui n'avaient pas de noms. Le sommet en face de la porte s'appelle Alicia à cause d'une de ses filles et un autre dont je vous ai parlé s'appelle Nora pour la même raison. Cette discussion, à laquelle s'est joint, Nicolas, un ami venu lui rendre visite, nous a conduit jusqu'à l'heure du dîner et pas loin de celle du coucher. Quand on habite dans un lieu si isolé, il faut avoir de très bons amis et qui aiment marcher.

La découverte du bois multimilénaire
Chauras
La nuit se passe très bien malgré le vent qui souffle à décrocher la toiture et de passer du tapis de sol à un matelas explosé donne la même impression que de passer d'une auberge de jeunesse à un hôtel trois étoiles. Le réveil se fait doucement et nous partons vers dix heures pour découvrir ce bois d'alerces qui est, aux dires de Luis, vieux de mille cinq cents à deux mille ans. Sur le chemin nous goûtons de Chauras, ce sont des petites baies poussant comme les myrtilles mais ont la consistance et le goût de la pomme. Il nous montre ensuite que les Cihbue sont des arbres qui poussent vite puisqu'il atteignent plus d'un mètre de rayon en cent ans mais qui se décompose de l'intérieur et sont donc souvent mis à terre par les rafales de vent. Au coin d'un chemin se cache une magnifique cascade qu'il est possible de voir de face et de dessus.
Nora est toute petite et
encore très jeune
Nous arrivons au bois en question et là des arbres immenses dont le diamètre dépasse deux mètres nous surplombent. Luis nous avait montré un petit spécimen sur le chemin qui du haut de ses deux cents ans ne faisait pas plus de quatre mètres de haut pour une vingtaine de centimètres de diamètre. Ces arbres poussent très lentement mais sont en revanche extrêmement solides, résistants au froid et au feu grâce à une écorce épaisse et qui se consume lentement. Nous avons ensuite redresser un spécimen d'environ trois cents ans que le torrent avait renversé et je me suis dit que dans deux mille ans, des gens viendrait ici et se diraient que ce bois est formidablement beau en regardant le travail de Luis et un peu du mien. Car au-delà des tâches précitées, il est pompier affecté à la surveillance des incendies et infirmier. J'ajouterais guide à cette liste et hôte de grande qualité.


Les questions sur le chemin du retour
La première carte de la région
Sur le chemin du retour, je fais beaucoup plus attention aux espèces que Luis m'a présenté et essaye de voir les animaux qui se cachent dans cette immense forêt. Je m'aperçois qu'il y a des pousses de fraises mais dont la taille est celle de nos jardins. Je me rappelle alors que c'est une espèce qui nous vient d'Amérique. Vient ensuite d'autres questions sur les mûriers, les églantiers que nous croisons. Est-ce l'européen qui a emmené avec lui des graines de façon volontaire ou non ? Est-ce que les fruits sont différents et ce sont deux espèces qui ont évolué chacune de leur côté après la séparation des continents ? Existe-t-il toujours des espèces de plantes datant de cette époque ? Mais au fait, c'était quand exactement cet époque ? Est-il possible que ce soit des oiseaux migrateurs qui traversent l'Atlantique ? Pourquoi traverseraient-il l'Atlantique alors que dans les deux cas, il y a des continents au nord et au sud ? Je me suis posé énormément de questions sur l'évolution des espèces et me suis rappelé les pigeons et les moineaux qui vivent dans les villes d'Argentine et d'Uruguay. Je veux bien que le pigeon traverse puisqu'il y a des pigeons voyageurs mais le moineau ? Les cigognes que nous avons vu sur la route d'Iguazu sont les mêmes que celles de Lettonie donc il y a eu au moins un couple qui a fait le voyage avant ou après Christophe Colomb. Finalement, Christophe Colomb n'a peut-être pas été le premier européen en Amérique. D'ailleurs, il faut que je retourne voir les théories sur le peuplement des Amériques par l'homme avant l'arrivée des européens. Une partie de la réduction de la population pré-colombienne à une peau de chagrin est due aux maladies dont les bateaux ont été les vecteurs. Il y a-t-il eu des espèces de plantes ou d'animaux qui ont disparu sans qu'on s'en aperçoive, si oui, en quelle proportion ? Nous rencontrons deux groupes de quatre marcheurs dont un se dirige vers le refuge. Cela est presque surprenant après la solitude complète de la veille. Les points de vues sur le paysage sont différents et nous permette de redécouvrir un chemin que nous avions pourtant fait la veille. Les condors ne sont plus là ou tapis dans leur nid qu'il est impossible de voir. Les sommets sont dans la grisaille et la pluie qui aura menacé toute la journée ne nous sera finalement pas tombé dessus. Puis, au détour du sentier, nous voyons les maisons tapies dans la vallée, le voyage dans ce sanctuaire de la nature est fini. Avons-nous vraiment envie de retourner chez Eléonora qui pleure toujours la mort de son ex-président comme s'il fut un proche ? N'aurions-nous pas du rester là-haut, aller jusqu'au bois d'alerces encore plus vieux et plus haut peut-être même jusqu'au lac où s'arrête le chemin parce qu'après, c'est le Chili ? Nous aurons d'autres occasions de nous immerger dans la nature et l'avantage des randonnées au printemps est la solitude qu'elles apportent qui sont propices à l'écoute, à l'observation, à la réflexion, à la création et au partage quand la solitude est rompue.
Avant le départ du refuge