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mercredi 3 octobre 2012

Arrivée à la cataracte de Sipia


Il reste du chemin et je ne vais pas pouvoir passer par là
La matinée fut dure pour tous les deux. Alors que nous étions déjà à plus de 4km de Cotahuasi, nous avons demandé si la chute d'eau est encore loin. Le sens des distances des gens du coin est tout de même bien reflétait par la carte dont je vous parlais hier. Nous étions sensés être à mi-chemin à ce moment-là mais le mi-chemin s'apparentait plutôt à un tiers. Personnellement, j'ai les pieds en compote, le sac est trop lourd par rapport à ce que j'ai l'habitude de porter et je marche une bonne partie du trajet comme sur des oeufs. Ce ne sont que les paysages et les gens du coin qui sont toujours prêts à donner un coup de main ou dire un bonjour qui me font oublier mes pieds qui me font de plus en plus mal.
Nora veut passer par la passerelle,
je choisirais le pont
Pour Nora, c'est d'abord le genou sur lequel elle est tombée hier qui la fait souffrir mais la douleur au genou est bientôt remplacée par un mal aux épaules qu'on imputera vite au poids du sac et au trajet de la veille. Cependant, comme je l'ai dit, les paysages sont magnifiques et nous sommes dans la partie basse de la vallée qui s'apparente beaucoup plus à ce que j'appelle un canyon. Les montagnes se colorent dans cette partie de rouge, de gris-vert, d'orange, de fauve et de jaune sur un relief façonné par l'érosion de manière incroyable. Au fur et à mesure de l'avancé, nous nous enfonçons de plus en plus dans le canyon et le torrent qui n'a guère reçu d'eau depuis son départ se réduit. Il n'en devient que plus tumultueux. Je vois un véritable étranglement entre deux montagnes et je dis à Nora en claudiquant à cause des ampoules qui me meurtrissent les pieds que ce doit être là que se trouve la fameuse cataracte.
Ca se rétrécit..
Nous avons fait une bonne douzaine de kilomètres sur les huit prévus quand nous croisons des travailleurs juste en dessous du panneau indiquant la cataracte. Nous avons eu peur quelques instants que le chemin soit fermé et que nous ayons fait tout ce chemin pour rien. Heureusement non, ils ont l'air content de nous voir puisqu'ils réparent le chemin pour les touristes et que nous faisons partie de cette espèce. Nous nous arrêtons à l'ombre avant la chute car le soleil de midi tape déjà fort et nous ne voulons pas risquer l'insolation. Nous déjeunons et nous reposons avec pour but de voir la chute d'eau cet après-midi. Je laisse les pieds dans le torrent pendant une bonne dizaine de minutes pour apaiser le feu qui règne en leur sein. Avoir les pieds dans l'eau dans un cadre aussi magnifique après avoir souffert de ces derniers pendant cinq bons kilomètres est jouissif.
Après un frugal déjeuner car nous n'avons pas très faim sous cette chaleur, nous décidons de laisser les sacs en contre-bas du chemin pour aller voir cette fameuse chute d'eau que nous avons tant voulu voir. Finalement, en voyant le chemin serpenter vers le haut puis vers le bas puis de nouveau vers le haut, Nora me laisse seul à l'aventure car ses forces ne sont pas au mieux est le sentier semble dangereux. Il faut en effet faire très attention car le vent est fort et le site est dans son état naturel donc pas de barrières ou de protection d'aucune sorte en cas de faux-pas. Nous ne nous en plaindrons pas mais je reste quand même à trois bons mètres du gouffre dans mon cheminement vers le meilleur point de vue. Je distingue déjà le haut de la chute depuis un bon moment et je reçois des gouttes d'eau poussées par le vent qui remonte la vallée depuis l'océan. Je m'approche de ce qui semble être un belvédère de fortune et c'est de là que j'aperçois la chute d'eau dans son ensemble. 150 mètres d'eau qui dévalent en deux fois la falaise. Le son était déjà assourdissant depuis longtemps mais cette fois c'est encore plus fort. La sensation est parfaite, la vue, l'ouïe, le toucher. Après avoir pris quelques photos comme c'est l'usage, je monte un peu plus haut vers des amas de pierre laissés comme une marque par les touristes qui font le déplacement. Sur le chemin du retour, je vois Nora qui étend du linge. Je ferais un peu de lessive après même si étend donné le lieu on ne peut laver qu'à l'eau douce. Nous profitons également du soleil est du torrent pour faire un brin de toilette dans une crique un peu isolée et nous consacrons un peu de temps à l'écriture de nos carnets de voyage respectifs. Pendant ce temps, deux jeunes hommes sont passés avec des filets de pêche qui sentaient bon le braconnage.

Retour sur Cotahuasi


J'ai deux gourdes pleines
La carte que nous avons glané à l'office du tourisme d'Aréquipa n'est pas vraiment précise même si elle a au moins le mérite d'exister. Sur les 20km que nous avons fait aujourd'hui, seulement une petite dizaine apparaissaient sur la carte et les derniers ont été particulièrement difficiles avec entre autre une chute de Nora due en grande partie à la fatigue. Mais dans l'ensemble, la journée s'est plutôt bien passée. Elle a commencé pour moi par la recherche d'eau pour le petit déjeuner car j'ai eu la bonne idée de mal fermer une des gourdes et l'eau s'est écoulée dans la tente goute à goute mais suffisamment rapidement pour inonder une partie de cette dernière. J'ai pu admirer la vallée d'en-dessus au soleil levant. Nous sommes ensuite passés dans Visbe où se tenait un conseil municipal sur la place principale puis nous avons suivi le fond de la vallée sur le côté opposé à celui de la veille et avons profiter de l'ombre de quelques arbres pour faire un longue pause déjeuner avant de reprendre jusqu'à Cotahuasi.
Le feu
Juste après le déjeuner nous avons vu une fumée rougeâtre s'élever dans les cieux et avons commencé à prendre peur en croyant être en face d'une éruption mais ce n'était qu'un flanc de montagne qui était en feu. Je n'ai jamais vu un feu se propager aussi vite mais un local nous dit que ce n'était rien et en effet, une fois le sommet de la montagne atteint, il s'est arrêter faute de combustible. Vers Cotahuasi commence réellement le canyon et les paysages dont nous avons été les spectateurs avant de descendre planter notre tente valaient l'effort de fin de journée. Demain, nous espérons voir la chute d'eau qui semble être le clou du spectacle de ce canyon.







Un bout de montagne

Et au milieu coule une rivière

Un bain de pieds le soir

mardi 2 octobre 2012

Haute vallée de Cotahuasi


Le sac est presque aussi grand que moi
La première journée de marche s'est plutôt bien passée même les petites douleurs musculaires sont au rendez-vous ce soir. Nous avons installé la tente sur une terrasse qui surplombe la rivière et qui se situe à plus ou moins vingt minutes du village en amont et de celui en aval. Nous avons pris le déjeuner dans des bains chaud qui se nomment Lucha et qui, s'ils ne sont pas aussi bien tenus que ceux de Liucho, ont l'avantage d'être gratuits avec la famille qui nous accueille et vient nous parler. Il est d'ailleurs intéressant de noter que dans cet endroit où nous sommes plus ou moins les seuls touristes, les gens nous parlent facilement, nous saluent, un jeune homme du nom de Romgel a fait un bout de chemin avec nous. Nous avons pu bien avancé cet après-midi car le temps était un tout petit peu couvert et un vent assez fort rafraichi l'air mais le rend encore plus sec.
Dans les bains avec le Dicipac
En essayant de trouver une source, nous avons vu le système d'irrigation qui permet d'alimenter un nombre incalculable de terrasses et qui datent de l'époque Inca en partie. Autour de chaque plan, un petit muret de terre est construit pour permettre à l'eau de stagner un peu car la terre est très sableuse. Il faut dire que nous sommes entourés de part et d'autre par un plateau désertique où le fleuve seul permet la culture. Ici, la mode n'est semble-t-il pas à l'exportation suivant ce que j'ai pu lire et les cultures vivrières sont en grande partie troquées comme c'était le cas à l'époque Inca. Il faut dire que l'exportation n'est pas facile puisque la liaison est celle dont je vous ai déjà parlée et que cette agriculture bio ne permet pas les rendements qui sont obtenus dans la jungle à grand renfort de pesticides et d'engrais.
Survivra-t-elle au prochain tremblement de terre ?

lundi 1 octobre 2012

Les trajets en bus ne sont pas de tout repos

L'hostel la primavera à
Tomepampa
Le trajet en bus fut une expérience à part entière. Tout d'abord, nous arrivons à la gare routière suffisamment en avance pour pouvoir nous renseigner sur les bus qui partent vers La Paz en venant d'Aréquipa. Nous essayons d'acheter des billets pour le trajet du soir auprès de deux entreprises qui assurent la liaison avec Cotahuasi. Aucune ne propose de tickets, les bus sont pleins. Nous changeons d'aile du terminal et demandons quelles autres entreprises assurent la liaison. Il y en a deux autres auprès desquelles nous ne sommes pas allés. Nous nous dirigeons vers la plus proche « Inmaculada Concepcion » qui n'a plus de tickets mais qui refuse à un homme de lui reprendre ses deux tickets pour Cotahuasi. C'est notre chance, nous sautons dessus sans être vraiment sûrs qu'ils seront valides ou que ce soit de vrais billets. Ils sont valides et nous montons dans le bus. Les gens s'entassent avec leurs sacs dans la partie destinée aux voyageurs du bus car les soutes sont réservées au transport de colis et d'encombrants. J'estimais que nos sacs faisaient partie des encombrants mais ce ne fut pas l'avis des autres passagers et du contrôleur. Nos places sont situées au fond du bus et cela nous permet d'installer nos sacs sans trop gêner la circulation. Au moins pendant la première partie du voyage... Les paysages sont magnifiques au soleil couchant mais la position à l'arrière d'un bus dont les amortisseurs ont fait leur vie depuis déjà longtemps est plus qu'inconfortable. Nous sommes déjà contents d'avoir un bus et d'avoir nos sacs. A la nuit tombée, nous attaquons la partie montagneuse du trajet pour ainsi dire puisque la première partie était dans les montagnes également. Au clair de lune nous distinguons les paysages que nous traversons et les précipices auprès desquels nous passons. Vers la moitié du chemin, nous nous arrêtons dans une ville pour débarquer des passagers et en prendre d'autres. C'est à ce moment-là que nous apprenons que la place 49 existe alors qu'elle n'est indiquée nulle part et qu'elle servait pour l'instant de siège à nos sacs. Nous devons donc laisser la place à une mamita habillée à la mode des montagnes s'assoir et prendre nos sacs sur nos genoux. La secondes partie du trajet est beaucoup plus chaotique et le passage à plus de 4000 mètres dure suffisamment longtemps pour se faire sentir un petit peu. Les genoux écrasés par nos sacs, nous apprécions encore moins les nids de poules à pleine vitesse avec les sus-dits amortisseurs. D'autant plus que la mamita en surbooking prend de plus en plus de place sur l'espace qu'il me restait après avoir partagé une partie de mon fauteuil. Quand elle semble vouloir descendre nous sommes aux anges et nos sacs ont vite retrouvé la place 49 sur laquelle ils avaient commencé le voyage. Le répit est de courte durée puisqu'elle revient après un bon quart d'heure sans que nous ayons pu comprendre ce qu'elle avait fait pendant ce temps. Enfin, elle descend avec bon nombre de passagers et nous nous installons pour les dix minutes de voyage supplémentaires. Nous arrivons dans l'auberge où nous étions sensé avoir une réservation un peu avant 4h mais le système de réservation n'existe pas vraiment en fait et personne ne savait que nous arrivions. L'auberge Primavera est de toute façon vide et nous avons peut-être une idée de pourquoi. Au moment de réserver, on nous avait promis l'accès à la cuisine même si le déjeuner inclus. Ce matin, pas d'accès à la cuisine et pas moyen de prendre un petit déjeuner. Selon la jeune fille qui sert d'hôtesse, elle n'a pas les clefs. Elle doit être passe-murailles car on vient de la voir dans la cuisine... C'est pas grave, on ne restera qu'une nuit sur les deux prévues.

mardi 8 février 2011

Une semaine à Oxapampa

Mardi dernier, Karl, le volontaire scoto-polonais est parti vers le sud après avoir partager 3 semaines de volontariat avec nous et deux mois au total dans la ferme d'Eilif et Carola. Le travail se passe toujours bien et est très enrichissant. Nous apprenons le désherbage sélectif, le semis du sarrasin sans recours à la houe, la culture du yacon grâce à la propagation assistée, l'utilisation du compost pour les poules, l'exécution de quatre poulets coupables de paraître succulents et la préparation de pain.
Le désherbage sélectif consiste à laisser les plantes utiles qui se sont propagées par voie aérienne ou grâce aux gourmands. Au début, cela peut paraître surprenant, habitués que nous sommes aux jardins bien organisés où ne poussent que les plantes désirées. Cela parfois à l'aide de désherbants chimiques qui savent reconnaître la mauvaise herbe mieux que quiconque. Au final, cela permet d'avoir deux niveaux de culture. Un à raz du sol nécessitant souvent moins de lumière puisque la plante vient de la nature où la proximité de la terre rime avec faiblesse de la source lumineuse mais qui permet de garder l'humidité, un plus haut qui protège des rayons direct du soleil et permet un écoulement de l'eau de pluie moins direct vers les plantes situées en dessous. Ici, il s'agira de fraises, de patates douces ou de cacahuètes pour la couche inférieur et de quito-quito, de manioc ou de yacons pour la couche supérieure.

Désherbage sélectif
Le recours à la houe ou à la fourche pour tourner le jardin ne doit pas être systématique. La plupart des micro-organismes qui aident les plantes à pousser se trouvent dans les trois à cinq premiers centimètres de terre. En tournant le jardin trop profond, les micro-organismes et les vers se retrouvent à une profondeur qui les détruit ou ne leur permet pas d'être actif dans les premiers jours du semis. 

Nora bronze en plantant du sarrasin
Toujours dans le domaine du jardinage, nous avons appris à propager le yacon, une plante d'environ deux mètres qui produit des tubercules riches en fructose et délicieuses en salade. Eilif les utilise pour produire de la choucroute qui sera mixée avec de la farine pour les poules. Les tubercules, contrairement aux pommes de terre ne contiennent pas d'yeux mais la racine en est couverte. De cette manière, en procédant à une découpe méticuleuse de la racine, il est possible d'obtenir une trentaine de nouveau plants à l'aide d'une seule racine. De plus, chaque plante produit entre cinq et sept kilos de tubercules succulentes pour un plant qui a un an et le double environ pour une année de plus.

Ce plant de deux ans a produit 13,5 kg de tubercules

Nora replante les yacons
En plus du jardin, il y a une centaine de poules et coqs dans la ferme. Ici aussi, la croissance se fait de manière naturelle. L'idée est de limiter le stress de la captivité grâce à des techniques de mobilité de la cage ou en rendant l'environnement le plus agréable possible. La mobilité de la cage est ce qui s'appelle la pâture pour les poules. La cage est montée sur des skis ou sur des roues qui permettent de mouvoir la cage tous les jours. Cette technique demande beaucoup d'espace et n'est valable que pour les gens disposant d'un lieu de pâture suffisamment important. Afin de garantir aux poules en cage un lieu sain et aux humains un air libre des odeurs que peut produire un élevage de poules, le sol en ciment doit être remplacé par du sol meuble auquel on peut ajouter du compost ou de l'herbe de temps à autre. L'ajout de compost permet aux poules de creuser le sol à la recherche d'insectes ou de vers et ainsi assumer leurs instincts. L'autre partie de la nourriture est une sorte de purée contenant la choucroute riche en ferments lactiles qui permettent aux poules de développer un système immunitaire qui les protège de la majeure partie de maladies bénignes et ainsi avoir un rendement meilleur au niveau de la ponte.

Les cages à poules

Un traîneau qui sert de cage à poules pour la pâture
Cependant, les oeufs ne sont pas l'unique produit qu'Eilif et Carola tirent de l'élevage des poules. La viande de poulet en est une composante. Après avoir parler de notre désir de tenir des poules, Eilif m'a proposer d'en tuer trois pour me faire la main. L'exécution est un moment bizarre même si ça ne m'a pas gêner outre mesure. Tout d'abord, on sélectionne le poulet candidat à la casserole. Ensuite, on l'emmène dans un coin loin de la vue des autres poules. On lève la hache et on l'abat sur le cou du poulet qui ne bouge pas ne sachant pas ce qui l'attend. Il ne se débat qu'une fois la tête séparée du tronc et pendant une minute arrose les bottes et le pantalon de sang. Il faut ensuite le plumer et l'éviscérer rapidement car les plumes se retire mieux tant que le corps est chaud et que la température ambiante permet à de nombreux insectes de voleter autour de la viande fraîche douze mois par an.

Je n'avais pas encore pris le coup mais il est mort sur le coup
Les temps de pluie sont consacrés aux activités d'intérieur et la cuisine fait partie de celles-ci. Nora a préparé du pain les semaines passées et cette fois-ci ce fut mon tour. Le premier essai ne fut pas forcément bon mais le suivant a permis d'affiner la technique. Nous avons appris à cuisiner ou à préparer des fruits et des légumes que nous ne connaissions pas comme la patate douce, la banane plantain ou le manioc.

Reconversion en boulanger
Une expérience sympathique fut l'anniversaire de Sara, la plus petite des deux enfants. Nous avons découvert des jeux, des chants, des danses et des traditions qui sont familières aux enfants péruviens mais qui nous étaient complètement inconnues. Cela nous a permis aussi de rencontrer d'autres parents qui se sont installés à Oxapampa pour différentes raisons.
Nous avons profité du week-end pour découvrir une autre partie du parc Yanachaga-Chemillen et y faire une petite randonnée. Nous sommes partis de bonne heure pour faire une ascension partant de 1800 mètres et arrivant à 3000 mètres. Cela ne fut pas facile. Les premiers kilomètres et mètres de dénivelé n'avaient pas de quoi nous effrayer puisque une fois trouvé le chemin qui mène à l'entrée du parc, la seule difficulté est de mettre un pied devant l'autre et nous avons même eu la chance d'être pris en stop par un pic-up. Le garde-parc nous a rejoint pour nous aider à passer le torrent même si cela ne présenter pas de réelles difficultés mais une côte raide a failli venir à bout de nos forces et nous arrêter au premier refuge. Cependant, après une discussion avec le garde-parc et un déjeuner remontant, nous avons pu continuer jusqu'au sommet sans le garde-parc retourner dans la vallée. La pluie nous a vite attrapé et nous avons évoluer dans les nuages sans pouvoir profiter de la vue sur la vallée plus de deux fois. Arrivés au second refuge qui se situe au sommet de la montagne, nous avons allègrement profiter de notre après-midi en ne faisant rien d'autre que discuter et admirer les quelques arbres en face de nous en espérant apercevoir un singe mais rien. La nuit et la redescente se firent sous une pluie battante au milieu des arbres-fougères, des milliers de bambous, des centaines d'orchidées, des champignons, d'autres fougères et représentants de la forêt amazonienne d'altitude. La redescente fut aisée au départ mais la pluie incessante a fait monter le cours d'eau que nous devons traverser cinq fois. La première fois s'est fait à guet avec plus ou moins d'équilibre et de chance. Ensuite, nous avons pu sauter par-dessus le cours d'eau pour atteindre l'autre berge. Les fois suivantes, nous avons du développer des trésors d'ingéniosité pour arriver à placer les troncs coupés en travers du cours d'eau pour pouvoir passer. Finalement le dernier fut le plus difficile car tous les troncs se trouver sur la berge opposée et nous avons du cheminer avec les troncs du passage précédent pour pouvoir traverser en se mouillant les pieds. La fin du parcours est un chemin carrossable mais si la pluie s'était finalement arrêtée les passages à guet demeuraient relativement hauts. Suffisamment en tout cas pour détremper le moteur d'une moto tentant l'ascension avec trois passagers.

On a quand même vu des choses magnifiques
Une fois rentrés, nous avons pu nous habiller au sec et aller boire une bière. Sur le chemin du bar, nous avons regarder un match de foot dans la boue avec des supporters pas forcément très enthousiastes.



lundi 24 janvier 2011

Petite ballade dans la jungle

Après une semaine de travail à la ferme nous avons décidé de changer d'air et de visiter le parc national Yanachaga Chemillen qui se trouve au nord-est d'Oxapampa. Karl, le volontaire écosso-polonais nous a accompagné.
Tout a commencé très tôt samedi matin pour pouvoir profiter un maximum de notre ballade. Cependant, nous fument vite refroidis par les horaires de bus qui ne correspondaient pas vraiment à ce que Carola nous avait dit. Réveillés et partants, nous nous sommes donc dirigés vers la ville pour prendre le premier "collectivo" qui nous tomberait sous la main. Bien nous en a pris car si les horaires n'étaient pas celles qui nous avait été annoncées par la maîtresse de maison, elles n'étaient pas non plus celles données par la bonne.
Pour se représenter le voyage en bus, il est nécessaire de savoir ce qu'est un toyota HiAce 4x4 avec 16 places à l'intérieur. Nous nous sommes aperçu dès le départ que nous allions être serrés de toute façon mais on a pris l'habitude et si nos gabarits ne correspondent pas forcément aux standards japonais (le fabricant) ou péruvien (l'exploitant), on se dit que ça ne durera pas longtemps. La position près de la vitre est perilleuse pour deux raisons. La première est que forcément la vitre ne ferme pas correctement et le courant d'air sillone l'échine alors que les gouttes de pluie perlent le long du dos. La seconde est que durant la saison des pluies, les passages compliqués se multiplient et on a vite fait de voir la roue du mini-bus passer à quelques centimètres du précipice qui mène jusqu'au torrent en furie deux cents mètres en contrebas. Le bon côté des choses, c'est la vue imprenable sur la paysage. Nous avons donc évolué deux heures et demi dans ce mini-bus dont les rencontres improbables avec des camions ont pimenté le trajet.
Une fois sur place, nous avons été cordiallement accueillis par le garde-parc qui nous a ouvert le gîte pour le prix du camping et nous a proposer une randonnée en fin d'après-midi pour observer les oiseaux. Après l'installation, nous avons déjeuné et nous sommes ensuite descendus jusqu'à la rivière par un sentier glissant qui circulait sous les abris sous roche. La vue et le son étaient impressionnants. La rivière passe en ce point dans un profond canyon où le courant ne faiblit pas mais où la rivière qui fait jusqu'à trente mètres de large se réduit à dix. Nous avons profiter du paysage et du son pendant une demi-heure avant de retourner vers l'entrée pour prendre le rendez-vous de seize heure.
Nous n'avons pas été déçus par la visite qui nous a permis de voir un rassemblement de coqs de roche péruvien (rupicola peruviana). Il s'agit d'une espèce d'oiseaux dont le mâle est orange et la femelle oscille dans les tons marrons. Ils se rassemblent le soir et le matin dans des endroits particuliers appelés lek (aire de parade) pour attendre une ou plusieurs poules. Durant cette visite, nous avons pu apprecier d'autres oiseaux, des plantes mais malheureusement aucun singe.
Nous avons passer la soirée entre danses sous la pluie équatoriale et verres de pisco autour du feu, le tout en discutant de la vie...
Habitués à dormir avec le soleil, nous nous sommes levés de bonne heure et avons fait une petite ballade en jouant à devine à qui je pense; Le but de la marche était de voir des singes mais si nous en avons entendu deux fois nos yeux ne nous ont pas permis de distinguer un représentant de l'espèce locale. Il nous a été donné de voir de paysages magnifiques le long du canyon qui suit la rivière qui après quelque centaine de kilomètres se jetera dans l'amazone. Nous avons enfin pris un "collectivo" vers Oxapampa qui était privée d'électricité pour la journée.
De bons moments parmi tant d'autres et un seul mois avant le retour...

Je suis presque aussi grand que le mini-bus

Le torrent sans le son

Personne n'avais plus envie de se baigner

Je préfère les papillons aux moustiques. Ils se nourrissent du sel des sécretions cutanées pas de mon sang

Deux coqs de roche dans un lek

La vallée est magnifique

Une immense double cascade

vendredi 19 novembre 2010

Une grande randonnée

Nous avons quitté El Calafate pour El Chaltén en stop avec un couple de jeunes retraités français qui voyagent avec un 4x4 aménagé en Amérique du Sud. Sur la route et à l'arrivée, les paysages sont magnifiques. Les steppes commencent à s'élever et forment des collines au couleur et aux formes magnifiques. Au loin, nous avons le Fitz Roy et les monts qui l'entourent. Nous sommes chanceux car il parait que ce n'est pas tous les jours qu'il est possible de voir le sommet de cette tour de pierre qui garde un immense glacier. Nous nous sommes arrêtés pour quelques photos le long du lac Veidma et nous sommes arrivés en début de soirée à la capitale nationale de la randonnée. Quelle capitale ! Un arrêt municipal a fait fermer les deux camps de base du parc national sans réelle raison et ce n'est pas la peine de demander pourquoi aux gardes. La vraie raison, on la comprend vite quand on fait un pas dans ce village champignon créé au milieu des années 1980. Ce sont les différents hôtels, campings et auberges qui devaient voir d'un mauvaise oeil la présence d'un camping gratuit dans leur zone de achalandage. A El Chaltén, les choses sont faites pour les touristes et si ça ne marche pas, on légifère pour que ça marche. Nous avons donc subi la prise d'otage des locaux.
Le lendemain, nous avons plié bagage et nous sommes montés au bord d'une lagune qui se trouve au pied du Fitz Roy. La vue était magnifique et le campement suffisamment isolé pour nous permettre de sentir la forêt. Nous avons profité de la vue et des avalanches pendant deux jours. C'est impressionnant d'entendre la neige tomber de plusieurs centaines de mètres plusieurs fois par jour. Du lieu d'observation, j'ai pu en voir deux où certainement plusieurs tonnes se sont fracassées sur les rochers en contrebas. La montagne est belle mais peuplée. Il faut faire gaffe où on pose sa tente car certains endroits sont réservés aux tours operators. Les chemins se creusent rapidement au fil des ans et les gardes du parc sont obligés de modifier les itinéraires pour limiter l'impact sur la nature. Sur la masse de touristes et de locaux qui montent sur les hauteurs le week-end, beaucoup ne connaissent pas la différence entre ce qui est biodégradable et ce qui ne l'est pas et ne comprennent pas que des latrines ne sont pas un vide-ordures. Le parc a été vendu aux différents prestataires de services mais aucun effort n'est réellement fait pour préserver la richesse locale. L'information se limite à des panneaux et le droit d'entrée pourrait servir à fournir une rapide formation à la fragilité de l'écosystème dans lequel on pénètre. Nous sommes redescendu dans la vallée pour éviter le vent et la pluie qui commençaient à sévir sur le plateau et pour profiter de la vue d'un glacier qui se jette dans une lagune. La vue était formidable avec les icebergs qui flottaient sur le lac mais nous n'avons pas vraiment réussi à éviter le mauvais temps et le vent froid qui soufflait du glacier fut notre compagnon les deux jours suivant. 
Enfin, nous sommes retournés à la civilisation car nous devions continuer notre itinéraire et que nos ressources alimentaires s'épuisaient. Le chemin du retour est lui aussi magnifique avec une vue magique sur une chaîne de de cascades découpant un ruisseau et le torrent grondant et sablonneux qui descend directement du glacier. Nous espérons pouvoir profiter à nouveau d'un moment de nature comme celui-ci au Chili et sous des latitudes plus clémentes.
Le glacier Grande

Le Fitz Roy

C'est la danse des canards

Le Fitz Roy sous son aspect habituel

Le torrent avec le glacier au fond

La vallée avec un bois sec

lundi 1 novembre 2010

Un week-end magnifique

Le début d'un week-end magnifique 
La cascade
Une belle balade ne pouvait pas mieux commencer. Après les deux premiers kilomètres qui nous conduisent à la route, nous sommes pris en stop par un pick-up où nous nous installons dans la benne alors que le soleil du matin semble vouloir percer. Nous sommes déposés à quelques centaines de mètres de la passerelle enjambant le Rio Azul qui relie le refuge "el motoco" au reste du monde. L'accès au refuge est un sentier de vingt-cinq kilomètres mais le dénivelé n'est pas forcément très grand, du moins sur la carte. Le premier quart d'heure se fait au ralenti pour chauffer les muscles et profiter d'une cascade en contrebas. Après une ascension d'un peu plus d'une heure et demi, nous arrivons à un point de vue sur la vallée qui est magnifique et là, sur la gauche, deux énormes oiseaux qui tournent à trois cents mètres de nous, ce sont deux condors.
Les condors
Ils sont là, nous avons le temps de les voir à la jumelle, de prendre des photos et de nous émerveiller. Après cette petite pause, le chemin redescend et nous commençons à nous dire que le dénivelé va peut-être nous surprendre. Nous traversons un premier petit torrent puis un second en profitant de la vue qui est magnifique avec des cascades et des vaches. Elles sont là, broutant le versant d'en face qui est plus ou moins à pic mais surtout au milieu de nulle part. Les passages de torrents sont nombreux et certains demandent des talents d'équilibriste. Nous suivons tout le temps le "rio Motoco" qui tonne du bruit du printemps quand l'eau est abondante à cause de la pluie et de la fonte des neiges. Nous nous arrêtons pour manger près du torrent principal dans un lieu magnifique. Ensuite, la promenade continue avec une alternance de montées et de descentes. Des paysages enchanteurs se succèdent au fil des tournants. La plupart des espèces d'arbres, de plantes, de bambous et d'insectes me sont totalement inconnues. Tout à coup, sur la droite un passerelle qui enjambe le torrent à une dizaine de mètres de hauteur. De loin, elle parait convenable, de près, les planches sont bonnes mais la passerelle fait un mouvement de gauche à droite à chaque pas.
Indiana Jones
Après avoir passé une barrière qui est appelée "du milieu", nous arrivons dans un lieu étrange avec une espèce de cabane semi-abandonnée jonchée de bouteilles vides et d'emballages, le squelette d'une construction de deux étages et une sorte de parc. Nous apprendrons plus tard par que ce parc sert pour les vaches du propriétaire quand il faut les marquer. Une fois ce lieu passé, nous arrivons à la seconde passerelle qui, présente nettement moins bien que la première malgré ou à cause de la seconde couche de planches qui croise la première. Elle permet non seulement d'enjamber la rivière mais se trouve exactement sur le quarante-deuxième parallèle sud et donc à la frontière entre les provinces de Chubut et de Rio Negro.
Indianora
Elle est suivie de près par la montée de los caracoles (des escargots) qui demande aux jambes ce qu'elles n'ont pas encore donné. Un peu plus loin, nous sommes obligé de faire déplacer un troupeau de vaches qui bloquent totalement le chemin et qu'il est impossible de contourner. La dernière alternance de montées et de descentes permet d'arriver jusqu'à un faux-plat montant qui mène au refuge. Ce dernier kilomètre est situé dans une vallée plus large et suit le torrent sur sa droite. Le décor est magique, on croirait arriver dans un décor de film. La rivière coule au milieu de deux prairies faiblement boisées, le son du torrent est plus doux, des sommets enneigés entourent le lieu et d'une maisonnette fume une cheminée.


Le refuge et la rencontre avec Luis
Nous savons que le refuge est ouvert toute l'année mais au moment où nous arrivons, il ne semble pas y avoir âme qui vive. Nous décidons d'entrer et de poser nos sacs pour attendre le gardien. Nous jetons un oeil dans cet intérieur qui est un peu sombre et sobre mais habité par un homme puisqu'il y a un rasoir près de l'évier. Un PC joue Highway to hell et c'est justement le contraire qui vient de se passer, c'est footpath to paradise mais je verrai par la suite que mes goûts musicaux sont très proches de ceux du gardien du refuge. Une visite rapide au deuxième étage, nous permet d'apercevoir les matelas qui vont nous servir pour la nuit. Tout ce que je peux dire après un examen éclair, c'est que nous ne les entraînerons pas. Après avoir redescendu les deux trois degrés de l'escalier en colimaçon situé au centre de la maison qui permettent de voir le premier étage, nous nous installons sur les bancs et entendons du bruit à l'étage. Nous étions en fait arrivé au milieu de sa sieste. Un homme hirsute mais rasé de frais descend et nous invite à prendre un jus d'orange. Il nous dit qu'il s'appelle Luis, nous demande d'où nous sommes, si nous avons croisé du monde en venant. De Lettonie et de France et non pas une seule personne mais deux condors. Nous nous reposons un peu et visitons les environs. Nous nous attablons ensuite avec Luis qui nous raconte qu'il vit depuis deux ans ici et qu'il s'occupe de la forêt, du refuge et qu'il est employé par le propriétaire des dix-huit mille hectares qui entourent ce havre de paix dans lequel nous sommes arrivés. Il nous explique ensuite comment fonctionne ce milieu fragile et situé en zone de protection. De ce statut, découle que la terre ne peut pas être vendue et que le bois ne peut pas être coupé, ce qui fait que l'énorme propriétaire terrien n'est riche que sur le papier. Le vent qui avait commencé à souffler quand nous sommes arrivés, semble prendre de la puissance. Cela est du à la déforestation massive du côté chilien et au fil des ans, le vent devient de plus en plus fort et de plus en plus fréquent.
Luis est boulanger à ses heures perdue
Luis est curieux de savoir ce qu'est ce petit pays dont nous lui avons parlé et qui semble être à l'autre bout de la terre. Pour beaucoup de gens, cela parait bizarre qu'un si petit peuple puisse avoir sa propre langue et une culture multi-centenaire qui se soit perpétuée malgré les puissants voisins. Nous parlons ensuite des différentes espèces d'arbres que nous ne connaissons pas et qui sont en fait très locales. C'est à ce moment qu'il nous propose de nous accompagner le lendemain matin jusqu'à un bois d'alerces. Ce sont des arbres de la région appartenant à la famille des séquoia. Il nous raconte l'histoire du refuge qui a douze ans et où le panneau photovoltaïque a remplacé le groupe électrogène, l'histoire de cette carte, la première de la région tracée par un docteur qui au cours de ses expéditions a baptisé les sommets qui n'avaient pas de noms. Le sommet en face de la porte s'appelle Alicia à cause d'une de ses filles et un autre dont je vous ai parlé s'appelle Nora pour la même raison. Cette discussion, à laquelle s'est joint, Nicolas, un ami venu lui rendre visite, nous a conduit jusqu'à l'heure du dîner et pas loin de celle du coucher. Quand on habite dans un lieu si isolé, il faut avoir de très bons amis et qui aiment marcher.

La découverte du bois multimilénaire
Chauras
La nuit se passe très bien malgré le vent qui souffle à décrocher la toiture et de passer du tapis de sol à un matelas explosé donne la même impression que de passer d'une auberge de jeunesse à un hôtel trois étoiles. Le réveil se fait doucement et nous partons vers dix heures pour découvrir ce bois d'alerces qui est, aux dires de Luis, vieux de mille cinq cents à deux mille ans. Sur le chemin nous goûtons de Chauras, ce sont des petites baies poussant comme les myrtilles mais ont la consistance et le goût de la pomme. Il nous montre ensuite que les Cihbue sont des arbres qui poussent vite puisqu'il atteignent plus d'un mètre de rayon en cent ans mais qui se décompose de l'intérieur et sont donc souvent mis à terre par les rafales de vent. Au coin d'un chemin se cache une magnifique cascade qu'il est possible de voir de face et de dessus.
Nora est toute petite et
encore très jeune
Nous arrivons au bois en question et là des arbres immenses dont le diamètre dépasse deux mètres nous surplombent. Luis nous avait montré un petit spécimen sur le chemin qui du haut de ses deux cents ans ne faisait pas plus de quatre mètres de haut pour une vingtaine de centimètres de diamètre. Ces arbres poussent très lentement mais sont en revanche extrêmement solides, résistants au froid et au feu grâce à une écorce épaisse et qui se consume lentement. Nous avons ensuite redresser un spécimen d'environ trois cents ans que le torrent avait renversé et je me suis dit que dans deux mille ans, des gens viendrait ici et se diraient que ce bois est formidablement beau en regardant le travail de Luis et un peu du mien. Car au-delà des tâches précitées, il est pompier affecté à la surveillance des incendies et infirmier. J'ajouterais guide à cette liste et hôte de grande qualité.


Les questions sur le chemin du retour
La première carte de la région
Sur le chemin du retour, je fais beaucoup plus attention aux espèces que Luis m'a présenté et essaye de voir les animaux qui se cachent dans cette immense forêt. Je m'aperçois qu'il y a des pousses de fraises mais dont la taille est celle de nos jardins. Je me rappelle alors que c'est une espèce qui nous vient d'Amérique. Vient ensuite d'autres questions sur les mûriers, les églantiers que nous croisons. Est-ce l'européen qui a emmené avec lui des graines de façon volontaire ou non ? Est-ce que les fruits sont différents et ce sont deux espèces qui ont évolué chacune de leur côté après la séparation des continents ? Existe-t-il toujours des espèces de plantes datant de cette époque ? Mais au fait, c'était quand exactement cet époque ? Est-il possible que ce soit des oiseaux migrateurs qui traversent l'Atlantique ? Pourquoi traverseraient-il l'Atlantique alors que dans les deux cas, il y a des continents au nord et au sud ? Je me suis posé énormément de questions sur l'évolution des espèces et me suis rappelé les pigeons et les moineaux qui vivent dans les villes d'Argentine et d'Uruguay. Je veux bien que le pigeon traverse puisqu'il y a des pigeons voyageurs mais le moineau ? Les cigognes que nous avons vu sur la route d'Iguazu sont les mêmes que celles de Lettonie donc il y a eu au moins un couple qui a fait le voyage avant ou après Christophe Colomb. Finalement, Christophe Colomb n'a peut-être pas été le premier européen en Amérique. D'ailleurs, il faut que je retourne voir les théories sur le peuplement des Amériques par l'homme avant l'arrivée des européens. Une partie de la réduction de la population pré-colombienne à une peau de chagrin est due aux maladies dont les bateaux ont été les vecteurs. Il y a-t-il eu des espèces de plantes ou d'animaux qui ont disparu sans qu'on s'en aperçoive, si oui, en quelle proportion ? Nous rencontrons deux groupes de quatre marcheurs dont un se dirige vers le refuge. Cela est presque surprenant après la solitude complète de la veille. Les points de vues sur le paysage sont différents et nous permette de redécouvrir un chemin que nous avions pourtant fait la veille. Les condors ne sont plus là ou tapis dans leur nid qu'il est impossible de voir. Les sommets sont dans la grisaille et la pluie qui aura menacé toute la journée ne nous sera finalement pas tombé dessus. Puis, au détour du sentier, nous voyons les maisons tapies dans la vallée, le voyage dans ce sanctuaire de la nature est fini. Avons-nous vraiment envie de retourner chez Eléonora qui pleure toujours la mort de son ex-président comme s'il fut un proche ? N'aurions-nous pas du rester là-haut, aller jusqu'au bois d'alerces encore plus vieux et plus haut peut-être même jusqu'au lac où s'arrête le chemin parce qu'après, c'est le Chili ? Nous aurons d'autres occasions de nous immerger dans la nature et l'avantage des randonnées au printemps est la solitude qu'elles apportent qui sont propices à l'écoute, à l'observation, à la réflexion, à la création et au partage quand la solitude est rompue.
Avant le départ du refuge

jeudi 28 octobre 2010

Mort de Nestor Kirchner et bois mystique

Il était à peu près 11h30 hier matin quand j'ai appris la nouvelle de la mort de Nestor Kirchner. Je ne connais pas forcément très bien sa vie mais il est celui qui a mis un point d'arrêt à la chute dans laquelle s'était engagé l'Argentine après les abus des années Menem. De centre-gauche, il a oeuvré pour les classes plus populaires qui avaient été délaissées depuis des années. Il est  aussi le premier président à réclamer le retrait des portraits des dictateurs. Il a acquis par ses actions une grande popularité qui a poussé des milliers d'argentins à se réunir sur la plaza de mayo. Ce jour chômé devait être le jour du recensement mais dans les têtes cela sera le jour de la mort du président Kirchner. L'Argentine est d'autant plus touchée que sa femme a continué son oeuvre depuis 2007 en tant que présidente et est elle aussi fort populaire. Les messages d'encouragement lui vont directement alors que l'opposition se réjouit sous cape de la mort du candidat le plus dangereux pour les prochaines élections.
De notre côté, nous avons profité d'une éclaircie pour aller nous balader au pied d'une cascade dont l'approche n'a pas été sans embuches. Après être passés au travers d'un marais résultant de la fonte des neiges et traversé un torrent avec des troncs d'arbres juxtaposés en guise de pont, nous sommes arrivés au beau milieu d'une propriété privée. Le gérant de l'espèce de camping a bien voulu nous laisser passer et a essayé de nous donner quelques explications dans un espagnol dont la prononciation était proche de celle de Brad Pitt dans Snatch. Une fois entouré de deux nouveaux torrents et de fils barbelés nous avons compris qu'il n'y avait qu'un point d'accès à ce qui est pourtant un camping avec une petite écurie et de nombreuses places. Il faut savoir que le chemin par lequel nous sommes venu et reparti n'est pas carrossable, qu'à certains endroits, il disparait carrément, nous nous sommes vraiment demandé s'il y avait du monde durant la haute saison parce que le reste du temps il doit être plutôt tranquille pour ne pas dire isolé. Qu'à cela ne tienne, nous avons continué le long du torrent Motoco pour arrivé au niveau d'une cascade perdue dans la forêt. Cependant, là aussi l'approche était difficile et même dangereuse aussi, nous avons préféré en profiter de loin avant de rebrousser chemin. Si l'accès au Cierro Lindo est toujours impossible, nous irons sans doute à celui de Motoco qui est ouvert toute l'année et se trouve en amont de cette cascade.
Une petite prairie dans laquelle le chemin disparait

En route vers de nouvelles aventures...

Ce n'était pas le plus dur

Sur le chemin du retour, nous avons pris le temps de nous arrêter dans une forêt de frênes immenses près du Rio Azul pour profiter du chant des oiseaux et du bruit de la rivière. C'était vraiment formidable. Pendant un moment, je me suis imaginé ce qu'avait du ressentir le premier homme qui est arrivé dans cette vallée encore sauvage et ce qu'était cette vallée avant l'arrivée du premier homme. C'était sans doute un lieu beaucoup plus soumis aux aléas des saisons. Le Rio Azul est de plus en plus dompté et les forêts d'essences locales sont remplacées par des forêts de pins. J'ai pensé aux déluges lors de la fonte des neiges et aux arbres déracinés par la force de l'eau. J'ai pensé à la foudre qui s'abattant à un endroit déclenchait un incendie de temps en temps. J'ai pensé aux eboulis qui surviennent lors du gel et du dégel. J'ai pensé au vent du sud qui emmène le froid et au vent de l'ouest qui emmène la pluie, à celui du nord qui emmène le chaud et à celui de l'est qui n'arrive jamais. Certains des arbres qui me dominaient avaient peut-être connu cette période. Ici, la colonisation par l'homme n'est pas si vieille et on peut voir des paysages plus faiblement marqués par son influence.
Le lieu est magnifique

mardi 26 octobre 2010

Toujours dans les montagnes mais pour combien de temps?

Après mon dernier billet, nous sommes rentrés à pied à la ferme. Le stop fonctionne très bien et permet de discuter rapidement (puisqu'il faut dix minutes pour rejoindre El Bolson ou Lago Puelo) avec pas mal de gens mais Eléonora nous avait dit que la ballade vallait le coup.
La promenade d'El Bolson à notre ferme nous a offert une nouvelle vue magnifique sur la vallée. Le début est un peu difficile et monte presqu'à pic mais ensuite, le chemin descend sur tout le long. On remarque vite qu'un incendie a ravagé la région il y a peu, les pins gagnent par rapport aux espèces locales qui repoussent moins vite. L'incendie a eu lieu en 1999 et a brulé la majeure partie de ce qui s'appelle la butte du milieu. De la colline, on domine la ville et les quartiers plus pauvres qui se situent au bord du Rio Quequemtreu. El Bolson est une ville touristique par excellence mais ce ne sont pas les chefs-d'oeuvre d'architecture qui attirent. Je pense qu'en premier lieu il y a eu la vue qui est offerte à 360° et ensuite la foire artisanale dont j'ai déjà parlé. La ville n'étant pas connu pour ses chefs-d'oeuvre architecturaux, les touristes quand ils sont en ville restent donc près de l'artère principale qui comme dans beaucoup de villes des andes argentines, s'appelle San Martin. Les quartiers populaires ne sont donc pas loin de cette artère et sont construits dans les zones innondables (et sans doute sujettes aux glissements de terrain) de la ville. A la jumelle, il est facile de voir différents refuges de montagne qui cernent la ville dont celui dans lequel nous avons été mais il est beaucoup plus difficile d'apercevoir des condors, surtout quand on ne sait pas où ils logent. En continuant le chemin, la vue sur la vallée s'ouvre vraiment au sortir d'un tournant et on peut voir le lac et la ville qui se nomment tous deux Lago Puelo en aval. Ensuite, nous suivons la route qui mène du camping Rio Azul à notre ferme.

En parlant de la ferme, la date du départ est plus ou moins arrêtée et sera normalement mercredi trois cela nous permettra de visiter encore un peu et de ne pas descendre trop vite vers le sud où il fait froid. Les relations se sont réchauffées mais les repas se font de plus en plus rares. Le marché consistait au départ en trois repas par jour week-end compris pour quatre heures de travail et au final nous avons deux repas (dont un maigre petit déjeuner) et le week-end n'est pas compris. Nous nous sommes donc retrouvés, samedi soir, à manger un burger cher et dégueulasse à 23h00 après avoir appris que les repas du week-end n'étaient plus inclus. Je ne pense pas que ça soit par manque d'argent puisque la fille vient d'avoir une pochette machin Kitty pour son téléphone portable. A cette allure, il nous faudra payer le logement dans deux semaines (comme il est possible de le voir). Dans certains cerveaux, de volontaire à pigeon, il n'y a qu'un pas et je crois que notre hôte est prête pour le franchir.
Le plan pour ce week-end est de monter au refuge de Cierro Lindo et de là atteindre le Cierro Nora. Il n'est pas beaucoup plus haut que le refuge et si les forces nous restent, nous pourrons peut-être atteindre la cîme du Cierro Lindo qui commence à se dégarnir du peu de neige qu'il a fait cet hiver. Nous espérons que le refuge sera ouvert puisqu'il était encore fermé, il y a quinze jours.