Pour ceux que le suspens insupportable de
savoir si nous avions bu un pisco sour ou pas avaient empêché de dormir, la réponse est que
nous nous sommes laissé tentés par ce cocktail qu'on ne trouve
qu'au Pérou. On en trouve aussi au Chili mais les péruviens
n'acceptant pas que ça puisse exister hors de leur territoire ont
tout simplement oublié que ça se faisait chez leurs voisins et ne
manquent pas de noter sur leurs formulaires de douane :
« avez-vous un liquide qui pourrait être appelé pisco par des
barbares ne connaissant rien au Pisco ? ». La traduction est un
peu approximative mais l'idée est celle-ci. Nous avons donc bu notre
Pisco sans bien nous soucier des conflits frontaliers que le Pérou a
eu avec le Chili mais en profitant de l'animation sur la Plaza des
Armas. Le samedi soir semble être le moment de rendez-vous pour les
Arequipeniens en quête de sociabilisation. Les gens se réunissent,
discutent, prennent des photos avec la fontaine quand ils se marient
mais avant 20h car après, la pompe est coupée et l'eau ne coule
donc plus, ce qui a pour effet de rendre la fontaine beaucoup moins
intéressante mais d'économiser de l'énergie.
Il n'y avait pas que des étudiants et des militaires |
Nous nous sommes réveillés ce matin
au son de la musique un peu plus que forte de la chapelle des
aventistes de 7ème jour de la nouvelle église catholique et
protestante qui se trouve juste en-dessous de l'hôtel. Les sectes de
tous bords ont en effet de plus en plus de lieux de cultes à travers
le Pérou si j'en crois ce que nous avons vu dans plusieurs lieux
lors de notre dernière visite et notamment à Oxapampa. Il en est de
même à Arequipa où nous avons vu au moins trois « églises »
différentes si nous ne prenons pas en compte l'église catholique
qui reste dominante. Une fois le déjeuner englouti et pour éviter
d'avoir les tympans percés par la douce musique de style schlagger
jouée au synthétiseur par Steevie Onefinger, nous avons pris la
direction de la Plaza de Armas pour rendre nos bouteilles de bière
en échange d'argent. Le Pérou, à l'image de beaucoup de pays
d'Amérique du Sud consigne les bouteilles de bière à un prix
suffisamment convaincant pour pousser même les touristes à ramener
leurs cadavres. En route, nous entendons une nouvelle douce musique
mais qui cette fois s'apparente plus à celle qu'on écoute au
garde-à-vous et qui vient de la Plaza de Armas. La curiosité mais
aussi la nécessité, rappelez-vous qu'on cherche à récupérer
notre argent qui nous sera par ailleurs très utile pour la suite de
l'histoire, nous poussent vers la musique militaire. Ce sont des
anciens élèves d'un collège qui défilent suivis par le personnel
médical ou dépendant du ministère de la santé et chacun de lever
la jambe plus haut que l'autre afin de montrer la ferveur avec
laquelle ils défilent sous le drapeau péruvien et devant le maire
et d'autres notables. Abreuvé de défilé et de chants militaires,
nous nous dirigeons vers le cloître des compagnons que nous avons
visité seuls et au calme sous l'oeil bienveillant du Chachani.
Nous sur le cloître et sous le Chac |
Ensuite vient la partie la plus utile
de la matinée. Nous avons échanger nos bouteilles contre 2,40
nuevos soles et nous dirigeons vers le centre commercial pour faire
les emplettes nécessaires à nos quatre ou cinq jours en autonomie. En descendant, nous rencontrons un groupe de militaires armés jusqu'aux dents qui nous rappelle que le Pérou s'est battu contre le sentier lumineux mais aussi contre l'Equteur, il n'y a pas si longtemps. Cela a laissé une région de l'altiplano exsangue à la suite du premier conflit et une frontière criblée de mines anti-personnel qu'il est conseillé de ne pas traverser à pied. Au magasin, tout se passe bien, nous achetons des trucs que nous connaissons pour
être sûrs de ne pas galérer pendant la préparation mais ma
curiosité est excité par des pommes de terres séchés qui de loin
feraient penser à de l'ambre. J'en prend 560 grammes sous l'oeil
amusé de la péruvienne à qui j'ai demandé comment ça se
préparait. La partie que je n'aime pas est le passage en caisse. Je
me débrouille toujours pour prendre la plus lente quand il y a des
files d'attente mais cette fois-ci ça devrait aller, je suis tout
seul. Carolina est plutôt agréable et rapide. Je présente ma carte
pour payer sachant qu'elle n'a fonctionner qu'une fois depuis que
nous sommes arrivés ici et qu'elle a été capricieuse à quatre
reprises. Bibibibinnnnnnngo. La carte ne marche pas.
L'informaticien/caissier en chef débarque et annonce que le système
visa vient de tomber sur l'ensemble du magasin. Avec un peu de
chance, c'est ma carte qui a tout cassé. Nous cherchons dans nos
porte-feuilles pour ne pas avoir à récupérer de l'argent dans le
centre pour pouvoir payer nos courses. 50+20=70 soles. Il manque 1,85
sol pour pouvoir régler sans avoir à choisir de quoi nous nous
passerons. C'est là que ceux qui ont suivi l'histoire diront :
« et le 2,40 que tu as récupéré à la consigne ? ».
Heureusement, j'y pense moi aussi et nous pouvons partir avec nos
deux sacs pleins.
Je me plaignais ce matin auprès de
Nora qui ne pouvait pas y faire grand chose du manque d'oiseaux dans
cette ville. Et comme pour me faire mentir, la Plaza de Armas était
survolée par une dizaine de rapaces sur les coups de midi et en
écrivant, ne vois-je pas une chouette installée sur un mur à moins
de quatre mètres de moi. Aréquipa est donc plein de rapaces mais
bon, c'est un peu comme toutes les villes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire