Les bagages sont arrivés avec nous et
les chauffeurs de taxi n'ont pas changés. Le premier qui nous
accoste nous demande soixante soles chacun. Cela fait
approximativement quarante euros pour les deux. Quand je lui dis que
nous étions déjà venus à Lima et que j'étais prêt à payer
trente-cinq pour les deux, il se lamenta en nous disant qu'il était
officiel et qu'il ne pouvait pas appliquer de tels tarifs et que plus
personne ne le faisait. Nous nous dirigeons vers la porte de sortie
pour lui prouver qu'il a tort et que nous allons trouver un chauffeur
plus à même de comprendre notre souci européen de ne pas se faire
entuber dès l'aéroport. Il nous poursuivit en nous disant qu'il
était prêt à nous le faire à quarante soles au total. Le prix est
divisé par trois. Allons-nous trouver mieux ? A priori, pas ce
soir-là. Le voyage et la fatigue ont eu raison de notre capacité de
négociation.
Nous avons pris une auberge juste
au-dessus de celle dans laquelle nous avions passé notre dernière
nuit en Amérique du Sud. Un peu par hasard en fait puisque nous
voulions changer de lieu mais celle que nous avions élu était en
reconstruction et nous avons donc guidé le taxi vers un endroit que
nous connaissions et où se trouve quatre auberges de jeunesse.
Ce matin, nous avons pris notre thé
dans le thermos et sommes partis déjeuner face à l'océan. Le temps
était surprenant pour nous, il bruinait. Nous avions toujours connu
Lima sous le soleil et la chaleur et là, il faisait gris. En prenant
notre petit déjeuner, nous nous amusions du fait que d'être dans ce
parc à ce moment-là revenait à faire le trait d'union entre le
dernier jour passé ici et le voyage qui nous attend. Les vagues et
le chants des pigeons dépressifs avec quelques bruits de klaxons en
haut et en bas des falaises composaient la trame sonore de ce
déjeuner presque champêtre. Attention, le pigeon dépressif n'est
pas un vraie espèce de pigeons mais nous avions remarqué un
roucoulement bizarre chez les pigeons au nord de Santiago et ils
chantent pareil à Lima. Ce roucoulement est beaucoup plus grave et
plus lent que celui des pigeons d'Europe et a en fait une ton qui
s'approche beaucoup de la lamentation.
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