Nous avons quitté le désert d'Atacama du côté chilien pour l'altiplano bolivien. Avant de partir, nous avons profité de deux petits bains d'eau salée. La première lagune était tellement salée que nous n'avions pas besoin de nager pour maintenir la tête hors de l'eau. La seconde nous a permis de laver un peu le sel que nous avions accumulé lors de notre premier bain. Nous avons ensuite profité du soleil couchant sur la plaine de sel d'Atacama en buvant un petit pisco sour.
Les frontières terrestres du Chili avec ses voisins sont délimitées principalement par les Andes sauf pour le Pérou au niveau du pacifique et l'Argentine au niveau de la terre de feu. Celle avec la Bolivie est particulièrement haute et est l'objet de ressentiment du côté bolivien et d'une fierté parfois déplacée du côté chilien. Le Chili ayant gagné la guerre du Pacifique contre la Bolivie et le Pérou en cédant la Patagonie à l'Argentine pour qu'elle n'entre pas en guerre, l'accès de la Bolivie à la mer est passé sous contrôle chilien. Cette partie du territoire est particulièrement riche en cuivre et est un lieu privilégié par les européens et les japonais pour l'installation de télescopes géants. La frontière, définie en 1904, est la ligne de partage des eaux et elles se partagent à 4800 mètres d'altitude. La montée vers le col se fait assez rapidement même avec un minibus et si le mal des montagnes nous a épargné, les premiers efforts se font tout le temps avec le souffle court, les poumons cherchant désespérément de l'oxygène pour alimenter les muscles. Si les frontières chiliennes sont un vrai casse-tête administratif, la frontière bolivienne se passe sans souci. Une américaine de notre groupe résidant au Chili ne nous a pas suivi en Bolivie à cause des formalités chiliennes. Dès les premiers kilomètres, la magie de cette partie volcanique de l'altiplano andin nous tient sous le charme. Les différentes oxydations des minéraux issus du volcanisme donnent aux lagunes et aux montagnes des couleurs inimaginables. A l'image de
la région de Cafayate et de celle de
Mendoza, ces couleurs sont au nombre de sept. Nous avons commencé par une lagune blanche pour poursuivre avec une verte. Nous avons pu profité d'un bain chaud en pleine nature à 4500 mètre d'altitude grâce à une source sortant à la température de 30ºC. Tous ces endroits sont séparés les uns des autres par des étendues désertiques de sable ou de roche. Nous avons ensuite pu observer de près des geysers et des fumerolles suivant les mêmes coloris. C'est impressionnant de voir la boue bouillonnante et les colonnes de fumée sortant du sol. Les rares endroits de pâtures sont peuplées de lamas et de vicuñas. Nous sommes arrivé dans un refuge situé au milieu du désert sur les flans d'une montagne donnant sur une lagune qui devient rouge le soir quand le vent se lève. Nora n'a pas pu observer ce spectacle à cause d'une insolation qui fut heureusement vite oubliée.
La deuxième journée a pour but de nous amener sur les bords de la plaine de sel d'Uyuni en suivant des lagunes peuplée de flamands roses. L'activité volcanique dégage beaucoup de souffre et le pourrissement des algues laissées à l'air libre par l'évaporation donne à certaines lagunes une odeur plus que désagréable. Nous nous sommes également arrêtés près d'une formation rocheuse aux aspects surprenants, la plus connues étant l'arbre de pierre mais je vous laisse découvrir celle que j'ai trouvé et qui a beaucoup fait rire Fabiano notre guide Aymara. Le reste du voyage nous a permis d'observer l'altiplano et ses volcans et d'atteindre un hôtel construit en sel. Les murs sont des blocs de sel découpés dans la plaine de sel et sont joints par du sel humidifié. Le sol est couvert de sel, ce qui n'est pas forcément pratique avant l'accès au lit. Nous avons bien mangé et même goûté un peu de vin bolivien qui eut vite fait de nous monter à la tête à cette altitude et après la journée harassante.
Ce matin, nous nous sommes levés à 4h30 pour pouvoir observer le lever de soleil sur la plaine de sel d'Uyuni. Le spectacle vaut la courte nuit. Pour s'imaginer la chose, il faut avoir vu une plaine de sel ou une mer sous une couche de glace. Ici, oubliez le golfe de Riga pris sous la glace puisque l'étendu plane de sel fait 160 kilomètres de large pour 200 de long. Les prises de vue sur cette étendue sans frontières se basent principalement sur la perspective. Une séance est même prévue au beau milieu de nulle part pour laisser libre court à l'imagination. Au milieu de ce qui s'appelle en espagnol salar d'Uyuni, se trouve un île couverte de cactus pour certains milénaires et atteignant des hauteurs allant jusqu'à 15 mètres. Le sommet de cette montagne était un lieu de sacrifice à Pachamama, la terre-mère, d'un lama pour avoir de bonnes récoltes. Le changement climatique étant perceptible ici aussi, les saisons sont de plus en plus sèches et l'agriculture devient difficile avec des saisons pluvieuses de moins en moins généreuses à des hivers encore plus secs. Les enfants ont même pris l'habitude de ne plus colorer le sommet des montagnes en blanc. Le second impact à court terme et la disparition des lagunes et de l'humidité qu'elles libèrent. Il en résultera l'extinction d'espèces de flamands roses propres à la région. Pour en revenir à l'île aux cactus, celle-ci est d'origine volcanique mais la roche basaltique est recouverte de corail fossilisé qui lui donne une couleur blanchâtre. Cette île était sans doute enfouie sous des mètres d'eau qui en disparaissant ont laissé du sel. La légende indigène est beaucoup plus belle mais au moins aussi triste que l'assèchement d'une mer. Deux volcans représentant les parents ont abandonné leur fils, l'île, qui a force de pleurer son esseulement a créer le salar puisque les larmes sont salées. Pour les géographes, la mer qui a existé à cette altitude et dont le lac Titicaca est un vestige est tout simplement due à l'élévation d'une partie de l'océan pacifique, les températures et la secheresse de la région ont crée la plaine de sel. Nous avons fini l'excursion par la visite du cimetière de trains d'Uyuni qui est malheureusement aussi celui de tous les détritus de la ville poussés par le vent venant du salar. La Bolivie ayant été mal gouvernée pendant des décennies, elle est un des état les plus pauvres du monde malgré ses richesses minérales, par conséquent, l'écologie n'est pas le souci premier des boliviens. Nous devrions nous diriger vers Potosi et Sucre dans les jours qui suivent et passer le premier de l'an aux alentours de La Paz en compagnie de Roberto que nous avons rencontré à Ushuaïa.
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Il fait bon prendre un bain pour destresser |
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Mais ici, ça serait un peu trop chaud |
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Une algue donne une couleur rouge à cette lagune |
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Laissons libre court à l'imagination |
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Les flamands vivent dans une odeur de souffre prennante |
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La vue d'une montagne avec mes lunettes |
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Nous avons passé une nuit salée |
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Le soleil levant sur le salar |
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Ce n'est pas le plus grand |
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Je savais que Nora n'hésiterait pas á m'écraser |
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Mais je garde la main dessus |
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A ce moment, je cherche un arbre derrière lequel me cacher |
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