C'est un super coucher de soleil |
Nous nous levons et après un petit déjeuner et un passage aux toilettes, nous partons. Le début se fait sur terre pour rejoindre le glacier qui commence aux alentours de 5000 mètres d'altitude. Nous voyons des lumières au loin mais à part la concentration sur le sentier, il n'y a pas grand chose à voir. Une fois arrivé à la bordure du glacier, nous chaussons les crampons et commençons la marche sur le glacier. Il faut tout d'abord en passer la frange avant de rejoindre la partie enneiger et donc plus facile. Les premiers pas me pèsent beaucoup sur la glace et il m'est difficile d'enjamber les petites crevasses qui se présentent sur le passage. Cependant, avec un peu de bonne volonté, j'y arrive. La partie suivante est beaucoup plus simple même si je dois avoir un rythme sacadé à cause du fait que je suis dernier de la cordée et que la vitesse est rapide quand je suis dans les passage difficile alors qu'elle est lente quand je suis sur des passages plus aisés. En règle générale, quand je ne veux pas avancer, les autres n'avancent pas mieux.
Le passage magique arrive juste après et je me console en me disant que rien que cette partie vallait le coup. Nous sommes aux environs de 5300 mètres quand nous entrons dans une crevasse dont vous ne verrait pas beaucoup de photos car il est interdit de s'arrêter à cause du danger et nos appareils sont au chaud sous les deux vestes que nous supportons bien à -8°C. Il faut s'imaginer de la glace qui vient de bouger et des stalagtites immenses sous lesquelles nous devons parfois passer sans lever les yeux au cas où une petite se détache. C'est un peu comme dans une féérie à la lumière de la lune et avec un silence qui n'est que rarement coupé par le vent qui passe dans le casque.
Nous escaladons une partie gelée et nous retrouvons à nouveau sur la neige et au vent qui à cette heure de la journée, il est environ 4h30, est plus que froid. Mes jambes commencent à me peser et j'ai du mal à suivre la cadence qu'imprime le guide et Nora. Je demande un pause que nous faisons mais je n'ai pas le droit de m'assoir. J'aimerais reposer mes jambes un petit peu pour pouvoir continuer mais ce n'est a priori pas possible. Après avoir manger un tout petit peu et bu un peu d'eau, nous continuons. Pas longtemps, je prie pour avoir le droit de m'assoir et ça m'est autorisé, j'espère que les minutes où mes jambes sont étendues sur le sol vont me permettre de repartir mais je n'ai pas l'impression que le sang va raffraichir mes jambes. Pablo me demande si on doit continuer en sachant qu'il y a plus de 5 heures de marche aller-retour en allant au sommet du glacier. Il me propose de faire 10 minutes de plus et de voir. J'accepte en me disant qu'il faut que j'y arrive. Je me relève mais ne sens toujours pas la force dans mes jambes et Pablo voit une autre personne prête à redescendre. Il discute un peu avec l'autre guide et me dit que je peux redescendre avec eux. J'accepte un peu à contre-coeur mais en pensant que par ce moyen, Nora qui est déjà un peu fatiguée pourra continuer plus haut, voire jusqu'au sommet.
Mes nouveaux compagnons sont Jorge, le client et Juanito, le guide. La descente est moins rapide que je ne l'aurai espéré car Jorge veut s'arrêter tous les 50 mètres pour prendre des photos. J'en prend quelques unes aussi mais j'ai laissé le bon appareil à Nora et la lumière est trop faible pour faire de belles images avec celui-ci. Les passages gelés sont plus faciles à descendre malgré le gouffre qui me sourit au passage du premier. Nous enlevons les crampons et je me tourne vers le glacier qui a eu raison de moi. A ce moment, je n'ai pas d'autre excuse que ma faiblesse pour expliquer mon échec et je m'en veux. J'ai mal aux jambes, je ne supporte plus ces chaussures qui doivent faire près de deux kilos chacune et je veux dormir. Je m'arrête et me lamente pendant que mes deux nouveaux compagnons rejoignent le refuge. Juanito plus rapidement que Jorge.
Pour Nora la redescente est dans le brouillard |
Les gens redescendent du sommet, quatre sont déjà partis. Ceux qui avaient fait demi-tour avant nous ou qui avaient déjà atteint le sommet même si vu l'heure, j'opte plutôt pour la première solution. Je m'aperçois que je suis sans doute le moins bien chaussé de tous et Nora me dira plus tard que le poids des chaussures à sans doute influencer en mal mon ascension. Je veux bien le croire. Nora avait des grosses chaussures aussi mais les autres avaient tous des espèces de chaussures de marches sur lesquelles on peut fixer des crampons et beaucoup plus flexibles que les notres. Cependant, celles de Nora étaient plus récentes et quand même plus légères.
Nora revient, je suis soulagé et je veux partir de cet endroit qui est celui de mon échec. Elle prend un peu de repos mais veut retourner aussi à l'hôtel pour vraiment se reposer. Nous faisons les sacs et descendons. Je descends à nouveau façon pierrier et m'aperçois que mes jambes ne sont plus douloureuses. La seule différence réside dans les deux heures de repos et dans l'absence du harnais que j'avais tendance à trouver trop serré. J'imagine que ce dernier n'a pas aidé la circulation du sang non plus et la prochaine fois que je tenterais une ascension comme celle-ci, je ferais beaucoup plus gaffe à ces deux points et je passerais la dernière nuit sous la tente. Il faudra qu'il y ait une prochaine fois car je ne resterais pas sur cet échec.
Nous sommes rentrés sur Quito où nous avons fait une sieste et retrouvé Mathiew et Ben qui est sorti en meilleure forme de l'hôpital. Le sommeil m'a permis d'apaiser ma déception même en me disant que 5500 mètres ce n'est quand même pas mal pour un premier essai. Je reste persuadé qu'avec un meilleur équipement, j'aurais réussi à atteindre le sommet même sans avoir dormi. La compagnie Happy Gringo est donc à éviter pour ce genre d'ascension car leur matériel est vraiment vétuste comparé à ce que fournissent les autres agences.
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