La nuit ne fut
pas si horrible mais le pilote du bateau a eu raison de la patience
dont nous faisions preuve depuis hier matin. Les ingénieurs ont été
à l'heure ce matin. C'est à dire que le rendez-vous était fixé à
6h00, du coup, nous nous sommes préparé pour 8h00 et ils sont
arrivés un peu avant 9h00. Nous avons donc pris le temps de déguster
un petit déjeuner avec du plantain fri, du manioc et des oeufs. A
côté de nous était assis l'alcoolique de la communauté qui n'a
pas hésité à se balancer deux litres de bière entre 7h00 et 8h00
du matin pendant que le reste de la communauté oeuvrait à la
construction du système d'assainissement et d'évacuation des eaux
pluviales. J'ai beaucoup aimé ce système d'impôt qui ressemble un
peu à celui qui était en vigueur sous les incas. Au lieu de
contribuer en argent au maintien d'un service public. Les gens
fournissent sur leur samedi le travail qui est nécessaire aux
travaux décidés par la communauté. Bien sûr, cela est fait à
très petite échelle mais ce devrait être un but vers lequel se
diriger plutôt que de laisser de plus en plus de chantiers aux
entreprises privées en faisant monter l'impôt chaque année. Après
ces réflexions et avoir apprécier le déplacement d'un bidon à
grands coups de pieds le long d'une des deux seules rues du village,
nous nous sommes dirigés vers le port.
Le pilote
pensant que sa barge ne penchait pas suffisamment sur la droite a
décidé de la charger un peu plus de ce côté-là. Je reste donc
coller à mon bâbord pour tenter de donner un semblant d'équilibre
à l'embarcation qui doit être à près de 80 centimètres de l'eau
d'un côté du bateau et à près de dix de l'autre. Nous découvrons
après avoir failli une prise d'eau que le pilote pouvait se
positionner de l'autre côté pour conduire et que cela rétablissait
plutôt bien l'équilibre de l'ensemble de l'embarcation.
Voila à quoi ressemble Nueva Luz |
Après une
heure et demie de navigation, nous nous arrêtons pour laisser trois
des quatre ingénieurs restant et une grosse partie du chargement.
Nous attendons patiemment que le déchargement se fasse, que le
rechargement de ce qui n'était pas pour Nueva Luz soit terminé
avant de se demander vraiment ce que nous attendions pour repartir.
Pas d'ingénieur en vue, pas de pilote non plus. Déjà une heure et
demie que nous attendons sous la tonnelle du bateau où il fait près
de trente degrés quand nous nous décidons à partir manger puisque
l'après-midi risque d'être encore long. Nous cherchons une cantine
quand nous tombons sur le pilote déjà un peu éméché en train de
siffler des bières avec les ouvriers du déchargement. Ils nous
disent qu'il n'y a pas de cantine. Il nous faut donc attendre que
l'ingénieur qui a du aller se faire une pute et que le pilote bourré
reviennent au bateau. C'est à ce moment, à bout de patience que
nous décidons de faire du bateau-stop. Il n'y en a pas beaucoup mais
le premier s'arrête. Il nous demande de monter et un moment de doute
s'installe. Pouvons-nous quitter l'embarcation sans payer ?
L'exaspération envers le pilote qui est en train de picoler en nous
laissant sans rien dire sur le pont et sous le soleil de midi est
tellement forte à ce moment-là que nous sautons dans le bateau sans
rien laisser derrière. Il est vrai que les fois où nous avons été
laissé sur le pont plus ou moins longtemps pendant que les
ingénieurs profitaient des villages n'a pas penché en la faveur du
pilote.
Nora attend patiemment |
Le nouveau
bateau est plus rapide et nous conduira sans doute vers notre port
intermédiaire en moins de temps et surtout, nous ne finirons pas la
navigation de nuit avec un pilote bourré à cause de la picole du
midi. Les deux petits jeunes qui pilotent le bateau exagère dans la
demande d'argent mais une négociation du style : « je pense
que dix euros pour deux c'est largement bien. » Ils n'osent pas
dire le contraire.
Alors que nous
nous attendions à une petite communauté indigène comme celle dans
laquelle nous avions dormi hier, nous arrivons dans une petite ville
de la jungle. Le premier hôtel nous semble suffisamment propre et
bien tenu pour attirer notre choix. Nous avons bien fait. Le prix et
le confort sont deux atouts de l'hôtel « Magy » auxquels
s'ajoutent la gentillesse et la serviabilité de l'hôtesse. Il y a
même un ventilateur dans la chambre mais manque de chance, une
coupure d'électricité sévit dans la ville depuis maintenant deux
heures. Nous espérons qu'elle reviendra avant la nuit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire