On commence à revoir les contreforts des Andes |
Le bateau n'est
pas arrivé à Sepahua, nous avons fait les quais hier et ce matin
sans le voir. A la réflexion, nous nous sommes dit que s'il avait
vraiment voulu qu'on reste sur le bateau, au lieu de nous annoncer
dans un murmure qu'il n'y a pas de cantine, il nous aurait dit « On
va repartir ». Au final, en ne voyant pas le bateau dans le
port qui devait nous permettre de rejoindre Atalaya, nous n'avons pas
de remords d'avoir pris le premier bateau qui passait. On espère
juste qu'il n'est pas allé s'écraser complètement bourré de nuit
contre un rocher. En ce qui concerne le règlement qu'il n'a du coup
pas reçu car il ne nous a pas mené à bon port, il y a des fois où
il faut savoir choisir l'argent ou la picole.
Un port pour une plateforme |
Nous avons
profité de notre soirée pour aller faire un resto-grillade avec
pour plat principal du poisson de la rivière. Personnellement, je
crois que je n'ai jamais vu un poisson avec autant d'arêtes.
D'autant plus, il semble qu'il faille en profiter car le poisson se
fait de plus en plus rare et cela ne m'étonne pas vraiment. Je ne
connais pas vraiment le procédé d'extraction du gaz mais j'imagine
que ça ne doit pas être exempt d'utilisation de produits chimiques
en tous genres qui ne doivent pas faciliter le développement de la
flore et de la faune.
Le soda arrive aussi par bateau |
Ce que j'ai vu
sur les bords du fleuve Urubamba s'éloigne vraiment du mythe du
« bon sauvage » tel que décrit par les philosophes du
siècle des lumières et auquel je croyais un peu avant de partir
pour cette descente en bateau. J'imaginais des communautés indigènes
travaillant la terre en groupe dans des tenues fabriquées avec des
matériaux de la jungle et essayant de vivre en harmonie avec la
forêt. Ce que j'ai vu est qu'il y a beaucoup de communautés qui
attendent patiemment de pouvoir accéder plus facilement à l'argent
et à la pollution. Cette pollution passe tout d'abord par la mode,
par les différents sodas auxquels sont nourris les enfants (je ne
sais pas si l'eau de la rivière n'est pas meilleure pour la santé),
par un mode de vie basé sur l'exploitation des nappes de gaz ou de
pétrole, par l'installation de toits en tôle à la place des toits
en feuilles de palmes et par une centaine d'autres petites choses qui
font que le fleuve sacré des incas est devenu un fleuve poubelle. Si
on ne peut pas leur en vouloir de désirer une vie plus facile, on
peut se demander si ce mode de vie est pérenne. Ils abandonnent les
ressources qui ont nourris leurs pères pendant des générations
pour les produits qu'ils peuvent acheter grâce aux exploitations de
gaz et jettent tout ce qui reste dans le fleuve. J'ai été surpris
de voir que nous étions les seuls à garder nos déchets à bord
alors que les seules campagne de publicité concernent la propreté
de l'eau.
Le voyage en
bateau commence à devenir lancinant. Les montagnes ont laissés
place à la plaine et de part et d'autre du fleuve nous voyons la
forêt coupé quelques fois des villages et des exploitations de
bananes. Le gaz a été trouvé plus haut sur la rivière et c'est
donc le district d'Echarate dans la région de Cuzco qui profite de
la manne financière. Nous avions tous les deux entendu que le voyage
ce faisait en trois heures mais malgré la vitesse et le peu
d'arrêts, il faudra bien cinq heures pour rejoindre Atalaya. Nous
arrivons sous le soleil de la mi-journée et j'essaye de trouver des
informations pour dormir dans une communauté indigène plutôt qu'en
ville. Peine perdue, l'estomac dans les talons et une envie
irrépressible de toilettes nous poussent vers un récréo où la
musique est trop forte mais où on a bien mangé. Je profite de
l'addition pour glaner des informations sur un séjour dans un
village indigène ayant gardé ses traditions mais le gérant n'est
pas sûr.
Il fait chaud à Atalaya, les gens se tiennent à l'ombre |
Deuxième étape,
chercher un moyen de locomotion pour se rendre au gorges de Sapani et
dans la communauté qui vit au-dessus. Des entreprises de transport
nous harcèlent depuis le port pour partir à Satipo et je demande
combien elles veulent pour aller à Sapani. Si j'ai été désenchanté
par mon idée du « bon sauvage », ils ont du l'être par
celle du « touriste-pigeon ». Vingt-quatre kilomètres
pour la modique somme de cinquante euros par personne. Un grand rire
à sa gueule et le prix descend à dix euros pour deux. Nora souffre
de la chaleur et de l'humidité, nous décidons donc de repousser
notre choix de rejoindre Sapani ou Satipo à demain.
L'hôtel est
propre et confortable, j'ai le choix entre trois chambres. Je fais le
tour. Je fais gaffe à tous les détails. Je choisis celle qui est la
plus grande avec une fenêtre donnant sur la rue plutôt que sur le
couloir mais ne fais pas attention à la bouche d'aération du
restaurant d'en-dessous qui donne à un mètre sous la fenêtre.
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