Après deux
jours de voyage, nous voici vraiment dans la jungle. L'altitude doit
être autour de 350 mètre et l'air que nous respirons s'approche
assez de celui qu'on peut respirer dans un hammam. Enfin, on a eu ce
qu'on voulait mais à moins de deux semaines des températures de la
Isla del Sol, ça fait comme un choc.
Le Pongo de Manaique |
Le trajet
jusqu'ici valait le coup à lui tout seul. Nous avons commencé en
voiture avec un col à 4350 mètres d'altitude puis continué dans un
taxi qui nous a conduit à tombeau grand ouvert vers Quillabamba où
nous avons passé un après-midi d'Internet avant de prendre le bus
le moins à l'heure du Pérou. Il faut dire que le chauffeur n'est
pas le seul à mettre toute sa bonne volonté pour faire arriver le
bus en retard. Nous sommes partis une bonne demi-heure en retard
alors que la vendeuse nous avait répéter deux fois qu'il fallait
être un bon quart d'heure en avance sur le départ du bus. Ce n'est
pas forcément la demi-heure de retard qui nous a embêté mais
plutôt le vendeur de fruit qui scandait qu'il vendait des pêches
douces, des pommes et des raisins frais. Nous partons donc pour nous
arrêter à la station-service un peu moins de cinq minutes après.
Tant mieux, je n'ai pas envie de tomber en panne d'essence en pleine
nuit sur une piste. Des gens descendent et reviennent un peu plus de
dix minutes après pendant lesquelles le bus a gentiment attendu.
Après un périple de nuit sur un chemin à la limite du carrossable
et sur lequel était tombé un arbre à cause d'un incendie, nous
arrivons dans un village où il faut faire un tintamarre pas possible
pour réveiller le tenant de l'hôtel et sans doute la moitié du
village. La nuit fut courte mais réparatrice ajouté aux heures de
somnolence dans le bus en furie.
Petit déjeuner
au riz, sauté de boeuf et nous partons pour les quais desquels nous
espérons prendre une barque pour descendre la rivière et surtout
passer le canyon que l'on nomme dans le coin « Pongo de
Manayque ». Les hommes ont le dont dans tous les pays de parler
nettement moins clairement que les femmes et les habitants d'Ivochote
semble exceller dans leur façon de manger la moitié des mots. Nous
avons mis une heure à comprendre quel bateau pouvait nous descendre
le long de la rivière. Nous partons donc avec huit autres personnes
qui sont pour la plupart des ingénieurs qui viennent des grandes
villes. Nous verrons plus tard que ce détail a son importance. Le
départ se fait dans les mêmes conditions que celles pour le bus la
veille et nous nous arrêtons également très vite pour une très
longue pause déjeuner. José nous invite à manger avec lui mais
après le boeuf riz du petit déjeuner, je n'ai pas vraiment faim. Il
commande quand même et je suis obligé de demander un doggy-bag dont
je ne mangerait que le poisson par la suite. 2€, ça fait plus cher
qu'à Cuzco pour une soupe en plus du plat principal.
L'approvisionnement n'est pas facile non plus. Nous entrons dans le
vif du sujet après que messieurs les ingénieurs aient décider de
bouger leur culs de leurs chaises puisqu'étant des gens éduqués,
ils n'ont de compte à rendre à personne et surtout pas au timide
pilote qui s'impatiente en sachant ce qui l'attend.
Nous arrivons
dans ce fameux canyon après quelques rapides de mise en jambe et là,
le paysage est magnifique. La rivière coupe la montagne en laissant
de part et d'autres des rochers, des sources et des torrents. Le tout
est recouvert de végétation luxuriante qui donne un charme
inimaginable au lieu. La navigation est difficile et les vagues
passent souvent par dessus la rambarde. Nous n'avons pas de gilets de
sauvetage mais dans pareil endroit, ils ne nous serviraient pas plus
que dans un avion se crashant. Tout se passe bien mais le pilote
semble avoir l'expérience nécessaire à un tel résultat.
Une fois le
canyon passé, nous arrivons dans un paysage beaucoup plus ouvert et
où on découvre les différents étages de la jungle. Ca et là, il
y a des communautés indigènes qui vivent de la culture et de la
pêche mais au fil de la rivière et des paysages, les communautés
laisse place aux exploitations de gaz autour desquelles tournent les
hélicoptères et même où se posent les avions. Durant tout le
trajet, je suis obligé de m'appuyer sur la rambarde au soleil car un
des ingénieur a décidé de se tenir le plus loin possible de
l'autre côté et ne bougera pas d'un cran quand on lui dit que c'est
dangereux et qu'il pourrait se décaler au moins au milieu où il
aurait quand même de l'ombre. Pour être ingénieur au Pérou, il
semble qu'il faut être con et têtu. Parce que soyons honnête, la
plupart des gens dotés de plus de 60 de QI aurait compris que le
bateau, entrainé par le poids conséquent de cet abruti, va pencher
à droite tout le trajet. Lui, non...
Nous voyons beaucoup d'oiseaux
mais c'est l'ensemble de la faune que nous apercevons. Nouvelle
pause, on laisse José c'est là qu'on aurait du descendre. La nuit
commence à tomber et un autre ingénieur ne se dit pas qu'il
faudrait se presser qu'on va finir la navigation de nuit avec tous
les dangers que ça comprend. Nous l'attendons dix minutes de plus.
Nous finissons la navigation de nuit et j'ai plusieurs fois envie de
demander au pilote de s'arrêter pour qu'on puisse camper le long du
fleuve et ne pas risquer nos vies sur un fleuve où on ne voit rien.
Je maudis un peu plus les ingénieurs avec qui nous faisons le voyage
et nous finissons le voyage à la lampe-torche dans une atmosphère
plus stressante encore que les rapides du canyon dans lesquels nous
voyions quelque chose.
La pension est
la première cabane à gauche en entrant, vu l'heure, il reste une
chambre avec un lit une place pour deux et même si j'aime beaucoup
Nora, la chaleur aidant, j'aurais préféré avoir un lit double ou
deux lits. Je me résous à dormir serré et suant contre ma chère
et tendre épouse.
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