La photo n'est pas droite mais ça bouge |
Le retour à
Satipo fut long et un peu pénible mais nous y sommes arrivés. Nous
avons quitté Atalaya où la moindre activité se rapprochant un peu
du tourisme demande une journée de marche dans la chaleur et
l'humidité ou s'élève à un prix défiant toute concurrence dans
l'absurde.
Il n'y a que
deux moyens de rejoindre Satipo depuis Atalaya. La première solution
prend deux jours et passe par la rivière que nous avions
suffisamment vu pour le moment. La seconde solution passe par une
route sur laquelle ne circulent apparemment que les 4x4. Nous montons
donc dans un Hilux comme il y en a des milliers en Amérique du Sud.
Mais avant cela, nous avons pu à nouveau apprécier le concept
d'ahorita. Ce concept est commun à la Bolivie et au Pérou ;
peut-être à l'Equateur et à la Colombie mais nous ne pouvons pas
encore nous prononcer. Ahorita veut dire dans un tout petit instant.
Ahora veut dire maintenant mais ahorita est la forme diminutive donc
ce n'est pas un vrai maintenant mais presque. Le tout petit instant
peut durer jusqu'à une heure ou deux suivant les personnes et elles
s'imaginent souvent que le plus grand plaisir de la personne à qui
elle mente, locaux et touristes confondus est d'attendre pendant une
durée indéterminée. Ce matin, l'ahorita a duré un peu plus d'une
heure. La compagnie est Aguilla de Atalaya, si vous voulez éviter,
on ne vous en voudra pas.
J'ai pas osé prendre la milice en photo alors voici un torrent |
Le chauffeur du
4x4 s'appelle Gustavo et est assez sympathique.
Dès les
premiers kilomètres, nous comprenons pourquoi il n'y a que des 4x4
qui font le trajet et nous comprenons aussi que la région, réputée
pour être celle des narco-traficants, l'est vraiment. Mon sang n'a
fait qu'un tour quand deux jeunes armés de semi-automatiques ont
arrêté la voiture pour poser une question à laquelle je n'ai rien
compris mais à laquelle Gustavo a plutôt bien répondu puisque nous
sommes repartis aussi vite. Nous reverrons un jeune avec un fusil par
la suite mais celui-ci semble plus dédié à la chasse. Vous me
direz qu'on peut chasser au semi-automatique mais bon, le gibier
recherché n'est souvent pas le même.
Au niveau
paysage, ils sont aussi impressionnants que les jeunes gens armés.
Des vallées de jungle vierge mais qui avec la construction de la
route commence à brûler pour laisser place à des plantations de
café, de banane, d'ananas, de papaye, de grenades ou de cacao.
Attention, quand je dis grenade, je parle du fruit. Nous n'avons pas
vu beaucoup de plantations de coca mais puisque la route est
également empruntée par l'armée, j'imagine que l'idée n'est pas
d'exposer à la vue de tous les laboratoires et les champs. Ca et là,
il y a des communautés natives qui vivent de l'agriculture, de la
cueillette et sans doute de la chasse si j'en crois l'apparence du
dernier jeune homme armé.
La barge qui nous mènera au restaurant |
Au bout de cinq
heures de route qui monte, descend et tourne, on en a un peu marre et
on a un peu faim. Ca tombe bien, il y a un passage en barge à Puerto
Ocopa avec une foule de restaurants de l'autre côté de la rivière.
J'ai mangé le meilleur riz-poulet de toute mon histoire péruvienne.
Nora était contente de son boeuf mais moins de son riz.
Les derniers
kilomètres sont cultivés de haut en bas des montagnes et les
différents incendies en cours ou passés dont nous sommes témoins
prouvent à quelle vitesse se passe la déforestation dans cette
partie de la jungle. Comme à Oxapampa, une forêt brûlée peut être
réclamée alors la déforestation se fait sans même que le bois
soit utilisé pour la construction ou le chauffage. La plantation
principale est le café mais on retrouve les mêmes que dans toute
cette partie des Andes et dont j'ai fait l'énumération plus haut.
Finalement, la route devient de l'asphalte. Les travaux que nous
avons vu tout au long de la route prouvent l'importance que revêt la
liaison de cette partie de la jungle au reste du Pérou. Le gazoduc
est en place mais la région, berceau des mouvements du Sentier
Lumineux et de Tupac Amaru est encore trop instable pour des
installations plus pérennes. C'est pourquoi le gouvernement a entamé
une guerre contre les dernières poches de guerrilla communiste qui
anime de temps en temps les contreforts des Andes entre Cuzco et
Satipo.
Une fois arrivés
dans la ville situé entre la forêt et la montagne, nous cherchons à
nous loger dans une communauté. Une officine de tourisme nous
conseille celle du Rio Bertha à côté de laquelle nous ne
manquerons pas de trouver un petit cours d'eau où nous baigner. Nous
rejoignons ce lieu en moto-taxi et comprenons vite que c'est celle dans laquelle nous avons séjourné il y a un an et demi. Nous
retrouvons avec joie Alejandro qui nous paye un café. Il est venu de
Lima pour produire du café dans cette communauté, autant vous dire
que ce n'est pas du café commun. Nous retrouvons également le
bungalow dans lequel nous avions séjourné. Maintenant, il commence
à se faire l'heure de dormir, donc je vais arrêter ma prose pour ce
soir.
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