vendredi 26 novembre 2010

Puerto Natales-Puerto Montt : La croisière ça m'use...

Le titre est racoleur mais en fait pas trop vrai. Les trois jours de bateau ont été magnifiques et nous avons pris des tonnes de photos des fjords chiliens dans lesquels nous avons circulé. La surprise fut de se retrouver en cabine de quatre personnes alors que nous avions réservé des dortoirs mais ce fut la même chose pour nos compagnons de chambre puisque le bateau n'était pas rempli et qu'à la fin, ils ont rempli les dortoirs avec des gens de Puerto Eden, un port perdu au milieu des fjords. A bord, l'équipage est agréable mais les voyageurs complètement différents de ceux que nous avons pu rencontrer en auberge de jeunesse ou dans les campings le long du périple argentin. Déjà, il y a un pourcentage d'allemands beaucoup plus élevé, une moyenne d'âge qui l'est aussi et les moyens financiers également. Nous avons fait la connaissance de gens autour de cartes ou de verres. Il y a eu aussi des conférences sur la formation de la région, la flore et la faune locale.
Pour se figurer ce que nous avons pu voir, il faut imaginer une côte totalement sauvage avec parfois des bouts de glace qui flotte dans les canaux et les fjords. Il faut imaginer que les seules marques de l'humanité pendant des centaines de kilomètres consistent en des balises qui indiquent le chemin. Il faut essayer de voir Puerto Eden, un village isolé du monde et relié à celui-ci deux fois par semaine par le ferry que nous avons pris. Imaginer qu'il y a des milliers d'îles sauvages qui ont été répertoriées par l'homme mais qu'il y en a sans doute beaucoup qui n'ont pas été foulé par un pied depuis des dizaine d'années. Dans la continuité, il faut imaginer un glacier immense qui ne se jette pas dans un lac mais dans l'océan. Ce glacier étant moins rapide que le Perito Moreno, nous n'avons pas eu la chance de voir des morceaux de glace s'écraser dans la mer.  A un moment, il y a une épave loin de tout qui semble sombrer depuis des dizaines d'années sans pouvoir se décider si elle veut disparaitre ou pas. Tout au long du voyage, il y a des oiseaux, des thons, des dauphins et plus on arrive vers Puerto Montt, plus il y a de traces de l'occupation humaine. La côte est très humide, parfois trop pour des touristes et la végétation est luxuriante sur les versants des montagnes dont les sommets sont couverts de neige. Il est d'ailleurs intéressant de pouvoir observer si bien l'évolution de l'altitude d'enneigement avec les changements de latitude. A Puerto Montt, même les plus hauts sommets sont découverts alors que les sommets étaient enneigés dès 500 mètres aux alentours de Puerto Natales. Nous sommes également passé en plein océan et j'ai pu apprécié à leurs justes valeur, les shots de vodka de Simon qui m'ont permis de m'entraîner à marcher quand la terre bouge même jusqu'à 30º à gauche puis la même à droite et les parties de belote au commerce avec Spud qui m'ont appris à rattraper au vol tout ce qui peut chuter d'une table même après quelques verres. Nora qui n'a pas eu cette chance est partie se coucher dès les premières grosses vagues. Le voyage n'aurait pas été complet s'il n'y avait pas eu une petite disco pour terminer le voyage mais rien à voir avec une disco européenne. Nous avons principalement pu danser sur de la musique sud-américaine aux rythmes rapides mais sensuels.
Notre bateau

Nora attend l'hélicoptère

Une montagne couverte de cascades immenses

Elles sont vraiment belles ces montagnes

Le glacier Amalia

Puerto Eden avec la navette qui vient de partir du bateau

L'épave

Des îles

Le soleil se couchant sur le pacifique

Puerto Montt

lundi 22 novembre 2010

L'Argentine, c'est fini pour le moment

Voilà, ce matin nous avons traversé la frontière chilienne près de Puerto Natales pour quitter l'Argentine mais l'adieu a vraiment des parfums d'au revoir. Nous avons beaucoup aimé le pays des chauds mais chameau et il est plus que possible que nous y revenions quand les chèvres seront mortes. La frontière n'est pas une formalité car l'amitié chileno-argentine est plutôt fraîche dans les deux sens du terme. Il faut savoir que certaines limites du territoire ne sont toujours pas fixes même s'il s'agit d'étendues de glace. Les chiliens sous prétexte de protéger leur agriculture fouillent tous les sacs, demandent de remplir une déclaration sur l'honneur pour pouvoir entrer sur leur territoire en provenance d'Argentine. Cela est réciproque et d'autant plus surprenant que les argentins ne demandent rien aux passagers en provenance d'Europe ou d'Uruguay. Je ne sais par contre pas comment cela se passe lors d'une entrée par un autre pays que l'Argentine. La seconde chose qui nous a marquée est que le premier panneau à l'entrée en Argentine est un dessin des Malouines avec pour légende : "Les Malouines sont argentines". La guerre de 82 qui avait été lancée pour remettre sur les rails une dictature militaire déclinante semble encore exciter le sentiment nationaliste argentin puisque Ushuaïa est la capitale de la terre de feu, de l'Antartique argentin et des îles de l'Atlantique sud dont font parti les Malouines qui sont "occupées" par l'armée anglaise. Dans la réalité, ce territoire minuscule peuplé de 3500 habitants dont 1500 militaires n'a pas d'autres enjeux politiques que la dernière défaite militaire argentine et le dernier bastion colonial de l'Angleterre. Du côté chilien, ce qui est le plus important, c'est que les hommes ne fassent pas entrer ce que les oiseaux, le vent et les insectes transportent chaque jour et le premier panneau dit : "Évitez les amendes" avec une pomme et un fromage dessinés.
Nous allons donc nous embarquer sur un ancien cargo pour voyager trois jours dans les fjords du sud du Chili et arriver à Puerto Montt. La nourriture est fournie à bord, reste à voir pour la boisson et comment sera le confort dans une cabine de 42 couchettes. Le fait est qu'on a trouvé un logement "chez l'habitant" pas cher et dans une chambre où nous sommes que tous les deux.

samedi 20 novembre 2010

L'auberge incroyable et Perito Moreno

Nous sommes arrivés dans un auberge incroyable... Elle n'est pas forcément formidable mais elle nous a permis de retrouver un nombre de gens impressionnant à commencer par Sabine et Pierre dont j'avais déjà parlé précédemment. Mais nous avons aussi revu Pauline qui était dans notre hôtel à Ushuaïa, une israélienne avec qui nous y étions arrivé, un groupe de français pas forcément très polis qui partageaient notre auberge à Puerto Madryn et un français qui partageait notre chambre à Puerto Iguazu. Si les gens s'arrêtent souvent dans le même type d'auberge, c'est incroyable de revoir autant de gens en même temps alors que nous n'en avions pas revu avant. Nous avons donc fait une petite soirée avec nos amis d'Ushuaïa à laquelle s'est joint Pauline et Lizzy, une anglaise de passage à El Calafate.
Aujourd'hui, un peu barbouillés et dans la grisaille nous sommes allés voir un nouveau monument naturel du territoire argentin. Il s'agit d'un glacier des environs de El Calafate qui se jette dans un lac à la vitesse de deux mètres par jour. Pour comprendre le phénomène, il faut savoir qu'il y a une calotte glacière de 14200 kilomètres carrés qui couvre un altiplano situé sur les territoires chiliens et argentins et dont les frontières sont encore discutées. Le glacier et la montagne que nous avons précédemment vu près de El Chalten en font partie. Cette masse de glace pousse sur les franges du haut vers le bas et au niveau bas, la glace est compressé et dans le cas du glacier Perito Moreno ou dans celui du Veidma, ils se finissent dans un lac. Cela donne un spectacle impressionnant puisque des morceaux de glace se détachent chaque jour du glacier et tombe dans l'eau 60 mètres en contrebas. La chose est visible depuis une péninsule du lac qui permet de voir le front du glacier à moins de 300 mètres. Les photos parlent d'elles-mêmes.

la face nord

la face sud

le front

un morceau se détache du glacier dans le carré rouge

le dessus du glacier

vendredi 19 novembre 2010

Une grande randonnée

Nous avons quitté El Calafate pour El Chaltén en stop avec un couple de jeunes retraités français qui voyagent avec un 4x4 aménagé en Amérique du Sud. Sur la route et à l'arrivée, les paysages sont magnifiques. Les steppes commencent à s'élever et forment des collines au couleur et aux formes magnifiques. Au loin, nous avons le Fitz Roy et les monts qui l'entourent. Nous sommes chanceux car il parait que ce n'est pas tous les jours qu'il est possible de voir le sommet de cette tour de pierre qui garde un immense glacier. Nous nous sommes arrêtés pour quelques photos le long du lac Veidma et nous sommes arrivés en début de soirée à la capitale nationale de la randonnée. Quelle capitale ! Un arrêt municipal a fait fermer les deux camps de base du parc national sans réelle raison et ce n'est pas la peine de demander pourquoi aux gardes. La vraie raison, on la comprend vite quand on fait un pas dans ce village champignon créé au milieu des années 1980. Ce sont les différents hôtels, campings et auberges qui devaient voir d'un mauvaise oeil la présence d'un camping gratuit dans leur zone de achalandage. A El Chaltén, les choses sont faites pour les touristes et si ça ne marche pas, on légifère pour que ça marche. Nous avons donc subi la prise d'otage des locaux.
Le lendemain, nous avons plié bagage et nous sommes montés au bord d'une lagune qui se trouve au pied du Fitz Roy. La vue était magnifique et le campement suffisamment isolé pour nous permettre de sentir la forêt. Nous avons profité de la vue et des avalanches pendant deux jours. C'est impressionnant d'entendre la neige tomber de plusieurs centaines de mètres plusieurs fois par jour. Du lieu d'observation, j'ai pu en voir deux où certainement plusieurs tonnes se sont fracassées sur les rochers en contrebas. La montagne est belle mais peuplée. Il faut faire gaffe où on pose sa tente car certains endroits sont réservés aux tours operators. Les chemins se creusent rapidement au fil des ans et les gardes du parc sont obligés de modifier les itinéraires pour limiter l'impact sur la nature. Sur la masse de touristes et de locaux qui montent sur les hauteurs le week-end, beaucoup ne connaissent pas la différence entre ce qui est biodégradable et ce qui ne l'est pas et ne comprennent pas que des latrines ne sont pas un vide-ordures. Le parc a été vendu aux différents prestataires de services mais aucun effort n'est réellement fait pour préserver la richesse locale. L'information se limite à des panneaux et le droit d'entrée pourrait servir à fournir une rapide formation à la fragilité de l'écosystème dans lequel on pénètre. Nous sommes redescendu dans la vallée pour éviter le vent et la pluie qui commençaient à sévir sur le plateau et pour profiter de la vue d'un glacier qui se jette dans une lagune. La vue était formidable avec les icebergs qui flottaient sur le lac mais nous n'avons pas vraiment réussi à éviter le mauvais temps et le vent froid qui soufflait du glacier fut notre compagnon les deux jours suivant. 
Enfin, nous sommes retournés à la civilisation car nous devions continuer notre itinéraire et que nos ressources alimentaires s'épuisaient. Le chemin du retour est lui aussi magnifique avec une vue magique sur une chaîne de de cascades découpant un ruisseau et le torrent grondant et sablonneux qui descend directement du glacier. Nous espérons pouvoir profiter à nouveau d'un moment de nature comme celui-ci au Chili et sous des latitudes plus clémentes.
Le glacier Grande

Le Fitz Roy

C'est la danse des canards

Le Fitz Roy sous son aspect habituel

Le torrent avec le glacier au fond

La vallée avec un bois sec

vendredi 12 novembre 2010

Ushuaïa suite et fin

Nous sommes partis hier d'Ushuaïa pour rejoindre El Calafate et le parc des glaciers où nous sommes décidé à faire une ou deux longues randonnées de deux à quatre jours et voir la glace qui se jette dans le lac. Nous avons quittés la ville la plus au sud du monde après avoir partagé un excellent dîner avec Sabine, Pierre et Roberto. Ce dernier nous a parlé de la superstition en Bolivie et des gens qu'on enterrait vivant avant la construction d'un building pour éviter les accidents. La tradition voudrait qu'une âme soit sacrifiée en fonction de la taille du bâtiment à construire et cela va de la poule à l'être humain. Le marché se fait souvent où une famille va "vendre" pour quelque milliers de dollars (ce qui est énorme pour le pays) un membre alcoolique ou drogué qui sera coulé dans le ciment alors qu'il est alcoolisé ou drogué. Il nous a conseillé un film appelé "le cimetière des éléphants" qui parle de lieux de suicide par l'alcool institutionnalises. Roberto nous a ensuite laissé pour se reposer avant le bus du lendemain qu'il a raté. La vue au soleil levant de la baie était magique mais pas photographiable comme c'est parfois le cas pour les instants de pure beauté que nous passons. Les autorités chiliennes et argentines ont été moins pointilleuse et le passage en barge moins tourmenté qu'à l'aller.

PS : j'ai ajouté des photos aux précédents billets

Ici l'eau est précieuse et j'ai un nouveau chapeau

Le glacier

J'irai au bout du monde avec mon amour

La ville vue du nord

La ville vue du sud

mercredi 10 novembre 2010

Ushuaïa et le Glacier Le Martial

L'excursion au glacier Le Martial nous a permis de voir la baie d'Ushuaïa de haut et de rencontrer un bolivien et un couple de français fort charmants. La ville d'Ushuaïa est sans doute la plus chère d'Argentine et peut-être du continent mais ce n'est pas forcément le spot touristique auquel je m'attendais. La richesse principale semble venir de l'activité portuaire puisqu'il s'agit d'un lieu de passage entre les océans Atlantique et Pacifique. La ville a une atmosphère particulière qui est un mélange de ville portuaire et de ville touristique. J'ai pu faire tamponner mon passeport avec un "Ushuaïa, la ville la plus au sud du monde" et ça peut-être une idée pour Sabile qui est la vigne la plus au nord du monde. Nous avons eu les quatres saisons depuis que nous sommes arrivés et il semble que les pigeons et les moineaux n'aient pas suivi l'humain jusqu'ici mais vu le vent qui soufflait hier après-midi, j'ai tendance à les comprendre. Si le voyage jusqu'ici valait le coup, ce n'est pas le cas de l'auberge dans laquelle nous sommes descendus et elle est à deconseiller sous tous les aspects. Elle est bruyante, peu confortable, la salle de bain est peu nettoyée et le personnel qui est désagréable ne semble pas s'en soucier. Pour information, elle s'appelle Patagonia Pais.
Aujourd'hui nous avons eu l'été et la ballade nous a permis de nous dégourdir les jambes qui ne se font plus à l'immobilité. Roberto nous a accompagné et nous avons rencontré Pierre et Sabine en chemin. Pierre m'a entretenu une bonne partie du chemin sur la permaculture et sur les plantes qui se nourrissent l'une l'autre. Il m'a expliqué qu'en plantant des poireaux avec des fraises, les fraises donnaient plus et plus longtemps même à partir de la première année et que les oignons protégeaient les carrotes d'un ver. Cela fera un thème de plus à creuser quand nous reviendrons en Europe. J'ai moins parlé avec Sabine mais ils nous ont invité à partager leur barbecue ce soir au camping donc nous aurons l'occasion de faire plus large connaissance avec eux et Roberto qui nous a prévu un itinéraire de découverte de La Paz et ses environs. La discussion que nous avons eu avec lui n'a fait qu'exiter encore plus notre curiosité pour ce pays dont beaucoup d'amis nous ont déjà parlé.
La montée est dure mais la vue vaut le coup sur la baie

Glacier le Martial

Sabine, Roberto et Pierre

mardi 9 novembre 2010

Des baleines de Puerto Madryn à la neige d'Ushuaïa

Nous avons quitté Puerto Madryn après avoir vu ce pour quoi nous étions venus. Nous avons fait une visite de la péninsule Valdes avec un tour en bateau qui nous a permis de voir des baleines à moins de 4 mètres. C'était vraiment impressionnant au niveau son et vue. En effet, les enfants font claquer leur queue sur les flots pour appeler leur mère. De même, elles se parlent en émettant des sortes de barrissements qui sont excessivement forts. Mais ici, l'homme est un animal dangereux car si les visites touristiques semblent plus les amuser que les déranger, il n'en est pas de même de l'industrie portuaire de pêche qui conduit à une multiplication des mouettes sans précédent. Les mouettes se nourrissent d'abord des résidus de poissons avant d'attaquer les baleines pour leur arracher un peu de chair. Le phénomène est si important que les baleines ont appris à nager avec le dos courbé sous l'eau pour protéger une partie de leur corps. Nous avons ensuite vu des éléphants de mer mais cela ressemble plus à Cannes au mois de juillet qu'à une colonie d'animaux sauvages. Le plus gros fait tout de même 2,5 tonnes après avoir perdu près de 1,5 tonnes en baisant (108 partenaires ça fatigue et il ne partage pas même si certains sont seuls). Ce qui nous a plu est la colonie de pingouins qui viennent observer les touristes pour voir à quoi ça ressemble un homme vu de près. Il est interdit de donner à manger aux animaux et l'application de cette règle fait l'objet d'une réelle vigilance afin que les animaux ne deviennent pas dépendants de l'homme au cas où le parc fermerait au public. Enfin, nous avons vu des orques au loin mais pas de quoi casser trois pattes à un cormoran...
La route vers Ushuaïa fut longue et surprenante. Il y a tout d'abord, deux postes frontières à passer et les autorités chiliennes désirent savoir tout ce qui entre sur son territoire. Nos bagages sont donc passés deux fois au scanner. Cela a du prendre 6 heures en tout pour les deux postes. Il y a un passage en barge du détroit de Magellan qui nous a permis de voir des dauphins noirs et blancs. Le vent était très fort et la mer agité mais cela avait l'air de beaucoup plaire aux marins chiliens. Le fait est que une fois dans le bateau, ça bouge mais ce n'est pas si terrible. Nous avons ensuite du changer de bus pour atteindre la dernière ville avant l'Antartique. La faune de Patagonie se compose de lamas que l'on appelle Guanaco et d'espèces d'autruches. Lorsque nous avons commencé l'ascension vers le massif du centre de l'île, les choses ont commencé à se gâter au niveau météorologique. Nous avons regardé la neige avec un premier regard amusé mais quand le vent s'est mis à écraser d'énormes flocons contre les vitres et sur la route, nous nous sommes demandés si nous n'aurions pas à rester sous la neige pour une nuit. Nous sommes arrivés à Ushuaïa un peu plus de trois heures après l'heure prévue et il faisait trop froid et humide pour le camping.
Ce matin, nous nous sommes réveillé entourés de montagnes enneigés jusqu'au niveau de la mer et c'est vraiment magnifique. Nous allons visiter les hauteurs cette après-midi et nous avons laissé tomber l'idée de randonnée sur deux jours dans la région pour une randonnée vers un glacier d'une journée. La météo est trop changeante pour se risquer dans les montagnes.

Un pingouin de Magellan

Des éléphants de mer
La neige d'Ushuaïa

vendredi 5 novembre 2010

Puerto Madry, une colonie galloise et ça se voit...

Voilà deux jours qu'il pleut et que les pistes de la péninsules sont fermées aux voitures de tourisme. En attendant une éclaircie, nous en faisons... En venant ici, les gallois n'ont pas oublié de prendre de la pluie et des nuages.
Nora désespère et veut se jeter dans la mer pour aller voir les baleines
Une marée noire à marée basse... de moules
Un couple de perroquets en pleine nature...

jeudi 4 novembre 2010

Départ de la ferme pour de nouvelles aventures

Nous sommes partis hier d'El Bolson pour arriver ce matin à Puerto Madryn. Le temps est exécrable mais puisqu'ils disent que ça va tourner au nord-ouest, ça devrait se réchauffer.
Finalement, ça arrangeait Eleonora pécuniairement que nous partions plus tôt car le jardin ne donnant pas encore et les vaches étant dans les derniers mois de grossesses, elle était obligée d'acheter toute la nourriture. De plus, le marché artisanal n'apporte pas des revenus suffisants. Un nouveau projet semble vouloir nous accueillir dans le nord-est du Pérou donc c'est plutôt une bonne nouvelle. Cependant, cela veut dire que nous devons parcourir le sud de l'Argentine, le Chili en long, la Bolivie et faire la visite de Machu Pichu avant. 
Le projet est basé sur l'exploitation forestière durable et l'étude des micro-organismes agissant sur le compost dans la région. A la différence de la Granja "La Juana", plusieurs volontaires sont présents au même moment. C'est le projet qui nous plaisait le plus de ceux à qui nous avions envoyé une seconde volée de demandes.
Demain, baleines, éléphants de mer et pingouins devraient être au rendez-vous...

lundi 1 novembre 2010

Un week-end magnifique

Le début d'un week-end magnifique 
La cascade
Une belle balade ne pouvait pas mieux commencer. Après les deux premiers kilomètres qui nous conduisent à la route, nous sommes pris en stop par un pick-up où nous nous installons dans la benne alors que le soleil du matin semble vouloir percer. Nous sommes déposés à quelques centaines de mètres de la passerelle enjambant le Rio Azul qui relie le refuge "el motoco" au reste du monde. L'accès au refuge est un sentier de vingt-cinq kilomètres mais le dénivelé n'est pas forcément très grand, du moins sur la carte. Le premier quart d'heure se fait au ralenti pour chauffer les muscles et profiter d'une cascade en contrebas. Après une ascension d'un peu plus d'une heure et demi, nous arrivons à un point de vue sur la vallée qui est magnifique et là, sur la gauche, deux énormes oiseaux qui tournent à trois cents mètres de nous, ce sont deux condors.
Les condors
Ils sont là, nous avons le temps de les voir à la jumelle, de prendre des photos et de nous émerveiller. Après cette petite pause, le chemin redescend et nous commençons à nous dire que le dénivelé va peut-être nous surprendre. Nous traversons un premier petit torrent puis un second en profitant de la vue qui est magnifique avec des cascades et des vaches. Elles sont là, broutant le versant d'en face qui est plus ou moins à pic mais surtout au milieu de nulle part. Les passages de torrents sont nombreux et certains demandent des talents d'équilibriste. Nous suivons tout le temps le "rio Motoco" qui tonne du bruit du printemps quand l'eau est abondante à cause de la pluie et de la fonte des neiges. Nous nous arrêtons pour manger près du torrent principal dans un lieu magnifique. Ensuite, la promenade continue avec une alternance de montées et de descentes. Des paysages enchanteurs se succèdent au fil des tournants. La plupart des espèces d'arbres, de plantes, de bambous et d'insectes me sont totalement inconnues. Tout à coup, sur la droite un passerelle qui enjambe le torrent à une dizaine de mètres de hauteur. De loin, elle parait convenable, de près, les planches sont bonnes mais la passerelle fait un mouvement de gauche à droite à chaque pas.
Indiana Jones
Après avoir passé une barrière qui est appelée "du milieu", nous arrivons dans un lieu étrange avec une espèce de cabane semi-abandonnée jonchée de bouteilles vides et d'emballages, le squelette d'une construction de deux étages et une sorte de parc. Nous apprendrons plus tard par que ce parc sert pour les vaches du propriétaire quand il faut les marquer. Une fois ce lieu passé, nous arrivons à la seconde passerelle qui, présente nettement moins bien que la première malgré ou à cause de la seconde couche de planches qui croise la première. Elle permet non seulement d'enjamber la rivière mais se trouve exactement sur le quarante-deuxième parallèle sud et donc à la frontière entre les provinces de Chubut et de Rio Negro.
Indianora
Elle est suivie de près par la montée de los caracoles (des escargots) qui demande aux jambes ce qu'elles n'ont pas encore donné. Un peu plus loin, nous sommes obligé de faire déplacer un troupeau de vaches qui bloquent totalement le chemin et qu'il est impossible de contourner. La dernière alternance de montées et de descentes permet d'arriver jusqu'à un faux-plat montant qui mène au refuge. Ce dernier kilomètre est situé dans une vallée plus large et suit le torrent sur sa droite. Le décor est magique, on croirait arriver dans un décor de film. La rivière coule au milieu de deux prairies faiblement boisées, le son du torrent est plus doux, des sommets enneigés entourent le lieu et d'une maisonnette fume une cheminée.


Le refuge et la rencontre avec Luis
Nous savons que le refuge est ouvert toute l'année mais au moment où nous arrivons, il ne semble pas y avoir âme qui vive. Nous décidons d'entrer et de poser nos sacs pour attendre le gardien. Nous jetons un oeil dans cet intérieur qui est un peu sombre et sobre mais habité par un homme puisqu'il y a un rasoir près de l'évier. Un PC joue Highway to hell et c'est justement le contraire qui vient de se passer, c'est footpath to paradise mais je verrai par la suite que mes goûts musicaux sont très proches de ceux du gardien du refuge. Une visite rapide au deuxième étage, nous permet d'apercevoir les matelas qui vont nous servir pour la nuit. Tout ce que je peux dire après un examen éclair, c'est que nous ne les entraînerons pas. Après avoir redescendu les deux trois degrés de l'escalier en colimaçon situé au centre de la maison qui permettent de voir le premier étage, nous nous installons sur les bancs et entendons du bruit à l'étage. Nous étions en fait arrivé au milieu de sa sieste. Un homme hirsute mais rasé de frais descend et nous invite à prendre un jus d'orange. Il nous dit qu'il s'appelle Luis, nous demande d'où nous sommes, si nous avons croisé du monde en venant. De Lettonie et de France et non pas une seule personne mais deux condors. Nous nous reposons un peu et visitons les environs. Nous nous attablons ensuite avec Luis qui nous raconte qu'il vit depuis deux ans ici et qu'il s'occupe de la forêt, du refuge et qu'il est employé par le propriétaire des dix-huit mille hectares qui entourent ce havre de paix dans lequel nous sommes arrivés. Il nous explique ensuite comment fonctionne ce milieu fragile et situé en zone de protection. De ce statut, découle que la terre ne peut pas être vendue et que le bois ne peut pas être coupé, ce qui fait que l'énorme propriétaire terrien n'est riche que sur le papier. Le vent qui avait commencé à souffler quand nous sommes arrivés, semble prendre de la puissance. Cela est du à la déforestation massive du côté chilien et au fil des ans, le vent devient de plus en plus fort et de plus en plus fréquent.
Luis est boulanger à ses heures perdue
Luis est curieux de savoir ce qu'est ce petit pays dont nous lui avons parlé et qui semble être à l'autre bout de la terre. Pour beaucoup de gens, cela parait bizarre qu'un si petit peuple puisse avoir sa propre langue et une culture multi-centenaire qui se soit perpétuée malgré les puissants voisins. Nous parlons ensuite des différentes espèces d'arbres que nous ne connaissons pas et qui sont en fait très locales. C'est à ce moment qu'il nous propose de nous accompagner le lendemain matin jusqu'à un bois d'alerces. Ce sont des arbres de la région appartenant à la famille des séquoia. Il nous raconte l'histoire du refuge qui a douze ans et où le panneau photovoltaïque a remplacé le groupe électrogène, l'histoire de cette carte, la première de la région tracée par un docteur qui au cours de ses expéditions a baptisé les sommets qui n'avaient pas de noms. Le sommet en face de la porte s'appelle Alicia à cause d'une de ses filles et un autre dont je vous ai parlé s'appelle Nora pour la même raison. Cette discussion, à laquelle s'est joint, Nicolas, un ami venu lui rendre visite, nous a conduit jusqu'à l'heure du dîner et pas loin de celle du coucher. Quand on habite dans un lieu si isolé, il faut avoir de très bons amis et qui aiment marcher.

La découverte du bois multimilénaire
Chauras
La nuit se passe très bien malgré le vent qui souffle à décrocher la toiture et de passer du tapis de sol à un matelas explosé donne la même impression que de passer d'une auberge de jeunesse à un hôtel trois étoiles. Le réveil se fait doucement et nous partons vers dix heures pour découvrir ce bois d'alerces qui est, aux dires de Luis, vieux de mille cinq cents à deux mille ans. Sur le chemin nous goûtons de Chauras, ce sont des petites baies poussant comme les myrtilles mais ont la consistance et le goût de la pomme. Il nous montre ensuite que les Cihbue sont des arbres qui poussent vite puisqu'il atteignent plus d'un mètre de rayon en cent ans mais qui se décompose de l'intérieur et sont donc souvent mis à terre par les rafales de vent. Au coin d'un chemin se cache une magnifique cascade qu'il est possible de voir de face et de dessus.
Nora est toute petite et
encore très jeune
Nous arrivons au bois en question et là des arbres immenses dont le diamètre dépasse deux mètres nous surplombent. Luis nous avait montré un petit spécimen sur le chemin qui du haut de ses deux cents ans ne faisait pas plus de quatre mètres de haut pour une vingtaine de centimètres de diamètre. Ces arbres poussent très lentement mais sont en revanche extrêmement solides, résistants au froid et au feu grâce à une écorce épaisse et qui se consume lentement. Nous avons ensuite redresser un spécimen d'environ trois cents ans que le torrent avait renversé et je me suis dit que dans deux mille ans, des gens viendrait ici et se diraient que ce bois est formidablement beau en regardant le travail de Luis et un peu du mien. Car au-delà des tâches précitées, il est pompier affecté à la surveillance des incendies et infirmier. J'ajouterais guide à cette liste et hôte de grande qualité.


Les questions sur le chemin du retour
La première carte de la région
Sur le chemin du retour, je fais beaucoup plus attention aux espèces que Luis m'a présenté et essaye de voir les animaux qui se cachent dans cette immense forêt. Je m'aperçois qu'il y a des pousses de fraises mais dont la taille est celle de nos jardins. Je me rappelle alors que c'est une espèce qui nous vient d'Amérique. Vient ensuite d'autres questions sur les mûriers, les églantiers que nous croisons. Est-ce l'européen qui a emmené avec lui des graines de façon volontaire ou non ? Est-ce que les fruits sont différents et ce sont deux espèces qui ont évolué chacune de leur côté après la séparation des continents ? Existe-t-il toujours des espèces de plantes datant de cette époque ? Mais au fait, c'était quand exactement cet époque ? Est-il possible que ce soit des oiseaux migrateurs qui traversent l'Atlantique ? Pourquoi traverseraient-il l'Atlantique alors que dans les deux cas, il y a des continents au nord et au sud ? Je me suis posé énormément de questions sur l'évolution des espèces et me suis rappelé les pigeons et les moineaux qui vivent dans les villes d'Argentine et d'Uruguay. Je veux bien que le pigeon traverse puisqu'il y a des pigeons voyageurs mais le moineau ? Les cigognes que nous avons vu sur la route d'Iguazu sont les mêmes que celles de Lettonie donc il y a eu au moins un couple qui a fait le voyage avant ou après Christophe Colomb. Finalement, Christophe Colomb n'a peut-être pas été le premier européen en Amérique. D'ailleurs, il faut que je retourne voir les théories sur le peuplement des Amériques par l'homme avant l'arrivée des européens. Une partie de la réduction de la population pré-colombienne à une peau de chagrin est due aux maladies dont les bateaux ont été les vecteurs. Il y a-t-il eu des espèces de plantes ou d'animaux qui ont disparu sans qu'on s'en aperçoive, si oui, en quelle proportion ? Nous rencontrons deux groupes de quatre marcheurs dont un se dirige vers le refuge. Cela est presque surprenant après la solitude complète de la veille. Les points de vues sur le paysage sont différents et nous permette de redécouvrir un chemin que nous avions pourtant fait la veille. Les condors ne sont plus là ou tapis dans leur nid qu'il est impossible de voir. Les sommets sont dans la grisaille et la pluie qui aura menacé toute la journée ne nous sera finalement pas tombé dessus. Puis, au détour du sentier, nous voyons les maisons tapies dans la vallée, le voyage dans ce sanctuaire de la nature est fini. Avons-nous vraiment envie de retourner chez Eléonora qui pleure toujours la mort de son ex-président comme s'il fut un proche ? N'aurions-nous pas du rester là-haut, aller jusqu'au bois d'alerces encore plus vieux et plus haut peut-être même jusqu'au lac où s'arrête le chemin parce qu'après, c'est le Chili ? Nous aurons d'autres occasions de nous immerger dans la nature et l'avantage des randonnées au printemps est la solitude qu'elles apportent qui sont propices à l'écoute, à l'observation, à la réflexion, à la création et au partage quand la solitude est rompue.
Avant le départ du refuge