Mardi dernier, Karl, le volontaire scoto-polonais est parti vers le sud après avoir partager 3 semaines de volontariat avec nous et deux mois au total dans la ferme d'Eilif et Carola. Le travail se passe toujours bien et est très enrichissant. Nous apprenons le désherbage sélectif, le semis du sarrasin sans recours à la houe, la culture du yacon grâce à la propagation assistée, l'utilisation du compost pour les poules, l'exécution de quatre poulets coupables de paraître succulents et la préparation de pain.
Le désherbage sélectif consiste à laisser les plantes utiles qui se sont propagées par voie aérienne ou grâce aux gourmands. Au début, cela peut paraître surprenant, habitués que nous sommes aux jardins bien organisés où ne poussent que les plantes désirées. Cela parfois à l'aide de désherbants chimiques qui savent reconnaître la mauvaise herbe mieux que quiconque. Au final, cela permet d'avoir deux niveaux de culture. Un à raz du sol nécessitant souvent moins de lumière puisque la plante vient de la nature où la proximité de la terre rime avec faiblesse de la source lumineuse mais qui permet de garder l'humidité, un plus haut qui protège des rayons direct du soleil et permet un écoulement de l'eau de pluie moins direct vers les plantes situées en dessous. Ici, il s'agira de fraises, de patates douces ou de cacahuètes pour la couche inférieur et de quito-quito, de manioc ou de yacons pour la couche supérieure.
Désherbage sélectif |
Le recours à la houe ou à la fourche pour tourner le jardin ne doit pas être systématique. La plupart des micro-organismes qui aident les plantes à pousser se trouvent dans les trois à cinq premiers centimètres de terre. En tournant le jardin trop profond, les micro-organismes et les vers se retrouvent à une profondeur qui les détruit ou ne leur permet pas d'être actif dans les premiers jours du semis.
Nora bronze en plantant du sarrasin |
Toujours dans le domaine du jardinage, nous avons appris à propager le yacon, une plante d'environ deux mètres qui produit des tubercules riches en fructose et délicieuses en salade. Eilif les utilise pour produire de la choucroute qui sera mixée avec de la farine pour les poules. Les tubercules, contrairement aux pommes de terre ne contiennent pas d'yeux mais la racine en est couverte. De cette manière, en procédant à une découpe méticuleuse de la racine, il est possible d'obtenir une trentaine de nouveau plants à l'aide d'une seule racine. De plus, chaque plante produit entre cinq et sept kilos de tubercules succulentes pour un plant qui a un an et le double environ pour une année de plus.
Ce plant de deux ans a produit 13,5 kg de tubercules |
Nora replante les yacons |
En plus du jardin, il y a une centaine de poules et coqs dans la ferme. Ici aussi, la croissance se fait de manière naturelle. L'idée est de limiter le stress de la captivité grâce à des techniques de mobilité de la cage ou en rendant l'environnement le plus agréable possible. La mobilité de la cage est ce qui s'appelle la pâture pour les poules. La cage est montée sur des skis ou sur des roues qui permettent de mouvoir la cage tous les jours. Cette technique demande beaucoup d'espace et n'est valable que pour les gens disposant d'un lieu de pâture suffisamment important. Afin de garantir aux poules en cage un lieu sain et aux humains un air libre des odeurs que peut produire un élevage de poules, le sol en ciment doit être remplacé par du sol meuble auquel on peut ajouter du compost ou de l'herbe de temps à autre. L'ajout de compost permet aux poules de creuser le sol à la recherche d'insectes ou de vers et ainsi assumer leurs instincts. L'autre partie de la nourriture est une sorte de purée contenant la choucroute riche en ferments lactiles qui permettent aux poules de développer un système immunitaire qui les protège de la majeure partie de maladies bénignes et ainsi avoir un rendement meilleur au niveau de la ponte.
Les cages à poules |
Un traîneau qui sert de cage à poules pour la pâture |
Cependant, les oeufs ne sont pas l'unique produit qu'Eilif et Carola tirent de l'élevage des poules. La viande de poulet en est une composante. Après avoir parler de notre désir de tenir des poules, Eilif m'a proposer d'en tuer trois pour me faire la main. L'exécution est un moment bizarre même si ça ne m'a pas gêner outre mesure. Tout d'abord, on sélectionne le poulet candidat à la casserole. Ensuite, on l'emmène dans un coin loin de la vue des autres poules. On lève la hache et on l'abat sur le cou du poulet qui ne bouge pas ne sachant pas ce qui l'attend. Il ne se débat qu'une fois la tête séparée du tronc et pendant une minute arrose les bottes et le pantalon de sang. Il faut ensuite le plumer et l'éviscérer rapidement car les plumes se retire mieux tant que le corps est chaud et que la température ambiante permet à de nombreux insectes de voleter autour de la viande fraîche douze mois par an.
Je n'avais pas encore pris le coup mais il est mort sur le coup |
Les temps de pluie sont consacrés aux activités d'intérieur et la cuisine fait partie de celles-ci. Nora a préparé du pain les semaines passées et cette fois-ci ce fut mon tour. Le premier essai ne fut pas forcément bon mais le suivant a permis d'affiner la technique. Nous avons appris à cuisiner ou à préparer des fruits et des légumes que nous ne connaissions pas comme la patate douce, la banane plantain ou le manioc.
Reconversion en boulanger |
Une expérience sympathique fut l'anniversaire de Sara, la plus petite des deux enfants. Nous avons découvert des jeux, des chants, des danses et des traditions qui sont familières aux enfants péruviens mais qui nous étaient complètement inconnues. Cela nous a permis aussi de rencontrer d'autres parents qui se sont installés à Oxapampa pour différentes raisons.
Nous avons profité du week-end pour découvrir une autre partie du parc Yanachaga-Chemillen et y faire une petite randonnée. Nous sommes partis de bonne heure pour faire une ascension partant de 1800 mètres et arrivant à 3000 mètres. Cela ne fut pas facile. Les premiers kilomètres et mètres de dénivelé n'avaient pas de quoi nous effrayer puisque une fois trouvé le chemin qui mène à l'entrée du parc, la seule difficulté est de mettre un pied devant l'autre et nous avons même eu la chance d'être pris en stop par un pic-up. Le garde-parc nous a rejoint pour nous aider à passer le torrent même si cela ne présenter pas de réelles difficultés mais une côte raide a failli venir à bout de nos forces et nous arrêter au premier refuge. Cependant, après une discussion avec le garde-parc et un déjeuner remontant, nous avons pu continuer jusqu'au sommet sans le garde-parc retourner dans la vallée. La pluie nous a vite attrapé et nous avons évoluer dans les nuages sans pouvoir profiter de la vue sur la vallée plus de deux fois. Arrivés au second refuge qui se situe au sommet de la montagne, nous avons allègrement profiter de notre après-midi en ne faisant rien d'autre que discuter et admirer les quelques arbres en face de nous en espérant apercevoir un singe mais rien. La nuit et la redescente se firent sous une pluie battante au milieu des arbres-fougères, des milliers de bambous, des centaines d'orchidées, des champignons, d'autres fougères et représentants de la forêt amazonienne d'altitude. La redescente fut aisée au départ mais la pluie incessante a fait monter le cours d'eau que nous devons traverser cinq fois. La première fois s'est fait à guet avec plus ou moins d'équilibre et de chance. Ensuite, nous avons pu sauter par-dessus le cours d'eau pour atteindre l'autre berge. Les fois suivantes, nous avons du développer des trésors d'ingéniosité pour arriver à placer les troncs coupés en travers du cours d'eau pour pouvoir passer. Finalement le dernier fut le plus difficile car tous les troncs se trouver sur la berge opposée et nous avons du cheminer avec les troncs du passage précédent pour pouvoir traverser en se mouillant les pieds. La fin du parcours est un chemin carrossable mais si la pluie s'était finalement arrêtée les passages à guet demeuraient relativement hauts. Suffisamment en tout cas pour détremper le moteur d'une moto tentant l'ascension avec trois passagers.
On a quand même vu des choses magnifiques |
Une fois rentrés, nous avons pu nous habiller au sec et aller boire une bière. Sur le chemin du bar, nous avons regarder un match de foot dans la boue avec des supporters pas forcément très enthousiastes.
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