dimanche 30 septembre 2012

Arequipa, suite et fin... Pour l'instant !

Pour ceux que le suspens insupportable de savoir si nous avions bu un pisco sour ou pas avaient empêché de dormir, la réponse est que nous nous sommes laissé tentés par ce cocktail qu'on ne trouve qu'au Pérou. On en trouve aussi au Chili mais les péruviens n'acceptant pas que ça puisse exister hors de leur territoire ont tout simplement oublié que ça se faisait chez leurs voisins et ne manquent pas de noter sur leurs formulaires de douane : « avez-vous un liquide qui pourrait être appelé pisco par des barbares ne connaissant rien au Pisco ? ». La traduction est un peu approximative mais l'idée est celle-ci. Nous avons donc bu notre Pisco sans bien nous soucier des conflits frontaliers que le Pérou a eu avec le Chili mais en profitant de l'animation sur la Plaza des Armas. Le samedi soir semble être le moment de rendez-vous pour les Arequipeniens en quête de sociabilisation. Les gens se réunissent, discutent, prennent des photos avec la fontaine quand ils se marient mais avant 20h car après, la pompe est coupée et l'eau ne coule donc plus, ce qui a pour effet de rendre la fontaine beaucoup moins intéressante mais d'économiser de l'énergie.
Il n'y avait pas que des étudiants
 et des militaires


Nous nous sommes réveillés ce matin au son de la musique un peu plus que forte de la chapelle des aventistes de 7ème jour de la nouvelle église catholique et protestante qui se trouve juste en-dessous de l'hôtel. Les sectes de tous bords ont en effet de plus en plus de lieux de cultes à travers le Pérou si j'en crois ce que nous avons vu dans plusieurs lieux lors de notre dernière visite et notamment à Oxapampa. Il en est de même à Arequipa où nous avons vu au moins trois « églises » différentes si nous ne prenons pas en compte l'église catholique qui reste dominante. Une fois le déjeuner englouti et pour éviter d'avoir les tympans percés par la douce musique de style schlagger jouée au synthétiseur par Steevie Onefinger, nous avons pris la direction de la Plaza de Armas pour rendre nos bouteilles de bière en échange d'argent. Le Pérou, à l'image de beaucoup de pays d'Amérique du Sud consigne les bouteilles de bière à un prix suffisamment convaincant pour pousser même les touristes à ramener leurs cadavres. En route, nous entendons une nouvelle douce musique mais qui cette fois s'apparente plus à celle qu'on écoute au garde-à-vous et qui vient de la Plaza de Armas. La curiosité mais aussi la nécessité, rappelez-vous qu'on cherche à récupérer notre argent qui nous sera par ailleurs très utile pour la suite de l'histoire, nous poussent vers la musique militaire. Ce sont des anciens élèves d'un collège qui défilent suivis par le personnel médical ou dépendant du ministère de la santé et chacun de lever la jambe plus haut que l'autre afin de montrer la ferveur avec laquelle ils défilent sous le drapeau péruvien et devant le maire et d'autres notables. Abreuvé de défilé et de chants militaires, nous nous dirigeons vers le cloître des compagnons que nous avons visité seuls et au calme sous l'oeil bienveillant du Chachani.
Nous sur le cloître et sous le Chac
Ensuite vient la partie la plus utile de la matinée. Nous avons échanger nos bouteilles contre 2,40 nuevos soles et nous dirigeons vers le centre commercial pour faire les emplettes nécessaires à nos quatre ou cinq jours en autonomie. En descendant, nous rencontrons un groupe de militaires armés jusqu'aux dents qui nous rappelle que le Pérou s'est battu contre le sentier lumineux mais aussi contre l'Equteur, il n'y a pas si longtemps. Cela a laissé une région de l'altiplano exsangue à la suite du premier conflit et une frontière criblée de mines anti-personnel qu'il est conseillé de ne pas traverser à pied. Au magasin, tout se passe bien, nous achetons des trucs que nous connaissons pour être sûrs de ne pas galérer pendant la préparation mais ma curiosité est excité par des pommes de terres séchés qui de loin feraient penser à de l'ambre. J'en prend 560 grammes sous l'oeil amusé de la péruvienne à qui j'ai demandé comment ça se préparait. La partie que je n'aime pas est le passage en caisse. Je me débrouille toujours pour prendre la plus lente quand il y a des files d'attente mais cette fois-ci ça devrait aller, je suis tout seul. Carolina est plutôt agréable et rapide. Je présente ma carte pour payer sachant qu'elle n'a fonctionner qu'une fois depuis que nous sommes arrivés ici et qu'elle a été capricieuse à quatre reprises. Bibibibinnnnnnngo. La carte ne marche pas. L'informaticien/caissier en chef débarque et annonce que le système visa vient de tomber sur l'ensemble du magasin. Avec un peu de chance, c'est ma carte qui a tout cassé. Nous cherchons dans nos porte-feuilles pour ne pas avoir à récupérer de l'argent dans le centre pour pouvoir payer nos courses. 50+20=70 soles. Il manque 1,85 sol pour pouvoir régler sans avoir à choisir de quoi nous nous passerons. C'est là que ceux qui ont suivi l'histoire diront : « et le 2,40 que tu as récupéré à la consigne ? ». Heureusement, j'y pense moi aussi et nous pouvons partir avec nos deux sacs pleins.

Je me plaignais ce matin auprès de Nora qui ne pouvait pas y faire grand chose du manque d'oiseaux dans cette ville. Et comme pour me faire mentir, la Plaza de Armas était survolée par une dizaine de rapaces sur les coups de midi et en écrivant, ne vois-je pas une chouette installée sur un mur à moins de quatre mètres de moi. Aréquipa est donc plein de rapaces mais bon, c'est un peu comme toutes les villes.

Arequipa - Pérou : deuxième jour

Un des bas-reliefs
Nous sommes loin de regretter la décision que nous avons prise de rester deux jours à Arequipa. Non seulement, cela nous permet de nous adapter en toute tranquillité à l'altitude mais cela nous permet de profiter d'une ville particulière. Contrairement à Cuzco, Arequipa a été construite après le l'arrivée des conquistadors espagnols. L'architecture est donc hautement influencée par ces derniers. C'est ce que nous avions découvert hier et encore plus aujourd'hui. Cependant, dans les bas-reliefs qui ornent les églises et les autres bâtiments de la ville, on voit très vite l'influence de l'art inca dans les dessins sacrés. Ainsi, un fresque représentant des anges va afficher un visage qu'on retrouve dans l'art inca pour représenter Inti, le dieu soleil. Cela est du au fait que l'évangélisation des populations locales est d'abord passé par une adaptation du dieu et des saints catholiques aux dieux et aux esprits que vénéraient les habitants du Pérou avant l'arrivée des évangélistes.
Une rue du couvent
Parmi les bâtiments qui valent le détour, on notera le couvent de Sainte-Catherine de Sienne qui s'étend sur près de cinq hectares à deux pas de la Plaza des Armas. La visite permet de s'immerger dans le monde monacal et la vie claustrale mais également de découvrir une petite ville dans la ville puisque loin du confort spartiate que j'imaginais pour un tel lieu, chaque soeur avait une petite habitation avec son propre four et son propre confort. Il y avait des jardins pour produire une grande partie de la nourriture consommée par les soeurs et tout un microcosme s'articulant autour des prières. Les murs du couvent sont peints de différentes couleurs et cela donne au lieu une allure exceptionnelle qu'on ne voit bien qu'avec les yeux. Le tout, toujours dominé par les volcans qui entourent la ville. Si une des fiertés du couvent est la collection de 400 peintures, je n'ai pas trouvé de chef-d'oeuvre qui vaille un tel orgueil.
Après cette visite, nous avons continué la préparation de notre expédition à Cotahuasi qui si tout se passe bien devrait débuter lundi et nous couper totalement du monde pour une petite semaine. Nous avons réussi à trouver un hôtel pour la fin de la première nuit afin d'avoir un lieu d'arrivée après les douze heures de bus dont la moitié prévue sur des routes dignes de la Lettonie avec le dénivelé en plus. Hors de la facilité du canyon de Colca, plus proche et plus touristique, celui de Cotahuasi est le plus profond du monde et beaucoup moins visité que le premier. Nous espérons pouvoir rencontrer plus réellement la population locale car c'est un des avantages toujours mis en avant par les bloggers qui ont choisi Cotahuasi par rapport à Colca. Nous comptons environ 80km à pied entre 2800m et 4000m d'altitude à raison de 20km par jour. Les gens d'Arequipa avec qui nous avons partagé notre projet et qui n'était pas une agence de tourisme, nous ont dit que la beauté des paysages valaient les 12h de bus chaotiques.
Une des places du couvent avec
le volcan Chachani en fond
De retour à l'hôtel, Nora nous a préparé la soupe au quinoa la plus exécrable qu'ils nous est été donné l'occasion de goûter. Il faut dire que nous manquions de condiments et d'accompagnement en général pour la préparation d'une soupe. Morts de faim après les visites du matin et la recherche d'information fiable sur le canyon de Cotahuasi, nous lui avons quand même fait honneur. Cet après-midi, nous avons visité les quelques rues du centre-ville que nous n'avions pas encore arpenté et avons réussi à trouver des recharges de camping-gaz hors du magasin pour randonneurs de l'extrême en sortant un tout petit peu du centre. En plus, cela nous a permis de voir un marché aux petites allées bondées de vêtements et de milliers d'autres articles à faire pâlir tous les marchés de Riga. Nous avons fini cette dure journée de labeur par une bière locale sur la terrasse de l'hôtel avec des micro-bananes et des chips de plantins. Reste à voir ce que nous allons faire ce soir mais le réveil s'étant encore passé aux aurores, j'ai peur de ne pas être d'attaque pour une pena mais pourquoi pas un petit pisco sour sur une terrasse en surplomb de la Plaza des Armas.

samedi 29 septembre 2012

Arrêt Khippa

Je ne vais pas vous parler ici des récentes déclarations de JMLP mais de la seconde ville du Pérou qui se situe à quelques 2350 metros sobre el nivel del mar.
La plaza de armas à Aréquipa avec
le Chichana en fond
Nous n'avons pas eu droit au loto bingo malgré les deux heures de trajet supplémentaires dues au brouillard qui règne en cette saison sur la côte pacifique du Pérou. L'altitude associé au trajet, aux restes de décalage horaire et à la chaleur nous ont à nouveau poussés vers la sieste. Nous avons quand même un peu visité le centre-ville d'Aréquipa qui est un joyau de l'architecture coloniale selon les locaux. Il est vrai que le style baroque andin que l'on peut voir sur les frontons des différentes églises a de quoi surprendre. L'autre chose qui surprend est la fréquence des vibrations sur la terrasse sur laquelle j'écris. Je pensais à la première que c'était un petit tremblement mais ça fait peut-être la vingt-cinquième et je commence à douter. Il faut quand même préciser que la ville se situe au cœur des Andes et est encerclée par trois volcans qui culminent à des hauteurs variant entre 5900 et 6100 mètres, c'est pourquoi l'idée d'un tremblement ne m'était pas complètement farfelue. Ces volcans donnent à la ville une pierre volcanique blanchâtre qui a servit à toute la construction. Parmi les autres dons, on peut noter les fréquences de destruction des habitations au cours des siècles et des photos de la Plaza de Armas superbes avec au moins un des volcans en fond à chaque fois.

jeudi 27 septembre 2012

Huaca Pucllana
La journée d'hier a été plutôt chargée malgré le décalage horaire et le lever aux aurores. Nous avons visité des ruines de la civilisation Lima qui se situent à quelques blocs de notre hôtel. Cette visite, outre l'intérêt culturel évident, m'a permis de trouver de nouvelles idées pour l'avancée de ma fiction. Nous avons appris des choses sur la façon d'enterrer et d'embaumer dans l'Amérique précolombienne qui peuvent être reportées sur nos civilisations européenne. Les cultures qui pensaient que l'homme allait ressusciter après sa mort enterraient leurs morts dans une position fœtale puisqu'elle serait la première que prendrait la personne dans sa nouvelle vie, alors que les civilisations qui pensait que la mort était le repos mérité par le mort enterraient leurs morts en position allongée. Cela prend tout son sens quand on fait le parallèle entre les mots et les habitudes des chrétiens. Les gens diront : « repose en paix » et ils enterreront en position allongée. Au-delà des techniques d'embaumement et des habitudes funéraires, nous avons appris que les temples étaient des centres de commerce où se regroupaient les marchand venus échanger les biens, que les Limas avaient développé en 300 avant JC une technique de construction parasismique en adobe et que casser des jarres étaient de bon augure dans certaines situations.
Après cette visite, nous avons passé l'après-midi à dormir avant de rejoindre Vicente le soir. Nous l'avions rencontré à Oxapampa et il était important pour nous de le revoir. Il nous a emmener à un récital de guitare andine qui nous a beaucoup plu. Le présentateur parlait beaucoup mais les morceaux de guitare étaient impressionnants et plusieurs passages ont été très intenses. Je pense entre autres au moment où un protagoniste invite une chanteuse de ses amis qui se trouvait dans la salle à venir chanter avec lui. Alors qu'elle semblait étranglée par une timidité maladive, elle se mit à chanter d'une voix forte et envoûtante avec un superbe accompagnement à la guitare. L'autre grand moment fut l'arrivée sur scène d'un guitariste de 91 ans que tous semblaient considérer comme un des pères de la guitare andine.

Nous avons ensuite pris le taxi vers Barranco pour déguster un Anticuchos. Ce plat typique de la côte et de l'esclavagisme est en fait une brochette de morceaux de coeur de vache finement épicé. Il était près de deux heures quand nous sommes rentrés exténués à l'hôtel. Le décalage horaire nous avait rattrapé.
Aujourd'hui, nous allons visiter un musée ou deux dans le centre avant d'aller prendre le bus de Cruz del Sur... Bibibingooooooooooooooooooo...

mercredi 26 septembre 2012

Petit déjeuner face à l'océan

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Les bagages sont arrivés avec nous et les chauffeurs de taxi n'ont pas changés. Le premier qui nous accoste nous demande soixante soles chacun. Cela fait approximativement quarante euros pour les deux. Quand je lui dis que nous étions déjà venus à Lima et que j'étais prêt à payer trente-cinq pour les deux, il se lamenta en nous disant qu'il était officiel et qu'il ne pouvait pas appliquer de tels tarifs et que plus personne ne le faisait. Nous nous dirigeons vers la porte de sortie pour lui prouver qu'il a tort et que nous allons trouver un chauffeur plus à même de comprendre notre souci européen de ne pas se faire entuber dès l'aéroport. Il nous poursuivit en nous disant qu'il était prêt à nous le faire à quarante soles au total. Le prix est divisé par trois. Allons-nous trouver mieux ? A priori, pas ce soir-là. Le voyage et la fatigue ont eu raison de notre capacité de négociation.
Nous avons pris une auberge juste au-dessus de celle dans laquelle nous avions passé notre dernière nuit en Amérique du Sud. Un peu par hasard en fait puisque nous voulions changer de lieu mais celle que nous avions élu était en reconstruction et nous avons donc guidé le taxi vers un endroit que nous connaissions et où se trouve quatre auberges de jeunesse.
Ce matin, nous avons pris notre thé dans le thermos et sommes partis déjeuner face à l'océan. Le temps était surprenant pour nous, il bruinait. Nous avions toujours connu Lima sous le soleil et la chaleur et là, il faisait gris. En prenant notre petit déjeuner, nous nous amusions du fait que d'être dans ce parc à ce moment-là revenait à faire le trait d'union entre le dernier jour passé ici et le voyage qui nous attend. Les vagues et le chants des pigeons dépressifs avec quelques bruits de klaxons en haut et en bas des falaises composaient la trame sonore de ce déjeuner presque champêtre. Attention, le pigeon dépressif n'est pas un vraie espèce de pigeons mais nous avions remarqué un roucoulement bizarre chez les pigeons au nord de Santiago et ils chantent pareil à Lima. Ce roucoulement est beaucoup plus grave et plus lent que celui des pigeons d'Europe et a en fait une ton qui s'approche beaucoup de la lamentation.

mardi 25 septembre 2012

Un nouveau départ

Les contreforts du Mato Grosso
Nous voici à nouveau aux portes de l'Amérique. Nous ne savions pas si nous devions partir ou trouver une vie plus stable plus rapidement. Nous nous sommes levés ce matin pour prendre le train avec Antoine et ensuite la navette qui devait nous mener à l'aéroport de Toulouse avec pour destination Madrid puis Lima. Le stress est très vite monté dans la navette quand nous nous sommes aperçu qu'il faudrait bien plus des vingt minutes affichées pour pouvoir arriver jusqu'à l'aéroport. En effet, les toulousains ne dérogent pas à la règle du mono-voiturage et les embouteillages ont failli avoir raison de notre voyage. Heureusement, un peu de chance était avec nous et nous sommes arrivé quelques minutes avant la fermeture du guichet et un refus d'enregistrement. L'avion est même un tout petit peu en retard. Le seul risque de ce retard c'est de passer quelques temps à Lima sans bagages puisque la correspondance était vraiment courte. Dans l'avion qui survole depuis un bon moment la forêt amazonienne, je reviens un peu sur les raisons de ce voyage. En premier lieu, l'envie de revoir ce continent qui nous a charmé et où la sensation de liberté était plus forte. Nous voulons aussi voir un certain nombre de lieux à côté desquels nous sommes passés par manque d'argent ou de temps et découvrir d'autres lieux qui ne manqueront pas d'être magiques. Enfin, la destination devait aussi me permettre de peaufiner la fiction que je suis en train d'écrire sur l'empire inca.